« La vocation de la France est d’être une puissance stratégique »

Prenant acte de l’invasion du territoire ukrainien par les forces armées russes, Valérie Pécresse, la candidate du parti les Républicains à l’élection présidentielle, a présenté hier son programme en matière de défense. Affirmant sa solidarité au peuple ukrainien et appelant à tout faire pour obtenir un cessez-le-feu, elle a indiqué ne pas vouloir faire preuve de « légèreté » concernant la dissuasion nucléaire de la France, « clé de voute » de sa doctrine. Celle pour qui le pays doit être « une puissance stratégique », grâce notamment « à son armée d’emploi » assure que la défense est « une idée globale ».

Par Corentin Dionet

« L’autonomie stratégique européenne ne peut pas se construire contre lOTAN ou sans l’OTAN » selon Valérie Pécresse qui n’a pas caché sa volonté de rester au sein du commandement intégré de l’Alliance, tout en précisant : « alliance ne signifie pas allégeance ». Elle a par ailleurs affirmé son ambition de « restaurer limage et la place de la France sur le continent africain » par le biais de « missions ponctuelles avec des objectifs clairs et limités », tout en « renforçant les bases et augmentant le nombre de forces pré-positionnées ».

« Une revue flash de la loi de programmation militaire »

Parmi les annonces phares délivrées par la candidate, on peut citer sa volonté de lancer l’écriture d’un nouveau livre blanc « doté d’une stratégie intégrée », à horizon 2030 dans sa dimension opérationnelle et à 2050 pour l’aspect « stratégique ». L’objectif est de parvenir à mener une revue stratégique régulière, alors même que le dernier livre blanc date de 2013. A cela viendra s’ajouter « une revue flash de la loi de programmation militaire (LPM) », que Valérie Pécresse s’engage à financer.

Elle affirme : « Notre armée est à la hauteur qualitativement, mais pas quantitativement » dénonçant particulièrement les « insuffisances » dans le domaine du transport de troupes. C’est pourquoi la candidate souhaite faire un « effort financier » pour accroître les capacités des Armées en termes d’entraînements, de munitions et de « petits équipements » qu’elle juge « vitaux ».

La volonté de « combler les trous capacitaires » dévoilée dans ce discours prend notamment racines dans les constats et propositions du rapport parlementaire déposé, le 17 février dernier, par les députés Mirallès et Thiériot à l’Assemblée nationale. Valérie Pécresse, qui dit partager les conclusions des députés, confie vouloir trouver un équilibre « entre rusticité et haute technologie », optant pour un renforcement des défenses françaises en matière de cyber mais également dans le secteur des drones. Ainsi, si elle est élue, elle souhaite que le budget de la défense atteigne 65 milliards d’euros en 2030, soit bien plus de 2% du produit intérieur brut français. Un effort financier qui se chiffrerait à hauteur de 108 milliards d’euros, avec l’ambition de venir en aide à notre écosystème de défense et notre industrie.

Miser sur lindustrie de défense

Plus qu’un refinancement de l’armée, Valérie Pécresse souhaite améliorer son fonctionnement, favorisant des « boucles de décision courtes », « tenant compte des réalités ». Pour cela, il faudra s’appuyer sur l’industrie de défense française et coopérer au niveau européen. Sans pour autant voir « exploser les cours ni perdre des actifs stratégiques ou notre indépendance à l’export ».

Le Buy European Act serait donc défendu à Bruxelles si la candidate LR devenait Présidente. Ce à quoi on associerait un soutien à l’innovation – notamment à l’AID – et une simplification des mécanismes d’achat public pour garantir l’agilité technologique et industrielle. Surtout, une cellule interministérielle serait chargée de la remontée en puissance de l’industrie de défense française, s’appuyant en particulier sur la Direction générale de l’armement (DGA). « Nous devons rendre au régiment une partie de ses équipements, car le soldat se bat mieux avec un matériel quil peut appeler sien. » Cerise sur le gâteau, Valérie Pécresse a confirmé que l’industrie de défense ne serait pas entravée par la taxonomie européenne qu’elle réfute.

Par ailleurs, la candidate s’est engagée en faveur de la préservation du régime spécial des retraites pour les forces armées et d’un accompagnement renforcé pour les blessés et les familles endeuillées. De plus, elle souhaite accompagner les militaires dans leur mobilité géographique, facilitant l’accès aux crèches pour leurs enfants. Elle s’est, en revanche, opposée à la mise en place de la directive européenne relative au temps de travail des Etats membres, que la France ne souhaite pas voir s’appliquer aux militaires.