Qualité et exigence : le duo gagnant de la sécurité privée de demain

En pleine restructuration et face à de nombreux projets structurants où la sécurité privée aura un rôle clé à jouer, la profession s’organise, se structure et se professionnalisme.

Elias Nahra, PDG fondateur de Triomphe Sécurité, membre du SNES et du Collectif Urgence Sécurité décrypte les enjeux et les actions attendues.

Par Mélanie Bénard-crozat

Un enjeu principal

La sécurité privée se trouve confrontée à un seul enjeu majeur : celui d’être à la hauteur des attentes des pouvoirs publics, des citoyens et des forces vives de l’économie.

Les pouvoirs publics ont un besoin fondamental, vital et budgétaire de pouvoir se reposer sur un partenaire privé, qui se veut complémentaire et éthique, performant et professionnel.

Les citoyens ont, quant à eux, pris la pleine mesure et conscience de l’importance de la sécurité depuis les attentats de 2015 et plus récemment encore avec les manifestations des gilets jaunes. Une sécurité co-produite par le public et le privé.

Enfin, les forces vives de l’économie, les entreprises et leurs clients qui veulent être protégés mais aussi protéger efficacement leurs biens, leur environnement tout comme leur image.

Qualité et exigence : un duo gagnant

La sécurité représente un bien précieux mais elle a aussi un prix et représente un coût. Un investissement que les entreprises sont en capacité de porter dès lors que la qualité de services permet un retour probant sur cet investissement consenti.

Cette qualité s’acquiert par l’exigence. Une exigence en matière de recrutement et de formation qui sont tous deux, les piliers de l’évolution positive de notre filière de sécurité privée. Une exigence qui sera le seul garant d’un développement pérenne de nos entreprises au service de la sécurité des territoires et de la confiance qui nous sera accordée et renouvelée.

Vers une professionnalisation renforcée

Il en est donc de l’intérêt et de l’urgence que revêt la moralisation de notre profession. Certes, il faut souligner les efforts réalisés depuis plusieurs années par de nombreux acteurs. Néanmoins, force est de constater que nous avons encore du chemin à parcourir pour acquérir un professionnalisme des entreprises et des acteurs, qui doit, inévitablement se renforcer.

La concurrence sauvage doit cesser. Le respect de la réglementation et de la déontologie doit s’imposer à tous !

Le CNAPS a un rôle très important à jouer. Mais il a besoin de plus d’autonomie. Il doit pouvoir sanctionner plus lourdement. Il me semble aujourd’hui essentiel que les sanctions soient plus sévères pour être véritablement dissuasives. Elles doivent aussi être publiées pour avoir un impact concret et dissuasif.

Pour y parvenir les propositions sont nombreuses et trouvent un consensus auprès des différents acteurs qui ont entrepris depuis plusieurs mois de produire des réflexions et des travaux communs : la Direction de la Coopération de Sécurité, le CNAPS, les donneurs d’ordre, les syndicats, les entreprises de sécurité privée, les parlementaires…

Trois actions fortes attendues

Nous appelons donc à une mise en place d’un fonds de garanties financières et la maitrise de la sous-traitance en cascade. Ainsi, nous pourrons favoriser une concurrence saine et assainir la profession. C’est aussi la garantie d’avoir une filière plus attractive avec des salariés qui seront plus spécialisés tout en étant plus polyvalents – disposant alors de toutes les compétences attendues et nécessaires pour répondre aux attentes et à l’évolution des besoins des donneurs d’ordre. Les salariés pourront alors entrevoir de véritables perspectives de carrière.
La reconnaissance du statut d’agent de sécurité ou d’agent de protection est enfin essentielle. La protection juridique de ces derniers doit être prise en compte.

Cette démarche, nous l’avons déjà initiée au sein de notre entreprise. Chez Triomphe Sécurité, nous investissons chaque année près d’un million d’Euros dans la formation. C’est un choix que nous avons fait car nous croyons profondément en la nécessité d’avoir du personnel qualifié et compétent pour assurer les missions qui nous sont confiées. Mais il est évident que nous pourrions faire mieux si nous avions des financements.

Actuellement, nous recrutons une cinquantaine d’agents, en moyenne, par mois. Nous intégrons dans la société 50 % des agents en période d’essai. Ce qui nous permet d’obtenir, parmi nos agents à temps plein, un taux de fidélisation de 95%. Je crois donc que notre stratégie est la bonne. Nous devons continuer en ce sens pour un recrutement à haut niveau d’exigence et enrayer cette pénurie de main d’oeuvre qualifiée à laquelle nous sommes confrontés.

De grands rendez-vous nous attendent et nous devrons être à la hauteur. Je pense notamment aux Jeux Olympiques de 2024 ou à la coupe du monde de Rugby 2023 pour lesquels nous devrons répondre à une demande hors norme. Il y a des arbitrages qui doivent être pris maintenant par toutes les parties prenantes qui doivent se concerter et travailler ensemble notamment sur des besoins concrets : quelle spécialisation, à quelle échelle, quelle carte professionnelle événementiel, comment l’adapter, tout comme la formation des nouvelles recrues mais aussi l’héritage des Jeux.

C’est donc un appel au pragmatisme, à la concertation, et à la coopération qui est lancé afin que nous gagnions tous en efficience.