Sommet de l’Otan : une déclaration consensuelle pour apaiser les tensions internes

Par Lola BRETON

Les 3 et 4 décembre, l’Otan s’est réunie en sommet, à Londres. Sur fond de célébrations des 70 ans de l’Alliance, ses membres ont discuté de l’avenir. Un futur flou, pour lequel un consensus est difficile à trouver. Entre montant des participations financières, tensions géopolitiques et velléité de construction d’une défense européenne, la déclaration adoptée ce mercredi peine à faire oublier ces différends.

« Quelles que soient nos différences, nous continuerons de nous unir autour de notre tâche principale : nous défendre les uns les autres ». C’est sur ces mots que Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan, a ouvert, le 4 décembre, le sommet de l’Organisation. Watford, ville moyenne de la banlieue londonienne, a accueilli pendant deux jours les représentants des 29 États membres de l’Alliance. Un sommet jugé expéditif par certains, qui a donné lieu à une courte déclaration commune, sur fond de tensions entre alliés.

Unis de l’extérieur, déchirés à l’intérieur

Quelques semaines après les propos du Président français, Emmanuel Macron, décrivant une Alliance « en état de mort cérébrale », et la réponse cinglante de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le ton de la rencontre semblait donné. « Ce n’est pas la première fois que l’Alliance est confrontée à des différences et elle a toujours su les surmonter », a toutefois souligné Jens Stoltenberg avant d’entamer les discussions. Sur le papier, les 29 membres paraissent avoir passé outre leurs désaccords. Dans la déclaration commune adoptée ce 4 décembre, ils affirment : « Les actions agressives de la Russie constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique ; le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous tous. » Cette formulation sur le terrorisme a permis d’empêcher le véto du président turc. Avant le sommet, il avait annoncé vouloir s’opposer à la déclaration – et bloquer l’adoption de nouveaux plans de défense destinés aux pays baltes et à la Pologne – si l’Otan ne reconnaissait pas les forces kurdes comme des milices terroristes. Face aux pays non-membres, donc, l’Alliance prévaut.

Si l’Alliance s’est également accordée sur la nécessaire vigilance face aux actions chinoises, en termes de sécurité humaine, notamment, des divergences d’opinions subsistent. La relation spéciale entre Ankara et Moscou ne fait pas l’unanimité au sein de l’Otan. Les récentes prises de décision du Président Erdogan quant aux opérations militaires au nord de la Syrie, non plus. Sur la participation financière à l’Organisation, la position de Donald Trump reste inchangée : les membres européens doivent y dédier davantage de ressources.

Travailler à l’avenir de l’Alliance

Sans les harmoniser, le sommet était l’occasion d’imaginer un avenir entre ces voix dissonantes, au sein de l’Otan. Pour cela, l’Alliance a identifié de futurs enjeux à aborder en commun : « Nous avons déclaré l’espace en tant que milieu d’opérations de l’OTAN, reconnaissant ainsi son importance s’agissant de préserver notre sécurité et de relever les défis en la matière, dans le respect du droit international. Nous étoffons nos moyens d’action face aux cyberattaques, et nous renforçons notre aptitude à assurer la préparation, la dissuasion et la défense face aux tactiques hybrides visant à porter atteinte à notre sécurité et à nos sociétés », détaille la déclaration commune. Jens Stoltenberg s’est également vu confier la tâche de réfléchir aux missions de l’Otan, concernant le renforcement de la dimension politique de l’Alliance, notamment.

70 ans après la création de l’Organisation, ces deux jours de discussions ont également permis d’annoncer l’adhésion officielle prochaine de la Macédoine du Nord. Cette ouverture sur l’Europe devra créer une dynamique pour aborder, de front, la défense européenne, voulue par le gouvernement français. Alors que le reste du monde est réuni à Madrid pour la COP25, reste également pour l’Otan à trouver sa place dans la défense d’une planète à bout de souffle.