Emile Pérez, Directeur de la coopération internationale

Première direction commune à la police et à la gendarmerie nationales, la DCI participe à titre principal à l’application de la stratégie internationale du ministre de l’intérieur et à la mise en œuvre de la politique étrangère de la France, en matière de sécurité intérieure et de gouvernance, en animant et coordonnant les différentes phases de coopération internationale.

Depuis 2010, elle inscrit son action dans la continuité de celles menées auparavant pendant plus de 50 ans par le service de coopération technique internationale de police (SCTIP) et plus récemment par la Sous-direction de la coopération internationale (SDCI) de la gendarmerie.

La première mission que nous avons tous, est la protection des intérêts des Français et de la France en intervenant le plus en amont possible et le plus loin du territoire national pour mieux protéger des menaces criminelles, terroristes ou des risques.

Chaque année, ses priorités lui sont assignées par le ministre de l’intérieur dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, contre les réseaux criminels d’immigration irrégulière, mais aussi contre les trafics des stupéfiants et les trafics.

Pour accentuer nos capacités de coopération opérationnelle, nous avons besoin de mettre en œuvre de multiples actions de coopération techniques portant sur les pratiques des différents services. Nous portons ainsi la coopération technique du ministère de l’intérieur. Ce dernier a décidé en 2013 de confier à la DCI de nouvelles missions dégagées par la réforme de l’administration centrale du ministère : elle porte désormais la coopération technique de toutes les composantes du ministère, des différentes directions générales (police, gendarmerie, sécurité civile, étrangers en France ou collectivités locales), de la délégation à la sécurité routière et du secrétariat général. Un comité de pilotage de l’action internationale est chargé de fixer les orientations générales de l’action de la DCI et de son organisation.

Nous essayons aujourd’hui de créer des solutions originales permettant de mieux agir à l’étranger. Ainsi, nous avons créé un poste d’attaché régional de sécurité intérieure pour le Sahel. En ayant une vision globale cela me permet de mettre en avant une offre globale de coopération permettant de mieux coordonner encore les actions multiples et variées développées tant au niveau français que par l’ensemble de nos partenaires européens.

Chaque année, la DCI monte plus de 2000 actions de coopération sous financements des plus variés, actions qui nous permettront de mieux travailler avec nos partenaires étrangers.

Partenariats & entreprises nationales

Dans le cadre de notre mission de protection des intérêts de la France, nous accompagnons également les entreprises nationales dans leurs activités à l’étranger. Aujourd’hui, plus d’une centaine de ces entreprises de toutes les tailles sont référencées chez nous. Depuis 2008, il s’agit ici de promouvoir leurs technologies, de leur signaler des marchés, d’assister leurs expatriés en difficultés, comme nous le faisons systématiquement pour tous les ressortissants français lors de crises graves dans les pays que nous couvrons ou lorsqu’ils peuvent avoir des ennuis avec les services de sécurité ou de justice des pays de résidence provisoire ou permanente.

L’implantation géographique de notre réseau d’attachés de sécurité intérieure (ASI), la connaissance que nous avons des systèmes locaux et des acteurs qui les portent nous permettent d’anticiper une dégradation irrémédiable des situations de crise personnelle ou globale. Le partage de cette connaissance nous permet ainsi de mieux accompagner les entreprises nationales.

Les partenariats que nous développons depuis 2008 le sont sur la base de deux principes dans la transparence et la cohérence… C’est un euphémisme de dire qu’en France les relations entre les secteurs public et privé ont toujours été complexes.

Depuis six ans, nous avons essayé de créer un réseau de confiance. Dans la mesure de nos moyens, nous sommes là pour accompagner les entreprises qui le souhaitent. Il y a des choses que nous pouvons faire. Il y a des choses que nous ne pouvons pas faire, et que nous ne ferons jamais. La libre concurrence est fondamentale et nous ne saurions interférer dans des discussions commerciales.

Au total, les règles sont simples et nous travaillons avec les entreprises nationales qui veulent bien les respecter.

Dès que nos ASI ont connaissance de besoins exprimés par les services de police, de gendarmerie, de sécurité civile, ou dès qu’ils décèlent l’existence de marchés publics, ils ne manquent pas de les signaler à la centrale DCI. Notre bureau partenariats va ensuite diffuser à toutes les entreprises qui pourraient être intéressées ces possibilités.

Alors que beaucoup d’entreprises nationales sont elles-mêmes en concurrence, nous souhaitons diffuser ces informations de manière globale. C’est pour cela que nous privilégions une transmission d’information à des groupements d’entreprises…

En ce qui concerne la participation de policiers, gendarmes et pompiers français à des salons, cela fait des années que c’est le cas ! Nous avons organisé à plusieurs reprises avec UBI France, des forums mettant en avant les entreprises nationales. Nous organisons également, en partenariat, des conférences régionales thématiques…

Sur les salons internationaux comme ceux de Milipol à Paris ou au Qatar, la DCI est un partenaire efficace. Elle permet des rencontres entre industriels français et des services étrangers…

Notre intervention doit rester à la fois globale et équitable afin de ne pas interférer dans une saine concurrence entre nos entreprises nationales.

Les attachés de sécurité intérieure

Les ASI de la DCI sont les représentants du ministère de l’intérieur auprès de l’ambassadeur et des autorités du ou des pays d’affectation et de compétence. Ce sont des commissaires de police, des officiers supérieurs de gendarmerie et des officiers de police. Leur mission consiste à mettre en œuvre la coopération en matière de sécurité et de gouvernance que la France mène soit directement soit par sa participation à des actions menées par des institutions européennes ou internationales. L’ASI est donc à la fois, un conseiller et expert représentant toutes les composantes du ministère auprès du chef de poste diplomatique ainsi que l’interlocuteur des autorités locales en charge de la sécurité. C’est également un facilitateur, un veilleur…

Ils dirigent les services de sécurité intérieure (SSI) qui rassemblent tous les agents et militaires du ministère de l’intérieur affectés dans le pays.  Le réseau de la DCI est aujourd’hui composé de 78 SSI compétents sur 153 pays.

Grâce à ce maillage à l’étranger, composé de près de 300 policiers, gendarmes et pompiers de tous grades placés sous l’autorité du directeur de la DCI, le ministère de l’intérieur dispose aujourd’hui d’un réseau mondial de coopération.

Compte tenu de notre histoire mais aussi des priorités du ministère de l’intérieur, les ASI sont implantées majoritairement en Afrique et au Moyen-Orient (34 SSI). On les retrouve également en Europe (25 SSI) ou en Amérique (12 SSI) et en Asie (7 SSI).

Détecter, coordonner et impulser

Notre direction est jeune mais forte d’un ancrage international cinquantenaire des plus importants. Début septembre, lors du 24e colloque des ASI, notre ministre Bernard Cazeneuve nous a donné notre feuille route et nos priorités : Europe, terrorisme, grands trafics d’êtres humains ou de produits…

Nous allons décliner opérationnellement sa stratégie en matière internationale et européenne, porter son offre globale de coopération, développer la politique d’influence de la France auprès des organisations internationales et plus particulièrement européennes, rechercher des financements innovants, renforcer nos réseaux Francopol, Fontanot…, gérer de manière efficiente l’ensemble de nos ressources humaines…

Tout cela sera formalisé avec l’ensemble de nos donneurs d’ordre et de nos partenaires, dans un schéma directeur pluriannuel autour du triptyque : Détecter, Coordonner, Impulser…

Il s’agit toujours de faire plus et mieux avec moins. Grâce à la qualité de ceux qui servent à la DCI au quotidien, et à force de créativité, avec coordination, mutualisation, externalisation et substitution, nous y parvenons.