Entre sanctions et discussions diplomatiques, l’issue du conflit plus floue que jamais…

Depuis 2014, la Russie vit sous les sanctions européennes et américaines. Décrétées à la suite de l’invasion par la Russie de la Crimée, elles ont été renouvelées après l’accusation par les Etats-Unis d’une ingérence russe dans la campagne présidentielle en 2016 et après l’empoisonnement par les Russes de l’opposant Navalny. Pour autant, rien ne semble avoir changé… Alors quel est l’impact réel de ces sanctions sur la vie quotidienne des Russes ? Sont-elles pertinentes ? Quelle sortie de crise envisageable ?

Doute sur la pertinence des sanctions

Les Américains et les Européens ont déclaré de nombreuses sanctions à l’égard de l’Etat russe et des proches du pouvoir. Ainsi, un embargo concernant certains produits et denrées alimentaires a été appliqué. Des proches de Poutine sont interdits de voyager dans certains pays et leurs avoirs sont gelés.

Selon Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe : « Ces sanctions n’ont pas eu d’impacts critiques majeurs de nature à compromettre la stabilité du pays. Cela a certes induit des adaptations et un changement dans le mode de vie des Russes, mais ils vivent désormais avec depuis 8 ans. Elles sont totalement intégrées dans la vie courante. » Valeria Faure-Muntian, députée, présidente du groupe d’amitié France-Ukraine à l’Assemblée nationale, ajoute : « Le haut niveau de résilience et de patriotisme des Russes fait qu’ils sont capables de tout, y compris de renoncer à beaucoup de choses. »

L’embargo européen sur certaines denrées alimentaires a depuis été détourné. Igor Delanoë note « Les Russes ont alors décidé de s’approvisionner en Afrique du Nord, au Moyen-Orient. Progressivement, certaines denrées qui venaient spécifiquement de l’Europe sont réapparues dans les rayons grâce à une fabrication sur place. »

Une potentielle levée de sanctions ?

Si la pertinence du maintien de ces sanctions semble de plus en plus contestée, les lever ne semble pas à l’ordre du jour de l’agenda européen. Igor Delanoë en témoigne « la levée de ces sanctions est conditionnée à la mise en œuvre des accords de Minsk. Les Ukrainiens sont les premiers à devoir commencer à appliquer ces derniers, mais ils n’y ont aucun intérêt. Ils les considèrent comme une menace à leur sécurité nationale. Ils savent aussi que cela se traduira par des levées de sanctions de la Russie ce dont ils ne veulent absolument pas entendre parler. »

La levée des sanctions devra se voter à l’unanimité par les Etats membres de l’Union européenne. Or, des pays comme la Pologne, les Etats baltes ou les Etats nordiques, dont la position est tranchée concernant la Russie, ne voteront pas en faveur d’une levée des sanctions dans un avenir proche.
D’autant que l’horizon s’assombrit plus encore, avec le conflit avec l’Ukraine et la menace d’un envahissement du territoire ukrainien par les Russes. Une situation d’enlisement qui pousse aujourd’hui plus les Européens et les Américains dans une logique de potentiel renforcement des sanctions qu’à l’inverse.

Quid du futur ?

Joe Biden n’a pas hésité à réagir avec fermeté concernant la potentielle invasion russe en territoire ukrainien. Sans entrer dans les détails il a déclaré que les « banques [russes] ne pourront plus commercer en dollars. » Une annonce qui a fait son effet… doublé de la menace de déconnecter la Russie du système de paiement international Swift, ce qui, une fois de plus, aurait des conséquences très importantes puisqu’une majorité des Russes ne pourraient plus faire de transactions financières à l’international. Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, reconnaissait toutefois le 20 janvier : « cette relation commerciale compte pour nous. »

Conseil de sécurité des Nations Unies
Les Etats-unis viennent enfin d’annoncer officiellement qu’ils n’iront pas dans le sens de la Russie sur leur demande principale, à savoir fermer les portes de l’OTAN à l’Ukraine.

L’Allemagne de son côté déclare par le biais de la cheffe de sa diplomatie Annalena Baerbock, membre du parti écologique, vouloir viser le gazoduc Nord Stream 2 en cas d’invasion russe en Ukraine. Si la question est largement controversée au sein de la vie politique allemande, les Américains abondent en ce sens : « Je veux être claire avec vous aujourdhui: si la Russie envahit lUkraine, dune manière ou dune autre, Nord Stream 2 nira pas de lavant », a, pour sa part, déclaré Victoria Nuland, numéro trois de la diplomatie américaine.

C’est au tour de la Chine d’entrer dans la danse. L’empire du Milieu vient d’apporter publiquement son soutien aux « préoccupations raisonnables » de Moscou pour sa sécurité…

Aujourd’hui, lundi 31 janvier, se tient à la demande de Washington, qui s’attend à une attaque imminente de Moscou sur le sol ukrainien, une réunion publique du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU). L’Union européenne, elle, au travers de la visite du vice-président, Valdis Dombrovskis, souligne une nouvelle fois son soutien sans faille à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.