Le Président de la République française l’a rappelé « Pour réussir à faire face aux grandes transformations migratoires, digitales, technologiques, nous avons besoin de plus d’Europe. (…) » Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères l’a souligné lors de son allocation à Washington le 14 juillet dernier « L’Union européenne dispose d’outils et de compétences pour agir. (…) Mais nous avons encore du chemin à parcourir pour prendre toute la mesure de certains enjeux où se jouent précisément l’avenir du modèle et des valeurs que nous défendons. (…) Notre ambition ne vise rien d’autre qu’à préserver notre propre capacité à faire nos choix, à vouloir continuer en Europe à être les seuls auteurs de notre propre histoire et à refuser de devenir les simples sujets de celle des autres. ».
Tout est dit… mais reste à faire !
Notre politique de souveraineté numérique doit être envisagée en conjuguant trois dimensions essentielles : une approche juridique, pour garantir un cadre protecteur des droits et libertés des citoyens, et réguler l’action des grands acteurs ; une approche économique pour stimuler le potentiel d’innovations des acteurs nationaux et encourager la constitution d’écosystèmes compétitifs et, enfin, une approche citoyenne, qui mobilise les populations.
Dans ce monde de plus en plus instable, l’enjeu est précis : l’UE doit être souveraine sur le plan numérique, dans un monde ouvert et interconnecté, et mener des politiques numériques qui mettent les personnes et les entreprises en mesure de s’approprier un avenir numérique axé sur l’humain, durable et plus prospère. Il s’agit également de remédier aux vulnérabilités et aux dépendances, et d’accélérer les investissements autant que l’émergence de talents.
La régulation du numérique avec la mise en place d’un modèle européen, la lutte contre la désinformation et la manipulation des réseaux sociaux mais aussi la construction d’une autonomie stratégique européenne seront au programme de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne qui débutera dans quelques mois. Si beaucoup attendent de celle-ci, rappelons qu’elle ne dure que 6 mois, et ne pourra se révéler l’aboutissement miraculeux d’enjeux si stratégiques et pour lesquels, il va falloir fédérer les 27 aux intérêts divergents… Mais si elle n’est pas une fin en soit, elle se veut être un catalyseur, en capacité de jouer le rôle d’accélérateur de particules sur une vision qui trouvera écho au sein de la Commission européenne et de quelques alliés.
Face à l’influence déployée par des acteurs publics et privés internationaux puissants, seul un cadre européen considéré de façon pragmatique pourra conduire à une posture efficiente afin de défendre les intérêts numériques européens.
Une souveraineté numérique est possible, à condition de nous donner les moyens de nos ambitions. Certes, les points d’équilibre sont souvent difficiles à trouver, entre protection des données et innovation, préférence européenne et ouverture sur le monde, numérisation et inclusion.
La voie européenne reste donc à construire, entre une puissance-contrôle à la chinoise et la puissance à quatre côtés américaine.
Bâtir une décennie numérique sûre, inclusive, durable et ambitieuse à l’horizon 2030 et promouvoir une autonomie stratégique autant qu’une souveraineté numérique et cyber avec force devrait être l’un des grands défis de l’histoire du 21e siècle, auquel nous devons prendre part.