Police de proximité et vidéoprotection au coeur des élections municipales

En matière de sécurité quotidienne et de lutte contre les incivilités, la vidéoprotection et la police municipale sont des moyens d’action efficaces. Reste au maire d’en délimiter l’usage. Selon le baromètre Fiducial de la sécurité des français de janvier 2020, l’action des municipalités dans ce domaine bénéficie de la satisfaction de 61% des français.

A Nantes, les incivilités ont augmenté de 9,6% entre 2014 et 2018 et sur la même période, le budget consacré à la sécurité par habitant est passé de 47,7€ à 53,1€. « Tous les clignotants sont au rouge. » interpèle Pierre Sennes, procureur de la République de Nantes. « Les inquiétudes exprimées l’an passé se sont confirmées, sinon amplifiées. » En ce qui concerne, l’agglomération Marseille-Aix-en-Provence, celle-ci figure parmi les 5 agglomérations très touchées par 5 types de vols sur 6, d’après l’étude Inter Stats du Ministère de l’Intérieur1. Le nombre de cambriolages de résidences principales est passé de 8042 en 1998 à 11235 en 2018. Face au défi que représente la sécurité urbaine, les municipalités sont sur le front, au bénéfice de la population.

Par Simon DOUAGLIN

Vidéoprotection : un déploiement généralisé et des réticences

L’enjeu de sécurité revêt un caractère prioritaire au niveau national et se traduit à l’échelon local par le renforcement de la vidéoprotection. Les avantages de cet outil technologique ne sont plus à prouver. Ces dispositifs permettent de faire reculer les infractions et d’accompagner les services de police dans la réalisation et l’élucidation de leurs enquêtes. Pourtant, seulement 49% des français en jugent le déploiement prioritaire2. « La vidéo-protection nest pas une réponse miracle mais un maillon de la chaîne au service de l’égalité réelle » souligne Johanna Rolland, candidate sortante à la mairie de Nantes.

A Nantes justement, métropole de 309 346 habitants, la sécurité reste une question majeure de la part des habitants. «La situation actuelle à Nantes nest pas satisfaisante, elle est [même] inacceptable » concède Johanna Rolland. « Le prochain mandat sera donc offensif sur cette question. » annonce t-elle. Concrètement, 130 caméras ont déjà été déployées et 30 caméras sont en cours d’installation dans 11 quartiers nantais.

A Aix-en-Provence, 338 caméras de vidéoprotection ont été installées. C’est le bilan que défend Maryse Joissains-Masini, maire sortante d’Aix-en-Provence qui annonce d’ailleurs l’installation de 50 caméras supplémentaires en 2020 et un objectif de 500 caméras à l’horizon 2026. Le Centre de Supervision Urbaine (CSU) verra l’élargissement de ses locaux et la poursuite de la formation de ses agents à l’utilisation des outils de vidéo-protection.

La liste de gauche, représentée par Marc Péna envisage de « mettre fin au développement de la vidéosurveillance dans lespace public et exclure tout dispositif de reconnaissance faciale. » prenant ainsi le contre-pied de la tendance générale qui voit 77% des français séduits par l’idée que la police municipale puisse faire appel à la reconnaissance faciale.

Police nationale et police municipale : quelle coopération ?

Dans un contexte où la sécurité représente un enjeu transversal, le rôle de la police municipale se voit renforcé dans son action locale. Beaucoup de candidats insistent sur le renforcement des actions d’îlotage et de territorialisation des missions de sécurité. La police municipale doit devenir une véritable police de proximité en appui des unités de la police nationale. «Je propose un nouveau contrat de sécurité à l’État, le Contrat nantais de sécurité. […] un vrai contrat de partenariat avec l’État, respectueux des compétences de chacun et exigeant lun envers lautre : nous nous engageons, il doit sengager, car la sécurité est une mission régalienne essentielle »expose Johanna Rolland. Elle propose par ailleurs la création d’une police des transports et le recrutement de 70 nouveaux policiers municipaux.

L’aspect régalien semble faire consensus à Nantes. Laurence Garnier, candidate LR, dans une lettre adressée au Premier ministre en appelle à l’aide de l’Etat : « Nantes a besoin dun renfort rapide et pérenne de policiers nationaux ».

Le doublement des effectifs de la police municipale à Aix-en-Provence devra permettre, à terme, d’assurer un service continu sept jours sur sept et vingt quatre heures sur vingt quatre. Avec une police municipale renforcée dans ses moyens, l’enjeu réside donc dans la coopération avec la police nationale pour l’établissement d’un vrai continuum sécuritaire. Maryse Joissains-Masini propose la construction d’un « pôle police », au plus près du commissariat, pour accueillir la police municipale. La maire sortante, répond ainsi aux attentes de 60% des français qui considèrent le déploiement de brigades de nuit comme une action prioritaire.

Les programmes des candidats inscrivent plus largement le défi de la sécurité dans la politique de la ville. A titre d’exemple, le programme de Maryse Joissains-Masini inclut l’implantation de start-up numériques dans les quartiers afin de dynamiser l’emploi et « d’exploiter les capacités de la « smart city » pour améliorer la qualité des services urbains et de l’administration ».

De son côté, Johanna Rolland propose la création d’un conseil intercommunal de prévention de la délinquance afin de « mieux partager les enjeux de sécurité entre les communes [de la métropole nantaise] ». Concernant les jeunes, elle propose de « Créer une plateforme numérique daccès pour le logement des jeunes pour mettre en lien loffre et la demande de logements des jeunes de la métropole ». Les enjeux de sécurité revêtent un caractère global et s’inscrivent dans une dimension plus large, incluant les enjeux du numérique, de l’économie, de l’éducation, du social et du respect de l’environnement.

1 https://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/49734/1/SSMSI_IA_14_2016.pdf

2 Baromètre Fiducial de la sécurité – 15e édition – janvier 2020