Le Réseau Radio du Futur, repenser les communications critiques de demain

Grand projet régalien lancé par le Président de la République à l’automne 2017, le Réseau Radio du Futur (RRF) dotera les services de sécurité et de secours d’une solution de communication mobile 4G puis 5G bénéficiant d’un haut niveau de résilience en cas de crise, ainsi que des meilleures technologies numériques. Tournant majeur dans l’évolution des systèmes de communications pour missions critiques, le RRF devrait être déployé en 2022, en prévision de la coupe du monde de rugby en 2023 puis des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024.

Par le Préfet Guillaume Lambert, Responsable du programme RRF, ministère de l’Intérieur

Les moyens de communication constituent, pour les agents en charge des missions de sécurité et de secours, une ligne de vie essentielle. La fourniture de solutions de communication mobile haut débit, sécurisée et résiliente à l’ensemble des acteurs de l’urgence est au cœur des objectifs du programme RRF.

Le Réseau Radio du Futur remplacera les différents réseaux radio bas-débits qui équipent actuellement les services de sécurité et de secours, tels que Rubis, Antares ou Acropol. Ces réseaux radios reposent sur une technologie comparable à la technologie 2G et sont devenus, avec le temps, obsolètes et très coûteux en termes d’entretien et de maintenance.

Dès 2022, le RRF permettra de remédier à cette asymétrie technique entre les systèmes existants et les moyens de communications actuels en apportant une connectivité haut débit (4G puis 5G) en tous points du territoire, et des fonctionnalités permises par les dernières technologies pour fournir un système complet de communication mobile prioritaire, sécurisé et résilient.

Un réseau à l’architecture hybride garantissant priorité et résilience des communications de sécurité et de secours

Le RRF sera un réseau hybride qui s’appuiera à la fois sur les opérateurs privés de télécommunication et leurs infrastructures et une capacité radio propre sur la fréquence dite 700 PPDR (public protection and disaster relief) utilisable au travers de réseaux projetables.

Le RRF introduit donc un changement de paradigme majeur par rapport aux actuels réseaux bas débit, en passant d’un statut où l’Etat est propriétaire du réseau (INPT/RUBIS) et en a la maitrise quasi totale à un réseau qui reposera pour l’essentiel sur des infrastructures pilotées directement par ces opérateurs commerciaux, permettant ainsi de bénéficier dès 2022 d’une couverture 4G optimale sur tout le territoire. Toutefois, le système de communication du RRF sera entièrement indépendant, avec un système intégré dans des terminaux qui lui seront dédiés.

Grâce à ce choix, le RRF bénéficiera de la forte couverture des opérateurs nationaux (plus de 98% de la population couverte actuellement en 4G), de leurs technologies à la pointe (expérimentations en cours de la 5G) et du développement de leur réseau notamment dans le cadre du « New Deal mobile ».

Le RRF permettra également et surtout d’assurer la continuité des communications quelles que soient les circonstances grâce à une combinaison de services :

  • Établissement de communications priorisées dans les réseaux des opérateurs mobiles en cas de congestion du réseau. pour garantir un accès radio permanent aux unités de sécurité et de secours, essentiel en cas de situation critique.
  • Couverture radio multi opérateurs grâce à la mise en œuvre de mécanismes d’itinérance nationale au profit des abonnés RRF.
  • Couvertures radio additionnelles projetables à géométrie variable : pour une meilleure résilience, le RRF bénéficiera d’une fréquence dédiée, le 700 Mhz PPDR, en plus des fréquences proposées par les opérateurs de réseaux mobiles.

Le RRF va projeter les communications de sécurité et de secours à l’ère de la donnée

En mobilité, sur les terminaux utilisateurs, le RRF permet avant tout de bénéficier de communication vocale « push to talk » à l’instar de ce qui se fait avec les actuels réseaux radio. Toutefois, à l’inverse de ces derniers, il n’y a pas de limite en nombre de conférences. De plus le RRF offre la possibilité de créer des conférences de groupe à la volée, c’est-à-dire de façon dynamique. Il permet également de transmettre des flux vidéo de situation et à ses utilisateurs de converser en visio-conférence.

Des échanges multimédias riches seront ainsi possibles via le réseau, pour une facilitation des opérations grâce à une coopération toujours plus accrue entre les centres opérationnels et le terrain.

En somme, le RRF permettra de faire entrer les réseaux de télécommunication des services de sécurité et de secours à l’ère de la donnée et des échanges omni-canaux.

Avec la perspective des communications 5G, les services de sécurité et de secours seront amenés à faire un usage beaucoup plus intensif des communications mobiles pour leurs différents usages, que ce soit, par exemple, pour le maintien de la sécurité publique via la vidéo pour la police judiciaire, ou pour la télémédecine via le transfert d’images haute-résolution pour les services d’urgences médicales.

Un système de communication commun à l’ensemble du continuum de sécurité et de secours

Le retour d’expérience du traitement des crises opérationnelles ces dernières années, tant dans le domaine de la sécurité publique que dans celui du secours aux personnes et aux populations, démontre l’importance de l’interopérabilité entre forces, désormais bien identifié comme un enjeu majeur du traitement opérationnel des crises.

Il convient d’insister sur le fait que le RRF est destiné à l’ensemble des forces de sécurité intérieure et des unités en charge du secours aux personnes au niveau étatique et dans les collectivités territoriales (gendarmerie, police, moyens nationaux de la sécurité civile, administration pénitentiaire, douanes, forces armées, sapeurs-pompiers, polices municipales etc.) dans le but de faciliter la communication d’informations internes mais également transversales.

Objectifs 2023 et 2024

Le calendrier s’accélère pour le RRF. Après la phase d’étude, déjà réalisée, et l’expression des besoins, en cours de finalisation, la phase opérationnelle débutera à l’automne 2020 avec les premiers appels d’offre publiés d’ici la fin de l’année. L’année 2021 sera cruciale : les partenaires seront sélectionnés afin que le déploiement d’un premier niveau de service RRF débute en 2022.

Par son ampleur, le projet nécessite le concours de nombres de partenaires institutionnels et ministériels, qui travaillent conjointement pour mener à bien le déploiement du RRF dans les délais prévus. Ministères de la justice, des armées, des transports mais aussi douanes, SDIS, administrations pénitentiaires et OIV sont associés au projet. S’ajoute l’ensemble des acteurs associés à l’organisation de grands évènements sportifs internationaux, à l’image de la coupe du monde de rugby 2023 ou des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, qui bénéficieront de la performance de ce nouveau réseau. Enfin, dans les prochains mois, de nouveaux partenaires rejoindront les travaux de conception et de mise en œuvre de ce nouveau réseau parmi lesquels les polices municipales, les associations agréées de protection civile et les sociétés de sécurité privées

Le RRF aura vocation à s’adapter, à évoluer et à être en capacité de répondre à de nouveaux enjeux et besoins pour apporter toujours plus d’agilité aux forces opérationnelles. La crise actuelle du COVID-19 est un reflet criant de cette nécessité de construire un système capable de faire face à des situations inédites, qu’elles soient sanitaires, environnementales ou sécuritaires.

Cette capacité d’évolution technologique sera essentielle lorsque le RRF devra basculer vers la 5G. Dès lors, des enjeux de souveraineté numérique doivent être soulevés et anticipés. Il est vital de nous assurer de la maîtrise des systèmes d’information, des architectures et des données afin de préserver l’autonomie numérique de l’État et sa sécurité. Alors que les opportunités sont immenses, le RRF sera l’un des piliers qui concourra à conforter la souveraineté numérique de notre Nation.