Du 8 au 10 juin, le salon ShieldAfrica, parrainé par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité ivoirien réunit, à Abidjan, les acteurs étatiques et privés de la sécurité et de la défense dans le but de faire face aux nouveaux enjeux posés par la croissance des métropoles africaines. Plus de 10 ans après la création d’une filiale basée à Dakar, le Groupe Deveryware dont 80% du chiffre d’affaires à l’exportation est réalisé sur le continent souhaite faire de l’année 2021 l’année de l’Afrique. Rencontre avec David Boisseau, Directeur export du groupe.
Par Philipine Colle
Une expertise adaptée aux besoins africains
Continent d’avenir, l’Afrique connaîtra dans les prochaines années une croissance exponentielle tant sur le plan démographique, avec une population amenée à doubler d’ici 2050, que sur le plan économique. Ces bouleversements engendrent de nouveaux usages et menaces comme l’explique David Boisseau : « Le dénominateur commun au développement de l’Afrique est l’importance de la téléphonie mobile. Avec une population jeune et très mature en termes de technologies, la téléphonie mobile est un outil au développement de l’économie du continent. Véritable opportunité quand elle est utilisée massivement pour les communications comme pour les paiements, cette technologie peut aussi représenter une faille pour la sécurité des Etats et des populations ». Si la technologie mobile facilite l’action des personnes malveillantes et multiplie les risques d’escroqueries, elle est aussi un outil privilégié de la lutte contre ces dernières. « Le groupe Deveryware est le numéro un français dans le domaine de la sécurité des Etats en termes de recherche de preuve via la téléphonie mobile. La croisée des compétences historiques du groupe en géolocalisation et des expertises transversales acquises avec la création des filiales qui ont rejoint le groupe plus récemment en font un acteur proposant des solutions adaptées aux besoins de l’Afrique. Dans les domaines de la téléphonie, de la data, de la gestion de crise, les enquêteurs africains ont besoin de solutions complémentaires » ajoute le Directeur export du groupe. Utilisée comme élément de preuve lors des enquêtes, la technologie mobile est également un support au travail judiciaire « Les ordinateurs ont un coût élevé. Or, tous les enquêteurs disposent aujourd’hui d’un mobile. Les solutions développées par le groupe s’adaptent donc aux usages des forces de sécurité locales à travers un format utilisable sur les téléphones » explique David Boisseau. Les solutions proposées par le groupe sont destinées tant au marché public et aux Etats qu’aux entreprises privées qui font face à un besoin pour la protection de leurs salariés face aux problématiques liés aux enlèvements notamment dans la zone sahélienne.
Une présence de longue date renforcée
L’entreprise très présente en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, suite à la création de la filiale Deveryware Afrique en 2010, souhaite aujourd’hui se développer en Afrique anglophone, plus à l’Est. Pour cela une augmentation des moyens humains est mise au service de la concrétisation d’une nouvelle vision de la commercialisation des produits sur le continent. Convaincu de la force du panafricanisme, le groupe souhaite développer une stratégie de commercialisation passant uniquement par la filiale africaine. David Boisseau détaille « Le savoir-faire en Homeland security français est transféré aux commerciaux africains basés à Dakar et chargés de vendre l’intégralité des produits du groupe sur le continent. Nous pouvons ainsi soumissionner aux appels d’offres locaux et émettre des factures en euros et en monnaie locale ».
Dans un objectif d’optimisation de la présentation des produits, le groupe a noué de nombreux partenariats avec des organisations locales. La co-création de la société Sequence Africa, basée en Côte d’Ivoire en est un premier exemple. Dédiée aux analyses de masse génétiques, à la promotion de la recherche, de l’intelligence artificielle et des laboratoires modulaires fixes et mobiles d’analyses biomoléculaires, la société dotée de l’outil Mobil’DNA, développé par la filiale Tracip du groupe Deveryware, participe à l’amélioration des capacités des forces de sécurité locales en matière d’analyse criminalistique et évite l’envoie de données, coûteux et chronophage, en Europe ou aux Etats-Unis. Les produits du groupe sont repensés pour une mise à disposition rapide. Ainsi, les pertes en termes de mobilité des outils sont compensées par leur facilité d’implantation, un facteur déterminant sur ce marché.
Un second partenariat, existe avec l’école ENVR (école nationale de cybersécurité à vocation régionale) née de la collaboration entre la Présidence de la république sénégalaise et la Direction de la coopération Sécurité défense du ministère des affaires étrangères français. Deveryware avec sa filiale Tracip assure un programme de formations forensic destinées à renforcer les capacités des États africains dans la lutte contre la délinquance, le terrorisme ou la radicalisation et à développer des moyens d’investigation numérique contre les cybercriminels. « Nous souhaitons reproduire ce modèle de partenariat, dans lequel nous aidons les forces de sécurité à mieux former leur personnel, dans tous les pays de la sous-région. Si les pays africains sont, dans le domaine du Homeland Security, plutôt bien doté matériellement, ils manquent cruellement de personnels bien formés à l’utilisation de ce genre d’outils » ajoute David Boisseau.
En direct d’Abidjan lors du Shield Africa qui se tient en ce moment même, Deveryware présente sa plateforme DeveryAnalytics Telephony Data, qui a notamment permis au groupe de remporter le marché de la Gendarmerie nationale française. Un RDV majeur qui sera sans doute le point de départ d’une conquête de l’Afrique anglophone et de l’Afrique de l’Est où l’entreprise souhaite commercialiser ses produits historiques comme ses innovations en matière d’analyse d’ADN.