Le marché porteur de la sécurité en Tunisie

Après le soulèvement populaire de 2011, la Tunisie a connu une période d’instabilité politique et sociale. Les attaques terroristes qui ont littéralement ébranlées l’un des pans les plus importants de son activité économique, la crise libyenne et celle des pays émergents, sont venus compléter ce tableau des « chocs majeurs » qu’à connu le pays du Jasmin, depuis ces 8 dernières années.

Un contexte particulièrement tendu qui a freiné les investisseurs et les échanges commerciaux, mais qui représente parallèlement une véritable aubaine pour le marché de la sécurité qui se crée progressivement. Un marché porteur de belles opportunités pour la France, premier partenaire de la Tunisie au sein de l’Union Européenne.

Equipements des aéroports et des sites sensibles, des sites touristiques et des hôtels, comme des casernes militaires, des prisons, des douanes, des ministères et administrations publiques, des moyens et grands magasins, lutte contre la contrebande, sécurité des frontières : c’est l’ensemble du pays qui voit ses besoins en matière de sécurité exploser.

Une croissance qui reprend doucement

Fort d’une résilience à toute épreuve, toute la nation tunisienne se relève doucement. Encore limitée par des obstacles structurels lourds et les conséquences sociales de la « Révolution », l’économie tunisienne croit toujours mais à un rythme bien moindre par rapport aux années précédant ce séisme social où l’on était à +5 % en moyenne annuelle.

En 2017, la croissance était de 1,9 %. En 2018, elle a atteint 2,5 %. Le FMI annonce une prévision à 2,9 % pour cette année 2019, en-deçà des prévisions du gouvernement tunisien qui a élaboré son budget sur un taux de croissance de 3 %. « Les élections présidentielles et législatives de 2019 conduisent également à un positionnement d’attentisme de la part des opérateurs. Le pays affiche par ailleurs une dette élevée impliquant des choix basés sur le moins disant lors des appels d’offres. » soulignent les experts Business France de Tunis.

De nouveaux investissements étrangers

Depuis la « Révolution », la croissance est surtout tirée par la consommation et peu par l’investissement. Ce manque d’investissements se traduit par des retards de compétitivité, voire un recul de la productivité, qui entament l’attractivité du pays et ainsi limitent son potentiel de croissance. Mais, selon les chiffres publiés localement, les investissements étrangers semblent repartir à la hausse. En 2017, le montant des IDE aurait atteint le montant de 718 M Euros.

« La relance économique initiée en 2018 ainsi que les engagements gouvernementaux en faveur de l’amélioration du climat des affaires et du renforcement de la compétitivité de lappareil productif attirent de nouveaux investissements étrangers, notamment dans les secteurs de pointe tels que l’aéronautique et le numérique. » ajoutent-ils. Parmi les mesures phares : le taux de l’impôt sur les sociétés a été abaissé de 35 % à 25 %. Le vote de la loi sur les « start-up » est une des premières réalisations concrètes visant à faciliter la création d’entreprises innovantes.

La Tunisie bénéficie d’atouts importants pour les investissements étrangers de par sa relative stabilité politique retrouvée, la qualité et la compétitivité de sa main d’oeuvre et de sa situation géographique, notamment du point de vue européen. La Tunisie peut être en effet considérée comme une porte d’entrée vers les marchés maghrébins et africains.

L’Union Européenne reste le premier partenaire commercial de la Tunisie, et la France le premier partenaire au sein de l’UE. En 2017, les échanges franco-tunisiens ont atteint 7,4 Mds euros. L’existence d’un accord commercial (Accord d’Association – AA, portant presque exclusivement sur les produits manufacturés) entre la Tunisie et les pays de l’Union Européenne (UE) offre un cadre favorable aux échanges commerciaux. Toutefois, les exportateurs français peuvent être confrontés à des barrières non-tarifaires, à des normes techniques et à des coûts de logistique dissuasifs. « Il faut donc approcher ce marché, qui offre des opportunités et des débouchés, avec précaution en sappuyant sur les experts du marché local. » rappelle Business France

Les secteurs porteurs

La Tunisie dispose d’un régime des investissements basé sur la dichotomie entre un secteur « offshore » ouvert et un secteur « onshore » (destiné au marché local) relativement fermé pour les investisseurs internationaux. Parallèlement, le pays est lié à l’Europe par l’accord commercial – Accord d’Association – AA.

Dans ce contexte particulier, plusieurs domaines émergent avec de nouvelles opportunités : aéronautique, automobile, mécatronique, transport, mais aussi de grands projets structurants, notamment d’infrastructures, dont certains bénéficient du soutien financier des bailleurs internationaux (y compris de l’AFD). Parmi ces grands projets, on inclut le port en eau profonde d’Enfidah, le métro Léger de Sfax, la modernisation du Port de Radès / La Goulette et le pont de Bizerte (220 M EUR).

Le marché de la confiance numérique et de la cybersécurité explosent

Le secteur des NTIC et des technologies du numérique est très dynamique. En 2011, le gouvernement a élaboré un Plan National Stratégique (PNS), « Tunisie Digitale 2020 », pour le développement du secteur. La Tunisie souhaite ainsi devenir une référence numérique internationale et faire des TIC un levier important pour le développement socio-économique. Les secteurs des Telecoms et de l’Internet des Objets représentent de nouvelles opportunités. La digitalisation des entreprises et des institutions tunisiennes reste aussi un enjeu majeur avec une application dans des secteurs très divers tels que l’énergie (Smart Grid), la ville intelligente (Smart City), la santé (E-Santé), l’automobile, la sécurité, l’éducation, la domotique, la robotique, ou encore l’aéronautique, les banques et finances (Fintech), la cybersécurité et les contenus.

Tunisie Digitale 2020

Ce projet national vise à améliorer la crédibilité et le niveau de confiance des systèmes d’information des organismes publiques et critiques. L’axe « e-gouvernement » se consacre à la transformation de l’administration par l’usage et l’adoption du numérique pour une meilleure efficacité et transparence.

Les besoins sont également croissants en solutions innovantes pour sécuriser les réseaux IoT/bas débit et les objets connectés. Il y a également des besoins immédiats pour les secteurs privés et publics tunisiens de formation en cybersécurité mais aussi de mise à niveau et de conseil en cybersécurité portés par l’entrée en application du RGPD.

Le gouvernement tunisien a conscience de l’enjeu stratégique de la cybersécurité dans le pays. Le marché croit rapidement. En témoigne l’augmentation soutenue des dépenses en sécurité informatique. Le pays compte 21 bureaux d’audit dans le domaine de la sécurité informatique (dont 12 certifiés par l’ANSI – Agence Nationale de Sécurité Informatique) et 226 auditeurs. 17 947 certificats de signature électronique ont été validés en 2018. Rappelons enfin que la Tunisie a adopté, en novembre 2017, la convention 108 du conseil de l’Europe sur la protection des données personnelles.

La Tunisie possède un niveau important dans l’IT et dans la cybersécurité. La concurrence technologique est aujourd’hui essentiellement américaine, mais la Tunisie reconnait l’excellence française en termes de cybersécurité.

L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et son homologue tunisien, l’ANSI, ont signé un accord de coopération dans le domaine de la sécurité des systèmes d’information, le 15 novembre 2017. L’entreprise française SIFARIS, accompagnée par Business France, et l’École tunisienne Supérieure Privée d’Ingénierie et de Technologie, ESPRIT, ont annoncé la création du premier laboratoire de recherche en cybersécurité en octobre 2017.

Un environnement des affaires à apprivoiser

Pour approcher le marché tunisien, l’association avec un partenaire local n’est pas obligatoire, mais vivement recommandée sur ce secteur. Celui-ci constitue un atout non négligeable pour répondre aux appels d’offres publics. En effet, au vu du caractère confidentiel de certaines données, les institutions et organismes tunisiens peuvent privilégier des entreprises locales.

En raison des liens historiques entre la France et la Tunisie, de la proximité des réglementations souvent héritées ou influencées par le droit français, de la pratique répandue de la langue française, l’entrepreneur français peut s’attendre à un cadre des affaires familier.

Il faut néanmoins garder à l’esprit qu’il existe en Tunisie de nombreuses spécificités qui peuvent constituer autant de limites à la bonne pratiques des affaires : les habitudes de travail, le formalisme de l’administration tunisienne et la centralisation de ses processus de décision, l’usage de la langue arabe (oral et écrit) très courant dans les relations avec certaines administrations telles que celles de l’Intérieur et de la Justice, le soin à apporter dans la rédaction des actes constitutifs d’une société conjointe : les relations entre partenaires et leurs attributions doivent y être très clairement fixées, etc.

La Tunisie est un Etat de droit souverain avec une tradition juridique forte et un dispositif légal et fiscal particulièrement complet et précis, l’un des mieux structurés du monde arabe.