« Je ne porte pas de sweat à capuche, pourtant je travaille dans la cybersécurité : guide des métiers, formations et opportunités dans la cybersécurité ».

Face aux enjeux fondamentaux que pose la prolifération des menaces multi-sectorielles dans le cyberespace, le constat sur le manque de talents dans la cybersécurité est alarmant : 1.000 postes pourvus sur les 6.000 ouverts en France, soit à peine 20%. Les femmes ne représentent pour leur part que 10% des emplois dans ce secteur. Face à ce constat, et à l’occasion du Forum international de la Cybersécurité 2020 (FIC), le Cercle des Femmes de la CyberSécurité (CEFCYS) annonce la publication du livre intitulé : « Je ne porte pas de sweat à capuche, pourtant je travaille dans la cybersécurité : guide des métiers, formations et opportunités dans la cybersécurité », aux éditionse-Theque. Visant à casser les codes et à faire tomber les clichés liés au monde de la cybersécurité, l’ouvrage partage un regard nouveau sur ce secteur. Nécessaire plaidoyer en faveur des métiers de la cyber, dès la formation initiale et tout au long de la vie professionnelle, le livre du CEFCYS invite les jeunes à se projeter dans les futurs métiers de la cyber.

La nécessité de rendre le secteur de la cybersécurité attractif

Malgré une rémunération que l’on peut objectivement considérer comme attractive, le secteur du numérique et de la cybersécurité notamment, souffre d’une pénurie de talents. Face ce constat, Frédéric Julhes, directeur Airbus Cybersecurity France soulignait que « deux options s’offrent à nous : les former ou bien ralentir le développement du numérique ». En effet, plusieurs facteurs viennent expliquer ce phénomène : la confiance numérique bancale des utilisateurs envers les entreprises (voir l’étude de Wavestone à ce sujet, la connaissance et la visibilité des métiers limitées ou encore la « mauvaise réputation dont souffre ces métiers » comme l’explique Nacira Salvan, fondatrice et présidente du CEFCYS.

L’ouvrage illustre une boîte à outils destinée à démocratiser le secteur du numérique et de la cybersécurité, à travers une multitude d’informations pratiques et de portraits cassant les clichés. L’ouvrage s’adresse aux jeunes auprès de qui il est essentiel de communiquer pour leur faire découvrir ce secteur en amont du choix de la formation- à savoir avant Parcoursup. Mais les informations doivent également être adressées aux parents, aux enseignants et aux conseillers d’orientation. « Les écoles ont un grand rôle à jouer, mais aussi les parents, les pouvoirs publics et les entreprises », rappelle justement Mariya Gabriel, Commissaire européenne à l’Economie et la Société numérique, soutien de cette initiative. En effet, les parents d’Alicia, lycéenne de terminale devant effectuer ses choix sur Parcoursup, tentent de guider leur fille sans l’influencer, mais l’information disponible « est très touffue et on se perd vite », expliquent-ils. Et de souligner la nécessité de « disposer d’un guide pratique et de multiplier des ateliers métiers ! ». Les filières du numérique doivent être connues du grand public et étendues. Le développement des technologies et notamment de l’IoT, « élargit le champ de compétences du métier de la cyber », explique Céline Vercruysse, directrice des services chez Advens, société de conseil en cybersécurité. L’expert cyber devra demain avoir plusieurs cordes à son arc, de juriste lorsqu’il s’agit de conformité ou automaticien lorsqu’il conçoit. C’est pourquoi « la fusion des compétences exige des formations différentes : on pourrait imaginer que la cybersécurité devienne une option obligatoire dans chaque filière de formation en électronique, automatique, radioélectricité », souligne Céline Vercruysse.

La diversité des visions apportées par les femmes de la cybersécurité dans l’ouvrage, à travers leur portrait, apporte des éléments de réflexion particulièrement précieux, aidant à mieux cerner les manques et les besoins du domaine mais aussi les formidables opportunités qu’il offre à toutes les générations. Ainsi, l’ouvrage s’inscrit dans le prolongement des travaux conduits par l’OPIIEC dès 2017, auxquels le CEFCYS avait participé. En effet, « le groupe de travail recommandait, d’une part d’accroitre l’attractivité et la visibilité de la filière et, d’autre part d’accompagner la mobilité professionnelle et la montée des compétences des salariés vers les métiers de la cybersécurité », souligne Nacira Salvan.

La place de la femme dans les métiers du cyber

Partant du constat que les femmes ne représentent pas plus de 10% des emplois du secteur de la cybersécurité1, soit deux fois moins que dans la moyenne du numérique, l’ouvrage alerte sur ce manque de mixité. Une étude récente, réalisée auprès de 5.000 professionnels du numérique pour Kaspersky Lab, a montré qu’un tiers des Européennes travaillant dans le numérique sont découragées par le manque de mixité, qui constitue un frein direct pour 53% des professionnelles du numérique, bien moins enclines à rejoindre une entreprise où les femmes sont sous-représentées. En effet, si la moitié de la population ne s’intéresse pas au secteur, alors même que la transformation numérique bat son plein, l’ouvrage invite à penser aux opportunités à saisir pour ne pas que la cybersécurité « reste un no (wo)man’s land », explique Nacira Salvan. Dans « Je ne porte pas de sweat à capuche, pourtant je travaille dans la cybersécurité : guide des métiers, formations et opportunités dans la cybersécurité », 23 témoignages de cyberwomen sont présentés. A travers chacun de leur portrait, on découvre les différentes trajectoires professionnelles de ces femmes qui les ont menés aux métiers de la cyber. Certaines d’entre elles ont choisi ces métiers dès leur formation initiale, d’autres ont découvert le secteur au cours de leur vie professionnelle. Nous pouvons grâce à ces « rôle model », intégrer la variété des métiers exercés par les femmes de la cyber d’une part, et prendre connaissance des entreprises qui favorisent l’ouverture de ces métiers aux femmes, d’autre part.

Une dynamique en plein essor

La prise de conscience est en marche ! De nombreuses initiatives fleurissent. La Wild Code School, devenue partenaire du CEFCYS, a choisi d’ouvrir une formation Cyber Sécurité dont la promotion 2019-2020 sera entièrement féminine. « Je suis convaincue que les femmes ont aujourd’hui plus d’opportunités que les hommes. Les femmes qui sortent de la formation ont deux ou trois fois plus d’offres d’emploi et peuvent mieux négocier. Je pense que c’est l’un des rares domaines où nous avons ce pouvoir », souligne la fondatrice de l’école, Anna Stépanoff. C’est également dans ce sens qu’a été créée Femmes@numérique, fondation menée par 45 associations et 42 entreprises, qui entend favoriser la sensibilisation de la jeune génération féminine aux métiers du numérique et ce dès l’école primaire, ou encore de soutenir des entreprises dans leur démarche pour féminiser ces domaines. Si des initiatives, dont les objectifs sont de valoriser et de démocratiser la place de la femme dans ces métiers du numérique, peuvent être constatées, l’accent doit être mis sur la « visibilité des femmes en poste », comme le souligne Sylvie Blondel, DRH chez Stormshield. Cette dynamique commence à trouver écho dans de nombreuses structures, notamment au sein du ministère des Armées au sein duquel Agnès Deletre exerce au poste de cheffe du bureau cybersécurité du Commissariat des Armées. Ayant rejoint l’initiative « combattante avec le numérique », né en septembre 2018 sur l’impulsion de la Direction générale du numérique (DGNUM), elle œuvre au renforcement de l’attractivité du numérique au ministère des Armées. Et de rappeler que « les combattantes sont très motivées ! ».

Ainsi, l’ouvrage proposé par le CEFCYS permet de décloisonner deux problématiques entremêlées : le manque de visibilité des métiers de la cyber et le manque de mixité dans les filières du numérique. La dynamique qui s’engage doit être prolongée par les « écoles, mais aussi par les parents, les pouvoirs publics et les entreprises », souligne Mariya Gabriel, commissaire européenne à l’Economie et la Société numériques, qui œuvre activement à la promotion du rôle des femmes dans le numérique et à la démystification de l’univers du cyber.

1 Selon l’étude 2017 “Women in Cyber” du cabinet Deloitte.