Les communications par satellite sous-tendent quasiment tous les aspects de notre vie quotidienne. L’apparition de la 4G, et déjà de la 5G dans certains pays, ouvre la possibilité d’expérimenter de nouveaux usages liés à ce potentiel, en s’appuyant sur la puissance de calcul des smartphones et tablettes, des capteurs de nature diverses, et demain, des outils de collecte et d’analyse massive de données. Le secteur des communications critiques, notamment pour les forces de sécurité publique, évolue ainsi vers l’ère du très haut débit, associant interopérabilité et développements applicatifs aussi intuitifs que sécurisés.
Par Elisabeth de France
Préparer efficacement les communications de demain
Avec l’arrivée des technologies à très haut débit telles que la 4G et la 5G, les organisations de sécurité publique peuvent désormais bénéficier de nouveaux services centrés sur les données, tels que la vidéo, l’Internet des objets (IoT) et l’analytique.La plateforme de communication intégrées Agnet d’Airbus « prend en charge les services vocaux, la messagerie instantanée, les communications vidéos, les services de localisation et diverses applications critiques pour les utilisateurs finaux. Agnet a été développée pour permettre aux opérateurs de services de tirer le plein potentiel des réseaux à très haut débit » explique Jarmo Hakkinen, vice-président en charge de la stratégie et du portefeuille de produits chez Airbus Secure Land Communications (SLC).
Aussi, sera-t-il possible de recevoir et d’envoyer des vidéos en temps réel vers et depuis les lieux d’intervention, de les analyser depuis le centre de commandement afin de prendre les décisions nécessaires plus rapidement. « Nous offrons la possibilité aux opérationnels de disposer des services voix et données en continu dans un environnement très haut débit. Agnet permet aussi le partage de messages et d’images en haute définition, la géolocalisation et le Push-to-Talk, tout en mêlant appels individuels et le mécanisme de “gestion de groupe” pour faciliter des communications sécurisées et une interopérabilité fiable entre plusieurs organisations engagées sur une même mission. » souligne Jarmo Hakkinen. Et d’ajouter« la sécurité et la confidentialité des communications restent d’une importance capitale. Aussi avons-nous développé une solution cryptée de bout en bout autour de cette plateforme collaborative ».
De même, les informations reçues par l’intermédiaire de divers capteurs du monde de l’IoT constitueront une source de données interprétable pour les centres de commandement (données du trafic routier, capteurs qui mesurent la concentration de CO2 dans l’atmosphère, etc.). Les solutions fournies par Airbus permettent aussi l’analyse et le partage de vidéos provenant de caméras fixes ou de caméras mobiles montées sur des véhicules, des drones ou portées par les intervenants eux-mêmes.
Agnet est aujourd’hui utilisée par par un certain nombre de ports et d’aéroports d’Asie. Elle est également disponible au travers de plusieurs opérateurs téléphoniques majeurs tels BJJT en Chine (Beijing Telecom) ou BSNL en Inde (Bharat Sanchar Nigam Limited). Quant au Moyen-Orient, les travaux ont déjà débuté avec plusieurs autorités publiques ou opérateurs majeurs de la région, tels que Nedaa.
En Europe, la Finlande étant pionnière de la transition vers le très haut débit. Airbus SLC accompagne l’opérateur finlandais Erillisverkot. Toujours au coeur des Nordics, en Suède, la solution a notamment été déployée lors de la démonstration Barents Rescue, qui a permis de connecter les services de sécurité (pompiers et police) et les intervenants des services de santé de Finlande, de Suède et de Norvège dans le cadre de scénarii d’urgence en situation réelle.
L’interopérabilité au-delà des frontières
L’interopérabilité des communications entre forces de sécurité et de secours au-delà des frontières est un des points stratégiques que l’Europe souhaite assurer et renforcer au regard des évolutions technologiques. C’est en ce sens que le projet de recherche européen BroadWay, financé par la Commission européenne, vise à préparer les futures solutions haut débit mobiles paneuropéennes dédiées à la sécurité publique. Il inclut les décideurs de 11 ministères et agences chargés de fournir des capacités de communication de sécurité publique dans leurs pays respectifs (Belgique, France, République tchèque, Estonie, Finlande, Grèce, Italie, Irlande, Pays-Bas, Roumanie et Espagne) et couvre 1,4 millions des 3,5 millions d’utilisateurs d’organismes d’intervention en Europe. « Destiné à faciliter l’interopérabilité des systèmes de communications critiques grâce à des spécifications techniques communes, BroadWay entre désormais dans sa troisième phase. Le consortium mené par Airbus a relevé avec succès le défi technique évalué lors de la phase 2 et se positionne ainsi comme un fournisseur européen de référence pour les solutions de communications critiques interopérables. » précise Jarmo Hakkinen.
Ces changements d’envergure vont néanmoins nécessiter du temps, eu égard aux nombreux défis techniques et réglementaires qui doivent encore être surmontés pour bénéficier du très haut débit sur le segment de la sécurité publique notamment. « Les réseaux à bas débit existants et les réseaux très haut débit seront donc utilisés simultanément encore quelques années, afin d’atténuer tout risque lié aux projets de migration des réseaux. » confirme Jarmo Hakkinen et d’ajouter : « Airbus SLC propose ainsi une solution Agnet hybride TETRA / LTE qui combine les points forts de ces deux technologies, offrant ainsi aux utilisateurs une transition progressive vers le haut débit ».
Ouverture vers le monde civil
Au-delà de la sûreté et de la sécurité publique, la 5G offrira de nouvelles opportunités dans le cadre de l’IoT et de la connectivité dans le transport et la logistique, l’énergie, l’industrie, les médias et la diffusion automatisée, etc. « Permettre aux personnes à secourir de bénéficier plus rapidement d’une aide, faire gagner un temps précieux aux équipes médicales ou encore diminuer le temps de demi-tour des avions en escale sont autant de missions auxquelles nous apportons notre concours grâce à une déclinaison de notre solution Agnet, disponible sous forme de Logiciel en tant que Service (SaaS). Elle s’adresse par exemple aux opérateurs de lignes de métro, d’infrastructures portuaires et aéroportuaires, de raffineries, de centrales de production d’énergie, etc. en leur permettant de disposer de solutions de communications critiques de nouvelle génération avec une infrastructure rentable. » explique Jarmo Hakkinen.
Les communications laser et le défi des exaoctets de données
Quotidiennement, l’humain génère mondialement 2,5 exaoctets de données. Transférer ces données est devenu un véritable challenge technologique auquel vont devoir faire face tant le monde civil que militaire. Les communications lasers par satellite sont en passe de relever le défi. A même de renforcer la sûreté et la sécurité sur Terre en transmettant les informations importantes et en préservant la sécurité des informations confidentielles, « elles peuvent également entrer en jeu en cas de défaillance des moyens terrestres, par exemple lors des catastrophes naturelles pour faciliter le déploiement des services d’intervention d’urgence. » déclare l’agence européenne spatiale.1 L’ESA prévoit donc de renforcer son soutien à l’innovation dans les produits, services et applications, ainsi que ses partenariats à grande échelle avec l’industrie européenne pour améliorer la compétitivité en termes d’impact sociétal et économique.
Du côté militaire, dans le cadre d’un conflit haute intensité, le déni d’accès au spectre, et donc de l’accès aux communications, serait l’une des premières attaques à contrer. Disposer d’un moyen de communication ultra haut débit, discret, insensible aux brouillages et interceptions, le laser, est donc devenu une priorité opérationnelle stratégique pour les forces armées. Les communications laser pourraient donc jouer un rôle majeur dans les opérations de demain. Pionnier dans le domaine, Airbus Defence and Space travaille sur les communications optiques par satellite, et mettra en orbite géostationnaire une nouvelle génération française de communications lasers ultra haut débit dès 2023 au travers du projet de démonstrateur de terminal optique TELEO.
1 https://blogs.esa.int/space19plus/fr/programmes/futur-des-telecommunications/