Réinventer une sécurité éthique

L’ADN d’Axon se dessine avec l’histoire du TASER. Jack Cover, son inventeur et directeur de l’équipe scientifique de la société alors appelée TASER International, aspirait déjà, aux côtés de Rick Smith, à une réduction de la violence grâce à la technologie. C’est ce que poursuivent aujourd’hui Rick Smith et ses équipes à travers le monde, au coeur de la société devenue Axon : protéger la vie, en réinventant, sans cesse, la sécurité.

Par Estelle Alexandre

Un engagement pour la désescalade de la violence

« Le vœu pieu de notre fondateur est, qu’un jour, la balle devienne obsolète. Notre mission est avant tout de sauver des vies en développant des outils performants permettant d’éviter des drames » souligne Cathy Robin, directrice d’Axon France. Axon s’attache donc à développer des technologies à vocation dissuasive, mais aussi des technologies innovantes permettant la collecte de preuves numériques.

Le PIE (pistolet à impulsion électrique) TASER intègre désormais un micro-logiciel, Axon Evidence, enregistrant l’horodatage et l’utilisation détaillée de l’appareil. Ces informations récoltées au cours d’une intervention permettent de relever la durée d’un tir ou encore le type de cartouche utilisé. Les caméras piétons reprennent le même principe afin que les données soient potentiellement accessibles aux officiers de police judiciaire et les parquets de Justice.

Au-delà des spécificités techniques, la plateforme Axon Evidence représente également un réel gain de temps : « A Londres, la police envoie, via un lien sécurisé, les données et le rapport correspondant. Près de 5 500 fichiers sont échangés par mois entre la police et la Justice de Londres1. Cela représente à la fois un gain de temps et une économie matérielle, puisqu’il n’y a plus de support physique, permettant aux agents de passer plus de temps sur le terrain ». La SNCF côté SUGE utilise elle aussi Axon Evidence et partage, sur réquisition, avec les officiers de police judiciaire certaines données de manière numérique. « Ce sont des pratiques qu’il faudrait développer. Axon Evidence montre véritablement la voie à suivre en matière de numérique, pour ne plus graver de DVD ou utiliser des USB et ainsi rompre avec des méthodes de travail dépassées » observe Cathy Robin.

Des technologies de confiance

78% des Français estiment que les technologies rassurent la population lors des interactions avec les forces de l’ordre, et 76% sont davis que les technologies assurent le maintien de lordre tout en garantissant des interactions avec les autorités, selon la dernière étude menée par linstitut OpinionWay en avril 2021. 77% les voient également comme des manières plus efficaces de neutraliser les individus dangereux. Pour autant, « 46% des Français estiment que cette même technologie peut représenter une menace pour la liberté des citoyens et pour l’État de droit. Il faut donc répondre à cette inquiétude et encadrer légalement les outils dont les dépositaires de la puissance publique peuvent disposer dans l’exercice de leurs fonctions, ce qui vient d’avancer en France avec la nouvelle loi « sécurité globale » » pointe Cathy Robin. Une confiance construite grâce aux technologies de récolte d’images, lorsque 85% sont favorables au déclenchement automatique des caméras à la sortie d’une arme de son étui ou à la mise en route d’un PIE TASER, 83% plébiscitent les caméras embarquées et 82% approuvent la possibilité de soumettre des preuves vidéo de leurs smartphones aux forces de l’ordre. Le PIE TASER est plus populaire auprès des sondés, qui lui font confiance à 61%, contre 54% et 52% pour les armes à feu et les grenades de désencerclement. Néanmoins, les armes non létales inquiètent 62% des Français, pensant qu’elles pourraient être utilisées avec moins de précaution. Une formation et un accompagnement adaptés pour adopter de bonnes pratiques sont essentiels : « les bénéfices ressentis par les Français lemportent sur leurs préoccupations quant à ces technologies, et Axon investit également sur la formation notamment avec des modules de réalité virtuelle. » ajoute Cathy Robin.

Une intelligence artificielle éthique

L’éthique est centrale dans le déploiement des technologies. Les outils d’intelligence artificielle utilisés permettent d’assurer la confidentialité des personnes filmées, de manière à reconnaître un visage et le flouter automatiquement tout au long de la vidéo, sans jamais l’identifier, conformément au board éthique de la société. « Nous utilisons de plus en plus l’IA mais gardons une éthique forte. Nous refusons, par exemple, d’utiliser la reconnaissance faciale par manque de fiabilité et redoutons des erreurs lors de l’identification d’un suspect. Cela requiert également un cadre légal solide pour éviter des déviances sur les groupes ethniques, par exemple. Nous faisons également attention à la façon dont la technologie pourrait être employée, justifiant notre choix de ne pas l’utiliser pour le moment » explique Cathy Robin.

Passer le cap du cloud

« Il faut acculturer les futurs utilisateurs, leur démontrer les bénéfices du Cloud et leur expliquer qu’ils ont le droit de l’utiliser tout en respectant les textes de loi français. Administrativement parlant, la France devient archaïque dans son fonctionnement, d’où la nécessité d’éduquer les polices et les accompagner lors du changement » préconise Cathy Robin. Axon est l’une des rares sociétés à être certifiée au niveau fédéral aux États-Unis. Pour ce qui concerne l’Europe, les data-center vers lesquels les données sont déchargées sont situés sur le sol européen. Concernant les PIE, aucune donnée personnelle sur l’agent qui utilise ce dernier n’est stockée. Uniquement le numéro de série de celui-ci, l’horodatage et l’utilisation du PIE le sont.

Les données des caméras peuvent être, pour certaines d’entre elles, plus sensibles, cependant « nous travaillons sous couvert du RGPD, avec l’approbation de la CNIL et des préfectures ». Aujourd’hui, près de 80% des clients d’Axon utilisent le cloud, bien que le logiciel Axon Commander permette de stocker les données en local. « Nous encourageons l’utilisation du cloud car le logiciel est plus poussé en termes d’intelligence artificielle et aura davantage de perspectives d’évolution, avec la possibilité d’y ajouter de nouvelles fonctionnalités », comme la retranscription des vidéos en mode texte via la solution Axon Auto-Transcribe et leur traduction – qui sera proposée aux clients dès sa disponibilité en Europe – ou Axon Citizen, pour que les citoyens puissent poster des photos et des vidéos pour contribuer à la récolte de preuves.

La réalité virtuelle, future alliée de la sécurité et des agents

Axon souhaite développer la formation par la réalité virtuelle « afin de travailler sur la dissuasion et la résolution de conflits sans recours à la force. Nous collaborons avec des médecins, des spécialistes du comportement humain et les forces de l’ordre. Ce projet a permis d’élaborer différents scénarios sur l’autisme ou sur des personnes suicidaires, facilitant pour les gendarmes/policiers la compréhension et l’appréhension de la situation grâce au dialogue et à l’empathie » conclut Cathy Robin.

Alors que le projet de procédure pénale numérique annoncé par le ministère de l’Intérieur en 2018 devrait voir le jour en 2022, les outils numériques au service de la sécurité pourraient trouver un nouvel écho et voir leur adoption accélérée.

1 https://fr.axon.com/etudes-de-cas/etudes-de-cas/adopter-le-cloud/