La sécurité au cœur des prochaines élections

Alors que des actes violents, impliquant parfois des jeunes, se sont multipliés ces dernières semaines, la question de la sécurité est replacée au cœur des préoccupations des Français à l’horizon des prochaines élections régionales et présidentielles. Une attention portée aux questions sécuritaires accentuée par la crise sanitaire et ses conséquences sociales comme le révèle la 19e édition du « Baromètre Fiducial de la Sécurité des Français » réalisée par Odoxa. Bien que la lutte contre la délinquance ne soit pas une prérogative directe des régions, le sentiment d’insécurité ressenti par plus de six Français sur dix pèsera sur le contenu des urnes en juin prochain.

Par Philipine Colle

Une fragilisation de la jeunesse synonyme d’augmentation de l’insécurité 

Les faits divers dramatiques impliquant une population très jeune ont émaillé lactualité récente, incitant à remettre la jeunesse au cœur des questions sécuritaires. Particulièrement touchée par les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire, la jeunesse fragilisée, qui nourrit un sentiment d’abandon de la part des pouvoirs publics est un terreau fertile pour la colère et la violence. Avec les mesures de lutte contre la propagation de la pandémie, les relations sociales de 64% des plus jeunes se sont fortement détériorées, 55% d’entre eux, soit 3 points de plus que la moyenne des plus âgées, estiment que la prise en compte de leur situation par le gouvernant est lacunaire.

En conséquence, la majorité des jeunes, 54%, rencontre des problèmes psychologiques comme un état dépressif ou une forte baisse de moral, ce qui correspond à un niveau supérieur de 10 points à celui des 35 ans et plus. Isolés, les jeunes sont également davantage précarisés que leurs ainés et disent subirent de plus fortes difficultés en termes d’emploi. En effet, 34% d’entre eux déclarent faire face à un assombrissement de leurs perspectives professionnelles contre 29% des plus de 35 ans dont la carrière est déjà lancée.

Devant l’augmentation de ces diverses difficultés et face au marasme qui touchent les jeunes générations, 84 % des Français craignent une hausse de la délinquance. Les jeunes eux-mêmes partagent majoritairement cette crainte et estiment, pour 62% d’entre eux, que la prévention en matière de sécurité à destination de leur génération est insuffisante dans les politiques publiques. Ainsi, si la situation sanitaire n’est pas la seule cause de l’amplification des phénomènes violents chez les jeunes, elle pèse fortement sur l’appréhension des questions sécuritaires des Français. Davantage inquiet quant à la délinquance juvénile violente, l’électorat se positionne pour un renforcement des mesures, telles que l’abaissement de la majorité pénale de 18 à 15 ans souhaitée par 68% des plus de 35 ans et 61% des 18-34 ans, et adaptera son vote aux propositions des candidats en la matière.

Un thème de campagne majeur

A l’horizon des prochaines élections régionales et présidentielles, 78 % des Français affirment aujourd’hui que les propositions sécuritaires occuperont une place importante dans la détermination de leurs préférences électorales. Lintérêt porté à la sécurité semble désormais concerner tous les électorats indépendamment de leur préférence partisane. Le fractionnement gauche – droite, prégnant il y a quelques années, sur les questions sécuritaires s’atténue et le sujet est considéré comme crucial par tous les Français. Ainsi 75% des électeurs se déclarant sans proximité partisane accordent de l’importance au sujet de la sécurité. Un taux qui atteint 70% des sympathisants d’Europe Ecologie Les Verts, 71% des partisans du Parti Socialiste, 76% de l’électorat de La France Insoumise, 84% de celui de La République En Marche, 85% des sympathisants des Républicains et 89% de l’électorat du Rassemblement National. Dès lors, une majorité de Français regrette que les candidats des prochaines élections régionales n’abordent pas assez la lutte contre la délinquance dans le cadre d’une campagne menée de façon inédite et jugée insuffisamment convaincante quant à la thématique sécuritaire par 74% de la population. Un point entendu par certains politiques qui entendent faire de la sécurité l’un des piliers de leur mandat s’ils sont élus. Des débats sont organisés par ces derniers comme le candidat Laurent Saint-Martin, La REM, qui entend créer la première police régionale de France en IDF ou encore Xavier Bertrand, qui se pose en candidat de la sécurité à la Présidentielle, et entend, entre autre chose, en finir avec « l’impunité » des délinquants, en particulier celle des mineurs.

La sécurité à l’échelon régionale plébiscitée

Bien qu’elle ne soit actuellement pas une prérogative régionale à part entière, la sécurité est un thème plébiscité par les Français qui approuveraient à une écrasante majorité, 86%, l’élargissement des compétences des collectivités territoriales dans le domaine. Alors que les inquiétudes concernant les violences juvéniles sont grandissantes et que la majorité de la population juge la sécurité dans leur région perfectible, un renforcement de la prévention et des dispositifs de protection est sollicité auprès des régions ayant la main sur les lycées et les transports. Les conseils régionaux pourraient alors financer des dispositifs de vidéo surveillance et des systèmes d’alerte dans les transports en commun et mettre en place des missions de médiation scolaire auprès des plus jeunes via la création de brigades spécialisées. 67% des Français s’estiment, par ailleurs, favorables à l’instauration de brigades de police régionales pour lutter contre l’insécurité dans ces lieux très fréquentés qui représentent une source importante de danger ressenti quotidiennement.

Ainsi, les Français dont les inquiétudes augmentent face aux violences accrues attendent des solutions concrètes tant en matière de prévention et d’action sociale que de sévérité envers les délinquants et font de la sécurité un enjeu au cœur des élections à venir.