Agir ensemble pour une sécurité globale

Rencontre avec Stéphane Volant, Président du CDSE, Club des directeurs de sécurité & de sûreté des entreprises, Vice-président élu du CNAPS, Conseil national des activités privées de sécurité.

Vers une sécurité globale

Nous sommes aujourd’hui liés par des menaces communes, des enjeux partagés, auxquels nous devons opposer des réponses globales et concertées.

Christophe Castaner, Ministre de l’Intérieur l’a rappelé lors de son allocation au dernier colloque du CDSE en décembre dernier : « Il n’est plus sérieusement envisageable d’imaginer que nous soyons dans un monde parallèle, dans des mondes distincts qui n’auraient pas vocation à se croiser. Il ne peut plus y avoir le régalien d’un côté et la sécurité privée de l’autre : l’État et les entreprises font face aux mêmes menaces et aux mêmes enjeux. »

C’est donc dans un nouvel écosystème de sécurité que nous évoluons et au coeur duquel la sécurité privée a toute sa place.

En effet, l’Etat ne peut plus exercer seul, cette mission de sécurité. Il en reste le chef d’orchestre mais sa première mission est aujourd’hui de solidifier une chaîne globale de sécurité nationale. C’est ce qui transparait par ailleurs dans le rapport parlementaire Fauvergue / Thourot qui invoque, au-delà du continuum de sécurité, une complémentarité essentielle, une coproduction majeure, au service d’une sécurité globale.

Et pour y parvenir, les différents acteurs ont un rôle à jouer, chacun à son niveau de responsabilité : Etat, police municipale, entreprises, sociétés de sécurité privée et citoyens.

Cette chaine doit donc être pensée dans sa globalité pour couvrir les enjeux de sécurité de bout en bout.

La sécurité privée : un investissement plus qu’un coût

La sécurité privée est opérée par des acteurs privés commandés majoritairement par des acteurs économiques. Nous sommes donc sur un marché avec un catalogue de de prestations au cœur desquelles se trouvent des formations spécifiques et une réglementation exigeante, , qui donnent lieu à un prix.

Mais ce prix doit aujourd’hui être perçu comme un investissement et non pas comme un coût. Une évolution des mentalités de la part des directeurs achats et financiers est donc nécessaire si nous voulons réellement voir les choses évoluer.

Celles-ci commencent à migrer en ce sens, poussées par les demandes des clients, mais aussi des salariés qui aspirent à plus de sécurité. Nous le savons au CDSE : la sécurité doit impérativement devenir une partie intégrante de la stratégie de l’entreprise et être désormais appréciée comme un avantage concurrentiel, un marqueur du produit ou du service

Le recrutement et la formation

Premier enjeu de la sécurité privée, le recrutement et la formation se posent comme véritable clé de voute du développement tant attendu de cette filière.

Le recrutement doit s’appuyer sur plusieurs critères essentiels à la valorisation de la profession : maîtrise de la langue française, honorabilité avérée, éthique et déontologie, port d’une tenue qui impose le respect, une formation initiale et continue adaptée, un encadrement des équipes organisé et un soutien logistique adapté.

La formation doit également, et cela est impératif, s’appuyer sur un contenu de qualité et à haute valeur ajoutée, basé sur un contenu et un programme pédagogique reconnus et validés par une autorité compétente. Les conditions de passage des examens doivent également se structurer et se faire plus strictes. Le CNAPS pourrait peut être, à l’avenir, y veiller plus activement…

Des actions rapides à mettre en oeuvre

Alors que le rapport Fauvergue/ Thourot a mis en exergue les enjeux d’une sécurité globale où la sécurité privée a incontestablement un rôle majeur à jouer, il est nécessaire à présent de mettre en oeuvre les recommandations et préconisations du rapport et de la profession. Je pense notamment en priorité à renforcer la formation et le contrôle mais aussi à l’instauration rapide d’un fonds de garantie ; des garanties financières indispensables pour assainir la profession ; à l’interdiction du recours aux sous-traitants en cascade et enfin à l’instauration du port d’un uniforme permettant d’identifier immédiatement les agents de sécurité privée et de concourir à la valorisation essentielle de la profession suscitant par ailleurs un sentiment d’appartenance auprès des agents de cette filière.

Le secteur est en pleine effervescence. Il nous reste trois ans d’ici la Coupe du monde de rugby ou les Jeux Olympiques pour avoir un secteur de la sécurité privée au niveau des attentes formulées par les Français et relayées par l’Etat, les donneurs d’ordre et dictés par les enjeux auxquels nous devrons répondre.

Nous avons encore un long chemin à parcourir mais je crois que tous les acteurs sont mobilisés, et sont mobilisés ensemble ! Le pari n’est pas gagné d’avance, mais si nous faisons le choix de l’efficience et de la pertinence autour d’une profession qui s’organise et se responsabilise, alors nous y parviendrons.

Ne nous mentons pas. La tâche est immense et le temps nous est compté. Mais l’enjeu est tel que nous devons y voir, plus qu’un découragement, une raison de plus de nous y investir pleinement, au CDSE comme au CNAPS ou au sein des entreprises de sécurité privée, dès à présent !