Les industriels de la sécurité sont prêts à relever le défi de 2024 !

En signant, en qualité de Président du Comité Stratégique de Filière (CSF) Industries de Sécurité, au nom des industriels, avec les ministères de l’Economie et de l’Intérieur, le contrat stratégique de la filière « industries de sécurité » à Lille, le 30 Janvier dernier, je rappelais avec conviction que cette filière est au cœur des enjeux de souveraineté de notre pays.

Six mois plus tard, en tant que président nouvellement élu du GICAT (Groupement des industries françaises de Défense et de Sécurité terrestres et aéroterrestres), et après la crise aiguë COVID que nous avons vécue, je mesure à quel point la sécurité des grands évènements à venir (La coupe du monde de rugby en 2023 puis Jeux Olympiques et paralympiques en 2024) reste un enjeu majeur, mobilisateur et fédérateur pour le GICAT et ses 280 adhérents.

C’est en partageant une vision commune et en affichant des objectifs convergents que nos industriels relèveront ce réel défi de livrer des Jeux festifs et sûrs, économes des deniers publics.

Ce succès illustrera, j’en suis certain, la capacité qu’a notre industrie de sécurité à unir ses entreprises et montrer son savoir-faire, contribuant ainsi au rayonnement international de notre pays.

Marc Darmon, Président du GICAT, Président du CSF « Industries de sécurité », Directeur Général Adjoint Thales

Avec plus de 280 adhérents en 2019, le GICAT incarne la diversité et la vitalité des secteurs de la défense et de la sécurité terrestres et aéroterrestres. Véritable catalyseur de l’excellence française au service de la défense nationale et de la sécurité intérieure, résolument tourné vers l’avenir, le groupement et ses membres se sont engagés dans une réflexion profonde dès la validation de la candidature de la France pour accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Après plus de 5 millions d’euros déjà engagés par ce tissu industriel en faveur des travaux autour de la sécurisation de cet évènement hors norme, le groupement appelle aujourd’hui à une accélération dans la prise de décisions et la mise à disposition de budgets par l’Etat afin de lancer les expérimentations au plus vite. Un seul objectif : être prêts, collectivement, dès 2023 !

Rencontre avec le Général (2s) Jean-Marc Duquesne, Délégué Général du GICAT et Gérard Lacroix, Délégué Général adjoint Sécurité

L’ensemble des travaux réalisés par le groupement depuis 10 ans, trouve sa traduction dans la signature, en janvier dernier, du contrat stratégique de filière (CSF) « Industries de sécurité ». Elle couvre un large périmètre qui s’étend de la cybersécurité à la lutte contre le terrorisme, en passant par la sécurité des territoires ou la protection des infrastructures et des réseaux. Avec un chiffre d’affaires de 25 milliards d’euros et 151 000 emplois, les bases économiques de la filière sont solides.

Parmi les cinq projets structurants identifiés par le CSF, le GICAT est un acteur majeur sur deux d’entre eux : la sécurité des grands événements et des JOP Paris 2024 et l’axe « territoires de confiance » qui a pour objectif d’assurer un leadership français éthique sur la sécurité de la ville intelligente et connectée.

Fédérer les énergies et les compétences

Le GICAT s’est attaché à offrir un lieu neutre d’échanges et de débats, pour rassembler, accompagner et soutenir l’ensemble de la filière. C’est avec une vision commune et des objectifs convergents que les entreprises tricolores avancent collectivement.

Nos industriels, tantôt partenaires, tantôt concurrents, jouant dans des équipes quelques fois opposées sur le terrain de la guerre économique internationale dans laquelle nous devons quotidiennement manœuvrer, ont choisi de se réunir, pour aborder la sécurité des JOP 2024 avec une équipe de France, forte, soudée et en capacité de répondre à ces enjeux majeurs grâce à des technologies innovantes, mais éprouvées, valorisant l’excellence française. Nous espérons que l’Etat les choisira pour accompagner la France dans la sécurisation de cet évènement extraordinaire.

Dialogue et confiance

Partis d’une page blanche, tout était à construire. C’est ainsi que nous avons initié lors des 18 derniers mois, de nombreuses actions avec toutes les parties prenantes à l’organisation des JOP 2024 : Etat, organisateurs des Jeux, acteurs de la puissance publique, élus…

Commencer par établir un dialogue, bâtir une relation de confiance est essentielle pour que le processus de co-construction puisse se réaliser pleinement. L’héritage des Jeux au service des citoyens n’en sera que renforcé.

C’est en associant nos forces, nos idées et nos compétences que nous relèverons ce défi.

Par ailleurs, dès lors que les élections municipales auront eu lieu, nous prendrons attache avec les élus afin d’entamer ou de poursuivre le dialogue en faveur de cette co-construction. Cela nous permettra d’avancer ensemble lors des expérimentations, sur les dossiers stratégiques communs et de prendre des décisions concertées pour le bien commun.

Un calendrier contraint et des crédits attendus

Le consortium industriel a présenté en novembre dernier une première proposition d’études et d’expérimentations. Nous venons de franchir en ce mois de juin une nouvelle étape en présentant à l’Etat la constitution de l’offre générique de la filière. Le calendrier initial a bien entendu été modifié compte tenu de la crise COVID-19, mais nous tenons le cap.

L’approche française que nous avons développée est nourrie de réflexions ouvertes sur le monde. Ainsi, si nous tenons compte des retours d’expériences partagés par nos amis britanniques, il faut entre 7 et 8 ans pour bien préparer des Jeux. Nous n’avons que 3 ans et demi devant nous. Ceci n’est pas encourageant. Le calendrier contraint, bousculé, ne nous est pas favorable et nous oblige à réagir vite. Nous allons donc devoir redoubler d’efforts pour être plus performants. La concentration des lieux de vie et des épreuves devrait cependant faciliter un peu notre mission.

Certaines étapes telle que la Recherche et Développement vont par ailleurs nécessiter du temps et des budgets. Les industriels français ont d’ores et déjà investi depuis le lancement des travaux près de 5 millions d’euros. Aujourd’hui, pour entamer les prochaines étapes et tenir les délais, l’Etat doit déléguer des crédits. Le milliard d’euros estimé nécessaire par les industriels de la filière doit être cadencé et pris en compte dans les lois de finances à venir jusqu’en 2024. Dès cet été, des crédits doivent être débloqués, notamment dans le cadre du plan de relance national post Covid.

Les premières expérimentations

Les industriels sont prêts à lancer les expérimentations, et le plus tôt sera le mieux. 2021 devra conduire à une analyse de ces démonstrateurs, 2022 sera l’année de la mise en production pour être prêts en 2023 et totalement opérationnels en 2024. Nous avons lancé une logique de conduite et de planification. Anticiper et se préparer autour d’une programmation pluriannuelle est essentiel si nous voulons réussir la sécurité de l’évènement.

Les premières expérimentations devraient porter sur la gestion des foules et de lutte contre le terrorisme lors du tournoi de tennis « Roland Garros » qui se tiendra du 20 septembre au 4 octobre, suivies par celles confirmées lors des deux matchs de l’équipe de France de rugby en novembre 2020 contre l’Australie et la Nouvelle Zélande, à l’occasion de la tournée d’automne. Des tests en matière de protection contre le risque sanitaire seront aussi effectués. L’association de la filière de sécurité privée à ces expérimentations sera un point auquel nous serons très attentifs. L’apport de la technologie est essentiel pour rendre la sécurisation de l’évènement plus efficace encore, mais elle permettra aussi une économie substantielle en termes d’effectifs aussi bien pour la sécurité publique que pour la sécurité privée. La cybersécurité et les drones devraient faire l’objet de mesures spécifiques en 2021.

Pour ce qui concerne les centres de commandement, nos industriels sont déjà très investis sur ce sujet. Il s’agit par ailleurs d’un domaine qui bénéficie de travaux conjoints avec l’axe « Territoires de confiance » de la filière Industries de sécurité.

Des mesures exceptionnelles attendues

L’anticipation, la sensibilisation, le rétroplanning sont essentiels. Sans cela, la France sera contrainte d’acheter dans l’urgence des dispositifs qui seront de facto sur étagère, produits par des concurrents chinois, israéliens ou américains. Les Jeux 2024 doivent être une vitrine pour l’excellence française en matière de sécurité. Nous avons l’opportunité de générer une dynamique économique unique. D’autant que nous disposons de technologies de très haute qualité, de compétences humaines que l’on nous envie par le monde. L’industrie est prête, engagée et volontaire. L’Etat doit s’engager lui aussi pour que la France se réapproprie une chaîne de valeur structurante.

A évènement exceptionnel, réglementation exceptionnelle voire législation exceptionnelle.

Il n’est pas question de s’affranchir de la loi et notamment celle qui régit le code des marchés publics, mais nous devons adapter notre cadre légal pour que le volet stratégique que représente la sécurisation des JOP 2024 sur le sol français soit l’œuvre d’entreprises nationales. Dans un calendrier contraint, nous aurons inévitablement besoin de souplesse et de réactivité. Il s’agit d’un point clé qui doit être traité en 2020. Du côté des industriels, les grands groupes se sont engagés à laisser 30% des marchés aux PME.

Les JOP Paris 2024 doivent être une vitrine pour notre base industrielle et technologique de sécurité française voire européenne. Ces Jeux sont un champ d’application remarquable du continuum de sécurité, concept encore un peu trop théorique. En associant un cadre légal rénové et une réelle souplesse à l’excellent état d’esprit des industriels, leur motivation et leurs moyens, nous pouvons réussir. D’autant que la crise COVID-19 replace plus que jamais l’enjeu de souveraineté comme pilier de notre survie. La fiabilité des solutions de confiance et leur disponibilité sont deux éléments majeurs qui remettent en cause la dépendance aux pays extra-européens dont les conséquences peuvent s’avérer dramatiques comme nous le démontre la crise sanitaire mondiale. Pour la compétition des JOP 2024, nous ne pouvons pas prendre ce risque. Les enjeux de souveraineté sont apparus primordiaux et il est désormais temps d’agir pour assurer cette capacité d’indépendance et d’autonomie stratégique à notre pays.

Nous sommes en ordre de bataille et en capacité d’apporter notre pierre à l’édifice pour que ces Jeux restent dans un esprit festif, les plus sûrs et les plus rassembleurs.