Les drones et la sécurité privée, un nouveau binôme efficace

La sécurité privée connait une forte crise, un réel déficit d’image. Il devient donc vital de se réinventer, d’innover pour s’inscrire dès à présent dans le futur. Associer l’homme à la machine est alors un axe prometteur. C’est le virage emprunté par le Groupe Protec et son fondateur Gil Ancelin, il y a maintenant deux ans.

La sécurité privée repose sur des compétences humaines majeures que la profession s’efforce de renforcer et de diversifier. Les missions de sécurité privée devaient être valorisées. « En associant l’homme et la machine, leurs compétences et leurs potentiels respectifs, nous avons tout simplement appliqué à notre profession ce que d’autres font déjà depuis plusieurs années. » explique Gil Ancelin et de poursuivre « L’agent de sécurité privée augmenté, s’appuyant sur des technologies nouvelles capables de décupler son efficacité tout en limitant son exposition au danger, voici ce que nous avons souhaité mettre en place. C’est alors que nous avons tissé plusieurs partenariats avec des acteurs clés et français dans l’univers du drone notamment. »

Une surveillance autonome

En partenariat avec DPS, le Groupe Protec déploie la solution Drone 3S (Smart Surveillance System). Le système de sécurité du client est directement connecté à la solution. En cas d’alerte, l’hyperviseur collecte les alarmes et analyse l’information (caméra ou dispositif d’interception prédictive), envoie l’ordre au drone qui décolle en quelques secondes en direction du point désigné et le survole. L’hyperviseur transmet les informations en temps réel au centre de surveillance ou sur la tablette de l’agent de terrain qui peut également interagir sur l’envoi d’une mission. Une station sans télépilote qui peut opérer une levée de doute grâce au drone doté d’une portée de près de 10 kilomètres. « Les opérateurs de notre station centrale de télésurveillance, certifiée APSAD P3 risques lourds, peuvent ainsi suivre toute l’opération à distance, sans risque. Ils sont bien entendu tous formés sur la base d’un cursus certifié par la DGAC. » détaille le fondateur du Groupe. Le drone à l’issue de sa mission de levée de doute revient sur sa base afin de se recharger automatiquement. L’ensemble de ce scénario se déroule sans intervention humaine bien que l’opérateur, s’il le juge utile, peut intervenir sur le vol et/ou la caméra embarquée.

« Les opérateurs se concentrent ainsi sur leur rôle décisionnel. Ils peuvent prendre les mesures adaptées à la gradation de la menace sans y être exposé. » souligne Gil Ancelin et d’ajouter « Alors que les agents avaient une crainte, somme toute légitime au départ – celle de se voir remplacer par ces engins volants – ils sont aujourd’hui ravis ! Ils voient désormais la machine comme un appui et un soutien précieux dans l’exécution de leurs missions. Il y a donc une véritable valeur ajoutée. Ces derniers ont alors accès à de nouvelles formations et de nouvelles responsabilités. Ils se sentent ainsi valorisés et reconnus. Cela renforce leur motivation, concourt à un taux de fidélisation plus élevé et à un véritable esprit corporate. »

Cette solution est actuellement en test sur la base aérienne de Mont-de-Marsan qui envisage, après les expérimentations en cours, un déploiement sur l’ensemble des bases aériennes de l’Hexagone. Sites sensibles par excellente, les fournisseurs d’énergie ou encore les frontières, notamment sur le continent Africain, semblent fortement intéressés pour la surveillance des frontières ou encore des zones d’exploitation pétrolière.

Une autre solution permettant l’emport de charge, à hauteur de 10 à 20 kg, avec une fonction de pulvérisation de décontamination, ou de pulvérisation de gaz, s’adresse notamment aux SDIS, aux polices municipales ou encore dans le cadre de la sécurité des grands évènements. « Dotés de caméra type colibri avec un positionnement GPS des cibles à terre, de cameras à fort taux de grossissements ou de cameras avec algorithmes d’analyse d’images (détection d’objets immobiles, comptage, immatriculations, etc.) ces drones peuvent être captifs. » souligne Gil Ancelin.

Contrer l’intrusion de drones civils

Les drones deviennent aussi un nouvel outil au service des activités illégales organisées par exemple par des activistes de Greenpeace qui ont réussi à survoler le site nucléaire Orano la Hague, ou encore de Daesh qui détourne les drones civils à des fins terroristes. Les Etats membres de l’ONU s’inquiètent notamment du « niveau élevé de sophistication » en matière d’armement de drones ainsi que d’engins explosifs. L’été dernier, c’est un attentat au drone rempli d’explosifs contre le président vénézuélien qui a été commis. Le fort de Brégançon, résidence estivale d’Emmanuel Macron, n’a pas non plus échappé à la menace grandissante que représentent ces engins volants. « L’aéroport de Gatewick touché en décembre dernier a également démontré de l’intérêt d’anticiper et de s’équiper pour contrer cette menace. » souligne Gil Ancelin qui s’est adossé à la société Cerbair pour apporter une solution concrète au problème. Alors que jusqu’alors la plupart des incidents étaient accidentels, la menace évolue et les actes identifiés sont de plus en plus malveillants, avec des risques de trafics de contrebande, de terrorisme ou d’espionnage.

Pour lutter contre ces malveillances, le système mis en place se divise en trois parties : la détection, la localisation et la neutralisation. « Nous déployons donc la technique de radio-fréquence de Cerbair, qui permet de localiser à la fois le drone et la télécommande qui le dirige, et donc le télé-pilote sans créer d’interférence. » explique Gil Ancelin. Concrètement, cela permet de détecter la direction du pilotage et la puissance du signal, et d’évaluer sa distance. L’interface utilisateur est un système offline qui donne l’alerte lors d’une intrusion et affiche des informations permettant de caractériser la menace. Le choix de 4 formats différents permet une utilisation parfaitement adaptée à tout type de terrain : fixe, mobile, embarquée ou portable. « En géolocalisant le signal, la détection peut ainsi se faire en amont de l’incident et permet donc d’appréhender les interventions nécessaires. » ajoute Gil Ancelin.

« Nous avons donc les moyens matériels de contrer ces drones, et des opérateurs formés et compétents pour réagir efficacement. Reste à présent aux sites concernés à prendre les décisions nécessaires en matière d’investissement. Il y a évidemment un coût mais comparé à la pagaille causée par les drones à Londres et aux 15 millions de livres (17 millions d’euros) que cela a couté par exemple à la compagnie EasyJet, il y a une échelle de valeur à repenser me semble t-il. »

Face à cette problématique, il en va donc de choix stratégiques « et c’est bien là, le niveau auquel doit être placé la sécurité : au niveau le plus haut de l’entreprise ou de l’organisation. Cela appelle à une véritable prise de conscience qui implique aussi un changement culturel au coeur des directions achats qui doivent arrêter de gouverner la sécurité. Les attaques et les manifestations violentes que nous connaissons depuis ces dernières années et ces derniers mois y concourent. Mais il serait salvateur pour tous, que nous n’attendions pas un autre drame pour prendre les décisions qui s’imposent ! » clame le dirigeant d’entreprise. Nous sommes donc dans une nouvelle ère. Dans un cycle de mutations profondes de la sécurité qui va s’accentuer dans les années à venir renforçant plus encore le continuum de sécurité publique – privée.