4 actions clés pour un ministère de l’Intérieur visionnaire et innovant

Place Beauvau - Ministère de l’Intérieur - Paris - copyright Mbzt

Le ministère de l’intérieur entend produire son nouveau livre blanc, avec pour objectif d’identifier les enjeux de demain, les menaces du 21e siècle, de prendre en compte les profondes mutations de la société française, et d’associer davantage la population et les partenaires du ministère de l’intérieur (polices municipales, sociétés de sécurité privée, les Services d’Incendie et de Secours et les associations agréées de sécurité civile) à l’élaboration des réponses de sécurité.

Alors que l’étape de la concertation de tous les acteurs est en cours, François Mattens, directeur de l’innovation et des affaires publiques du GICAT, revient sur les 4 grandes mesures, proposées par le groupement, qui permettraient au ministère de l’Intérieur de répondre aux enjeux industriels et d’innovation.

Le ministère de la gestion de crise est dans une logique de réponse immédiate et rapide. Il est désormais essentiel d’y adjoindre une vision stratégique et prospective permettant d’anticiper les évolutions futures, de se projeter sur des échéances à moyen et long terme. De cette vision stratégique découlera une approche capacitaire qui nécessite un changement de portage organisationnel, structurel mais aussi culturel de l’ensemble du ministère.

Un poste de conseiller industrie

La création d’un poste de conseiller industrie auprès du ministre de l’Intérieur est le premier pilier de cette future stratégie nationale de sécurité portée par François Mattens. Le positionnement auprès du ministre est absolument essentiel si l’on veut que le sujet soit pris en compte au bon niveau de responsabilité à l’image de ce qui existe au sein du ministère des Armées, qui fonctionne très bien et dont personne n’oserait remettre en question l’intérêt et l’apport. Il serait ainsi dévolu au pilotage de la stratégie et des actions à mener en termes depolitique industrielle et de recherche dans les domaines intéressants la sécurité intérieure mais aussi des sujets transverses capables de rassembler plusieurs enjeux et besoins régaliens.

Une direction prospective

Pour développer et porter cette réflexion stratégique, la création d’une direction prospective rattachée directement au ministre de l’Intérieur est une nécessité absolue. Composée de spécialistes métiers (administrateurs, policiers, gendarmes et pompiers), elle accueillerait également des sociologues, des philosophes, des ethnologues… dans le but de produire des notes prospectives à 1,2, 5 voire 10 ans. « Think tank interne » à vocation disruptive, elle permettrait l’analyse et l’anticipation des menaces et des grandes tendances capacitaires globales, mais aussi d’étudier et de s’intéresser à des sujets décorrélés du temps médiatique et de l’urgence.

A l’image du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, cette direction serait en capacité d’émettre des recommandations stratégiques sur la base de missions d’analyses de la menace et de notre société, mais aussi de l’environnement européen et international.

Veille et innovation ouverte

Troisième pilier : la création d’une cellule de veille innovation ouverte capable de capter les bonnes idées venues de l’extérieur. Véritable incubateur au service des forces de l’ordre, il permettrait une remontée des informations, des idées du terrain mais aussi une démarche pro-active.

En découlerait la nomination de référants innovation auprès de chaque direction du ministère. Valorisant et impliquant les hommes de terrain, une efficacité sans précédent serait assurément mesurable. L’innovation nécessaire aux besoins exprimés du terrain, trouverait écho auprès des industriels illustrant alors le continuum de sécurité appelé des vœux de tous.

Trois points qui répondent à l’action voulue par le ministre de l’Intérieur : « agir ensemble, mieux coopérer et trouver les moyens de bâtir une sécurité à 360° » en analysant et comprenant les évolutions des forces de sécurité intérieure, « afin de nous adapter à leurs aspirations et à leurs besoins. »


Commission sécurité à l’Assemblée Nationale

Comme l’a récemment suggéré le GICAT dans ses réflexions, le sujet d’une commission sécurité à l’Assemblée Nationale s’invite à nouveau dans le débat. Compte-tenu de l’importance de ces enjeux pour le quotidien des français, il est désormais nécessaire de favoriser le développement de la culture de sécurité de la représentation nationale. Une première option serait l’élargissement du périmètre de la Commission de la défense nationale et des forces armées et l’officialisation du rattachement de la sécurité à son domaine d’action. Autre proposition, la création d’une commission « Sécurité nationale » non permanente mais au statut identique à celui de la commission des Affaires européennes par exemple. Les députés membres appartiennent en même temps à une commission permanente. Ce principe de la double appartenance instauré permettrait de diffuser la conscience des enjeux de sécurité dans les commissions permanentes qui préparent le débat législatif.

4 propositions qui appellent donc à ouvrir la réflexion de transformation dans une vision décloisonnée et partenariale de la sécurité intérieure ; à s’inscrire dans une logique capacitaire globale, adaptable et mutualisée et non des logiques organisationnelles ; et à valoriser les expérimentations innovantes, de celles proposées par les acteurs du terrain jusqu’aux industriels qu’ils soient start-up, PME ou grands groupes.

Les conclusions du livre blanc de la sécurité intérieure sont attendues pour le premier trimestre 2020.