La cybersécurité au service des JOP 2024 : enjeux et opportunités pour Saint-Quentin en Yvelines

L’ampleur inédit des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 apportera son lot d’opportunités mais aussi de défis à relever pour les territoires accueillant ces JOP. L’Ile de France et en particulier la communauté d’agglomération de Saint-Quentin en Yvelines (SQY), dont « le PIB/habitant est le deuxième de France après Paris », rappelle son président Jean-Michel Fourgous, devront mettre à profit ses compétences pour contribuer à la bonne tenue des JOP mais également afin d’assurer l’héritage de ces derniers au service du territoire et de ses habitants.

Par Hugo Champion

SQY : territoire d’innovation

Alors que le numérique représente le « plus grand démultiplicateur d’intelligence » comme le rappelle Jean-Michel Fourgous, il représente également des menaces, qui peuvent lourdement impacter des événements tels que les JOP 2024. SQY représente une terre d’innovation exceptionnelle, à l’image d’une Silicon Valley française, qui a fait « le grand saut dans le big data » comme le souligne le président de l’agglomération de SQY. Celle-ci compte cinq filières d’excellence (mobilité, aéronautique-défense-sécurité, smart city, numérique, santé). Cinq entreprises de SQY sont aujourd’hui dans le Top 10 des déposants de brevets en France selon l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Le développement de l’innovation à SQY s’appuie à la fois sur des leaders mondiaux comme Airbus Defense and Space, Atos ou Thales, mais également sur de nombreuses entreprises d’excellence françaises, tels que Oppidia, Antemeta ou Bertin IT. « 17.000 entreprises sont présentes à Saint-Quentin ! » rappelle Jean-Michel Fourgous. L’agglomération est à la pointe de la transformation numérique au sein des écoles, équipées de robots, mais également au sein du commissariat du futur bénéficiant des moyens numériques pertinents. SQY accueille également des établissements de formation d’excellence dans le domaine du numérique comme à l’ESTACA. SQY accueillera ainsi sur son agglomération cinq disciplines lors des JOP 2024 : cyclisme sur piste, Vélo BMX, Golf, VTT, l’épreuve d’escrime du Pentathlon moderne et un sport paralympique : le cyclisme sur piste.

Les enjeux cyber des JOP 2024

« Le risque cyber est le premier risque anticipé par les organisateurs des grands évènements », souligne Yannick Ragonneau, responsable Conseil Gestion des Risques et Cybersécurité chez Atos, partenaire des JO depuis 2001. Représentant le premier événement médiatique en termes de gestion de l’information et de télétransmission, la sécurisation des flux numériques est un enjeu primordial pour Atos et les organisateurs des JOP 2024. Un événement d’une telle ampleur attire le crime organisé tant il représente un « business colossal » alerte Yannick Ragonneau. Plusieurs millions d’attaques cyber ont été recensées durant l’organisation des JOP de Rio. Yannick Ragonneau précise qu’il n’y a pas « d’outils exceptionnels pour y faire face ». Le travail en amont doit donner lieu à des plans de gestion de crise et de veille à la protection et à la détection de menaces. De nombreux tests sont effectués et l’année 2023 sera la période de validation des systèmes. Atos pilote un groupe de travail au sein du Comité Stratégique de Filière (CSF), qui vise à résoudre les équations de sécurité posées par les grands évènements. En effet, l’ampleur de l’événement impose de dépasser les doctrines et les systèmes de sécurité actuels. Les JOP 2024 se dérouleront à 95% au sein des villes, ce qui n’avait pas été vu depuis les JO 2001. L’utilisation des infrastructures existantes oblige à repenser les dispositifs de sécurité en intégrant les nouveaux sites dédiés ! Un ensemble qui implique la démultiplication et l’harmonisation d’une sécurité sur 300 sites en même temps ! « Interconnecter et faire travailler tous les systèmes ensembles » sera la clé de voute de la réussite de l’organisation des JOP 2024 afin de garantir unesécurité totalement transparente et discrète rappelle Yannick Ragonneau. Des enjeux législatifs de taille attendent également les décideurs afin de favoriser le déploiement de technologies qui contribueront à un dispositif de sécurité global et robuste, notamment la reconnaissance faciale. L’effet de taille et de durée étant particulièrement conséquent, la capitalisation des expériences passées sera à mettre au profit de l’organisation de ces JOP 2024.

L’expérience au profit d’une organisation sereine

Anne-Lise Quiot, Directrice Sports Loisirs de SQY rappelle que « l’agglomération avait accueilli en son sein la Ryder Cup en 2018 », ce qui lui avait permis de tester les dispositifs de sécurité de l’événement. La Ryder Cup était cependant un événement de moins grande intensité que les JOP 2024 à venir. Sa durée n’avait été que de cinq jours. Mais les organisateurs doivent et vont capitaliser sur cet expérience réussie. L’utilisation de drones par exemple faisait parti des dispositifs nouveaux déployés lors de la Ryder Cup. Les points positifs de ce dispositif, tout comme les limites, dû à un périmètre d’utilisation restreint, ont ainsi été éprouvés. L’enjeu des JOP 2024 sera donc la transposition de ces dispositifs à une plus grande échelle mais aussi l’harmonisation de ces derniers afin de disposer d’un outil commun, d’un partage d’information permettant une analyse fine des siuation et des interventions optimisées. L’enjeu sera en effet « d’associer la sécurité et la fluidité », rappelle Anne-Lise Quiot. Alors que les JOP devraient faciliter l’avancée sur certains sujets sensibles, notamment la reconnaissance faciale ou encore le déploiement de nombreux outils numériques générant et utilisant des quantités astronomiques de données, il sera nécessaire de communiquer et d’expliquer aux habitants « l’utilisation faites des données, maus aussi la protection de celles-ci et surtout les usages dont ils pourront bénéficier grâce à tout cela, en respectant bien entendu le security et privacy by design. L’objectif est bien de capitaliser sur tout cet écosystème déployé à l’occasion des JOP pour un après 2024 ; ce que l’on appelle l’héritage des Jeux ; au service des citoyens. » conclut Anne-Lise Quiot.