La sécurité au cœur des élections municipales 2020 : cap sur la cité lorraine

La hausse de la violence dans la cité lorraine imposera au futur maire de Metz de prendre des mesures sécuritaires importantes sur le volet répressif autant que préventif. Après la cité phocéenne, cap sur Metz afin de saisir les enjeux sécuritaires des élections municipales des 15 et 22 mars prochains.

Par HUGO CHAMPION

Quelles préoccupations majeures pour les Messins ?

Le bilan 2018 de la lutte contre la délinquance et l’insécurité routière en Moselle présente une baisse générale de la petite délinquance (cambriolages, vols…), alors qu’au contraire, les viols, agressions et harcèlements sexuels sont en augmentation. Dans ce contexte, la question de la sécurité demeure donc importante à Metz bien que les priorités soient l’emploi et le développement économique, pour 57% des Messins. La sécurité arrive en seconde place dans la hiérarchisation des priorités des habitants de la préfecture de Moselle. Avec 49%, ce thème devance les finances et les impôts (46 %) et l’environnement (46 %). La probité des élus municipaux arrive en cinquième position avec 39%. Arrive en sixième place la préoccupation des Messins pour le développement des transports en commun (29%) puis de la culture avec 24%.

Les réponses apportées par les candidats en lice pour la municipalité divergent sur le thème de la lutte contre l’insécurité, y compris sur la question de la hausse du nombre de policiers municipaux. Le constat général est cependant partagé par la plupart des candidats. François Grosdidier, sénateur de Moselle et candidat Les Républicains et la candidate du Rassemblement national Françoise Grolet tombent d’accord : « L’insécurité est un vrai problème ». Les élections municipales sont l’occasion de rappeler le rôle prépondérant que le maire devrait jouer en matière de politiques publiques de sécurité.  « La sécurité est la première chose que le maire doit à ses concitoyens », estime Richard Lioger (LaREM).

Des mesures répressives ou préventives ?

Deux types de réponses apparaissent dans les programmes des candidats : la première défend l’augmentation des moyens et des outils, et la seconde prône la prévention de la délinquance.

Le candidat François Grosdidier (LR) défend pour sa part « le passage de 90 à 110 agents de police, un îlotage des douze quartiers de Metz, une brigade d’intervention qui patrouille 24h/24, 365 jours par an, le développement de la vidéoprotection avec la mise en place d’un millier de caméras orientées vers la voie publique ou encore la construction d’une maison des policiers ». Le développement de la vidéoprotection est particulièrement prégnante chez le candidat LR alors que « seul un Français sur deux juge prioritaire le développement de caméras de surveillance (49 %) », selon le baromètre Fiducial.

La création de brigades de nuit, particulièrement demandée par la population française, est un appel à vœu entendu. La majorité des candidats ont en effet intégré cette donnée dans leur programme.

Quant à Xavier Bouvet, le candidat EELV, il propose de « faire revenir la police municipale entre 2h et 6h du matin en centre-ville ». Le candidat déplore « de nombreuses agressions dans des secteurs identifiés, sur fond d’alcoolisation, en sortie de bar ou de boîte de nuit, dans des endroits désertés par les pouvoirs publics ». Françoise Grolet (RN) propose lui « l’augmentation de 25% du nombre de policiers municipaux pour une présence de jour comme de nuit dans tous les quartiers ».

L’une des autres mesures prioritaires – selon le baromètre Fiducial – est la mise en place d’un « système d’éclairage qui s’intensifie au passage des piétons (57%) ». La problématique de l’éclairage des voies publiques est entendue par une partie des candidats. Le candidat EELV qui s’insurge contre « des candidats qui proposent de multiplier par 10 le nombre de caméras municipales », préfère réorienter les finances publiques sur « l’éclairage dynamique » pour « combattre le sentiment d’insécurité dans des rues qui ne sont pas éclairées ». La candidate dissidente LaREM Béatrice Agamennone défend également « la mise en place de 20% d’éclairage variable automatisé en fonction de la demande ».

Le risque terroriste : quel rôle pour le maire ?

Les Français craignent particulièrement les « attaques d’individus isolés qui s’en prennent au hasard à des passants (74 %) », informe le baromètre. La récente interpellation d’un homme début janvier à Metz après qu’il ait menacé des policiers avec un couteau participe à la hausse de cette crainte de l’acte isolé. La réponse des autorités n’atténue pas la hausse du sentiment d’inquiétude des citoyens : « 60 % des Français estiment que la France n’est pas mieux protégée qu’avant contre les attaques terroristes », poursuit Fiducial.

Alors que la lutte contre le terrorisme fait partie des prérogatives régaliennes, la population française « approuverait très majoritairement que les maires aient accès à la liste des fichés S habitant dans leur commune (87 %) », montre le baromètre Fiducial. Les programmes des candidats ne répondent pas sur ce point aux attentes des Français exprimés dans le sondage Fiducial, excepté celui de Françoise Grolet (RN) qui demande « aux représentants de l’Etat d’obtenir les informations concernant les menaces de radicalisation à Metz conformément à la circulaire ministérielle du 13 novembre 20181 via les fichiers confidentiels S et le FSPRT notamment pour le recrutement et la gestion des agents publics ».

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https://www.maire-info.com/upload/files/Circulaire_information_maires.pdf

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