Relancer l’exportation : Action !

La crise sanitaire a mis un coup d’arrêt à la dynamique française d’exportation. Aussi, sur les 100 milliards d’euros du plan de relance, 247 millions sont consacrés au financement et à l’accompagnement des PME PMI à l’export pour la période 2020-2022.

Soutenir la dynamique d’exportation des petites entreprises est une priorité pour la sortie de crise. Les premières mesures sont en place depuis le mois d’octobre. Elles seront toutes opérationnelles au 1er janvier 2021.

Par Simon DOUAGLIN

En 2019, la situation économique française à l’export était sensiblement positive avec une croissance de 3% des exportations de biens et une augmentation du nombre d’exportateurs de 1800 en 2018 et de 3900 en 2019. « L’an dernier nous avons atteint 129 000 entreprises exportatrices. Un succès après 15 ans de stagnation. » indique Frédéric Rossi, directeur général délégué de Business France en charge de l’export.

Membre de la Team France Export (TFE), aux côtés de Bpifrance, des CCI et des régions, Business France déplore l’inversion de la tendance avec la crise, mais tous réaffirment leur positionnement stratégique et lancent de nouvelles initiatives.

« Tout l’écosystème de la Team France Export a été mobilisé pour s’adapter à la situation. En s’appuyant sur les ressources des régions, sur les outils digitaux et sur le renforcement des VIE, les entreprises disposent d’une offre de service et d’un soutien financier important permettant de s’adapter à l’évolution de la situation. Dès 2021, il faut pouvoir réattaquer largement les marchés afin de rattraper le retard. » partage Frédéric Rossi.

Visibilité et outils stratégiques

Pour partir à la conquête de nouveaux marchés, les entrepreneurs ont besoin de visibilité. Mais depuis le début de la crise sanitaire, les entreprises « ne parviennent pas toujours à assurer leurs contrats. Les marchés sont plus volatiles et près de 20% des entreprises n’ont pas repris leurs démarches de prospection qu’elles ont stoppées au 2e trimestre » précise Frédéric Rossi. « Globalement les échanges sont ralentis en raison de l’augmentation des barrières douanières. Mais chaque pays est différent et à l’inverse, des fast-track ont aussi été mis en place pour certains produits. »

L’enjeu aujourd’hui : accompagner les entreprises avec la mise à disposition d’outils simples, efficaces et intuitifs. « Nous avons créé une cartographie précise et actualisée sur la situation politique, sur les nouveaux acteurs émergeant et sur les nouveaux circuits de distribution pour pouvoir saisir les opportunités. L’avenir du nouveau commerce international s’invente dès maintenant. » déclare Frédéric Rossi.

Cartographie en temps réel des marchés et des secteurs avec des cartes interactives « Info Live Marchés » et « Info Live Secteurs », programme de 200 webinaires d’information, bibliothèque de documents sectoriels et géographiques, « alertes marchés » et « business opportunities » côtoient un panorama actualisé des projets et appels d’offres sur un couple secteur/pays lui-même accompagné d’analyses réglementaires, le tout accessible en un clic via son compte personnalisé de l’exportateur.

La Team France Export entend aussi accompagner les petites entreprises dans leurs démarches d’approche commerciale : soit par la participation à des salons, soit par la digitalisation de l’offre de services. Un « Chèque Relance Export prendra en charge jusqu’à 50 % des frais de participation à un salon international ou à l’achat d’une prestation de projection collective ou individuelle (dans la limite d’un plafond). 15 000 prestations pourront ainsi être subventionnées. » ajoute Frédéric Rossi.

L’atout de la jeunesse

La jeunesse de France a aussi son rôle à jouer et pourrait se révéler être un atout pour les PME/PMI et ETI qui souhaitent rapidement retisser des liens commerciaux. « Soutenir l’agent commercial sur place par un jeune en contrat VIE, parlant la langue locale et connaissant les enjeux, est un atout important notamment pour vendre des produits à faible valeur ajoutée et dans le même temps maintenir une pression sur les marchés locaux. C’est un gain de temps précieux pour les agents commerciaux notamment en Inde, en Hongrie, en Italie. De même, au Brésil, les VIE ont été d’une très grande utilité pour décrocher une autorisation de candidater à tous les appels d’offre brésiliens sans être mis en concurrence. » explique Romain Le Berre, directeur commercial Nexter Robotics. A ce titre, le « Chèque Relance VIE » proposé par la TFE, permet une aide financière à hauteur de « 5 000 euros par VIE,limité à 2 VIE par entreprise sur la période 2020/2021 ».

La bataille de l’image

Conquérir de nouveaux marchés nécessite aussi de remporter la bataille de l’image. Si les entreprises françaises bénéficient déjà d’une attractivité singulière entretenue par les marques Choose France et la French Fab, une campagne de communication d’envergure devrait être lancée rapidement ciblant des pays prioritaires comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Chine, le Japon, la Corée, et certains pays d’Afrique. « Une première action emblématique de cette campagne pourrait être la réalisation d’une grande expérience en réalité virtuelle utilisant les technologies de nos champions nationaux permettant aux « passagers » VIP internationaux de s’immerger dans quelques-uns des 120 produits et technologies « made in France» présentés à l’Élysée en janvier dernier. » détaille Frédéric Rossi.

Le financement

Bpifrance réaffirme son rôle de financeur et de garant. Depuis le 31 mars 2020, les entreprises exportatrices bénéficient du renforcement du dispositif de cautions et préfinancements export pour faciliter et maintenir la réalisation de leurs projets à l’export, de l’élargissement du dispositif Cap France export de réassurance des crédits export de court-terme et de l’extension d’un an de la période de prospection couverte par les assurances prospection. Bpifrance, souhaite également accélérer la démocratisation du recours au crédit export afin d’augmenter les contrats commerciaux export via le déploiement d’une offre de financement de projet.

Les grandes actions sectorielles

Le plan de relance consacre sept filières industrielles pour lesquelles le soutien aux petites entreprises de la filière sera décisif : aéronautique, automobile, ferroviaire, logistique, maritime, sécurité et cybersécurité.

Pour la filière aéronautique, ce plan représentera « plus de 15 Mds d’aides, d’investissements et de prêts et garanties, dont 7 Mds pour Air France. » Objectif : soutenir cette « industrie du temps long » et éviter la perte des savoir-faire à court terme. Un soutien articulé autour de trois axes : le soutien en urgence aux entreprises et aux salariés en difficulté, l’investissement dans les PME/PMI pour transformer la filière et l’investissement dans la R&D. « 1,5 Md d’aides publiques sur les trois prochaines années sera investi pour soutenir la R&D et l’innovation du secteur dans la durée » notamment en vue de développer l’avion décarbonné.

Reconnue comme filière d’excellence, la filière de sécurité française profite également de ces mesures de soutien. « L’accompagnement de la Team France Export est important pour notre entreprise, car cela permet d’accompagner notre réseau commercial dans sa dynamique de prospective. Nous organisons mutuellement des démonstrations vidéos opérationnelles et des séminaires en ligne afin d’étoffer notre réseau de distribution mais cela ne permet pas de compenser totalement les démonstrations physiques que l’on peut faire sur des salons. » complète Romain Le Berre. Ainsi, le plan de relance prévoit de mettre l’accent sur certains salons essentiels tels que le FIC, Milipol, Eurosatory ou encore l’European Cyber Week mais également de renforcer les échanges ciblés dans le cadre des French Security Days ou des Business Meetings. « Les French Security Days mis en place dans le cadre de la Team France export et soutenus par les attachés de sécurité intérieure sont aussi l’occasion de garder une visibilité commerciale avec des contacts plus approfondis. C’est une façon de compenser la perte des salons à court terme mais ce n’est pas une solution pérenne. » ajoute Romain Le Berre.


La filière de sécurité pourrait sortir gagnante de la crise. « Le secteur de la Sécurité et de la Défense est un moteur français à l’export et continue de répondre à la demande. Il pourrait voir arriver des groupes de l’aéronautique cherchant à se diversifier, ce qui pourrait être une importante source de dynamisme. Le matériel français est reconnu en OPEX pour sa grande qualité. On peut imaginer à l’avenir, la mise en place de partenariats avec le GICAT, le GIFAS ou le ministère de l’Intérieur. » précise Nicolas Sestier, chef du service industrie chez Business France.

Véritable priorité politique, le plan de relance doit « raviver la confiance, l’envie d’international, et mobiliser des solutions fortes, simples et innovantes à destination des entreprises. »

L’ensemble des mesures du plan de relance Export est accessible sur le site teamfrance-export.fr