Gestion de crise et protection civile : des enjeux d’actualité perpétuels

La France connaît, depuis quelques années, des crises protéiformes : sécuritaire, sanitaire, économique, écologique, industrielle. Si la gestion des risques et la gestion de crise existent pour permettre de réagir au mieux dans l’urgence, la multiplication de ces crises requiert une adaptation constante des acteurs concernés, publics comme privés. Le GICAT entend apporter sa pierre à l’édifice en mettant l’innovation au service des populations en danger.

Par Camille Léveillé

Une multiplication des crises

Depuis quelques années, le monde est confronté à une multiplication des crises. Les inondations récurrentes en Europe à l’image de celles qui ont fait 200 morts l’été dernier en Allemagne et en Belgique, les épisodes de sécheresse à répétition en Afrique ou encore les incidents industriels comme l’incendie de l’usine Lubrizol en 2019 et l’explosion du port de Beyrouth en août 2020 sont tant d’exemples illustrantune triste réalité.

Des crises qui alertent quant à l’urgence engendrée par la situation. Les secours doivent agir en des temps records afin d’espérer sauver les populations en difficulté. Il est donc vital que les processus de protection civile et de gestion de crise soient les plus efficaces possibles.

La nécessité du partenariat public-privé pour une réponse efficace

« La seule réponse possible à la gestion de crise est collaborative et collective. Il nous faut créer des écosystèmes sur la thématique de la crise brassant les capacités des uns et des autres. » explique Patrick Cansell, docteur en Sciences de l’information et de la communication, enseignant-chercheur associé, formateur et conseil en gestion des risques et des crises. En effet, « nous sommes de plus en plus confrontés à des systèmes complexes avec des attentes de la population de plus en plus importantes en termes de gestion de crise » note Michel Tellanger, ancien Directeur départemental adjoint du Service départemental d’incendie et de secours du département de Loire Atlantique. Et d’ajouter : « Le service public intervient dans un premier temps pour sauver des vies, dans un moment durgence. Celle-ci nécessite des moyens disponibles rapidement sur les lieux et adaptés à la situation. Lorganisation actuelle des secours en France est relativement bien adaptée avec un maillage du territoire national qui est remarquable. Mais, lorsque nous sommes face à des crises comme une pollution de lair ou de leau, qui nécessitent des moyens importants, des expertises particulières et des traitements dans la durée, il faut que nous fassions appel à des compétences partagées. Dans ce cas, la coordination du secours doit rester du domaine public mais les moyens peuvent être partagés entre public et privé. »1

Partant de ce constat, COGES Event, filiale du GICAT, a développé un nouvel outil : HELPED (Humanitary Emergency Logistic Project and Eco Development). Il s’agit d’un « projet de création dune nouvelle filière industrielle offrant une solution multidimensionnelle en cas de crises complexes et toujours difficiles à anticiper »2. Réunissant 57 entreprises, start-up et grands groupes, l’objectif est d’apporter « une nouvelle dimension au continuum Défense/Sécurité intérieure /Sécurité civile »3 en cas de crise. Chaque entreprise possède son domaine d’expertise permettant de préparer la crise, assurer la première urgence, la subsistance, les soins ou encore la mobilité ou assurer la reconstruction et la normalisation de la situation. En somme, HELPED, permet aux acteurs publics d’identifier rapidement quels sont les domaines d’expertises des entreprises du privé afin de pouvoir les déployer plus rapidement sur un théâtre de crise et donc, de gagner en efficacité.

L’innovation au coeur de la protection civile

HELPED, ayant vocation à faciliter la protection civile et la gestion de crise, recense de nombreuses innovations. Anticiper la mission, assurer l’abri et le repos, les soins, la sécurité et la reconstruction sont des enjeux au cœur de l’approche globale proposée par HELPED. Certaines entreprises sont par exemple spécialisées dans l’évacuation de civils en urgence.Zapata, start-up française, propose une plateforme turbopropulsée pour évacuer des personnes blessées même si elle se trouve dans des zones difficiles d’accès. Sa vitesse maximale est de 400 km/ heure et elle peut être pilotée à distance. L’entreprise Warpa a, elle, développé le « TERADRONE », un dirigeable à hydrogène qui dispose d’une charge utile permettant de supporter le poids d’un hôpital. Atteignant 7 000 mètres d’altitude, tout terrain et disposant de 40 jours d’autonomie, ce « drone-cargo » pourrait révolutionner le domaine de la protection civile en France et à l’international. Autre exemple : les abris gonflables DST développés par Bachmann RDS – Losberger de Boer. Ils permettent de déployer un hébergement immédiatement aux personnes victimes de catastrophe naturelle ou en cas de crise humanitaire et résistent à des phénomènes météorologiques extrêmes.

Développer un partenariat avec lUnion européenne

Mais, la gestion de crise et la protection civile ne peuvent se penser uniquement à l’échelle nationale. L’aide humanitaire d’urgence se pense à l’échelle internationale et les solutions proposées par HELPED entendent répondre à ces enjeux. Louis Menigoz, coordinateur du projet HELPED abonde : « Nous souhaitons travailler en collaboration avec le cabinet de Monsieur Jenari, commissaire européen chargé de la gestion des crises »4.

L’Union européenne aurait tout intérêt à se rapprocher du projet car « les besoins humanitaires sont à un niveau record et continuent de croître. Cette situation est principalement due à des conflits, mais de plus en plus aux défis mondiaux tels que le changement climatique et la COVID-19 »5 déclarait Janez Lenarič lors de l’annonce du budget annuel consacré à l’aide humanitaire, de 1,5 milliard d’euros.

Le 17 mai dernier, le commissaire européen participait, à Marseille, à un exercice de protection civile en grandeur réelle « DOMINO », financé par l’UE. L’objectif ? Améliorer la préparation des premiers intervenants dans une situation d’urgence. Réunissant plus de 1 000 forces de secours venues d’Allemagne, de Belgique, d’Autriche, d’Espagne et de France, DOMINO a entraîné les personnels à un enchaînement de catastrophes naturelles, chimiques et terroristes. Une nouvelle brique apportée à la protection civile d’urgence. HELPED pourrait bien trouver sa place lors d’un prochain exercice de cet ordre puisqu’il tend « développer et diversifier RescUE »6, la réserve européenne de ressources mobilisables en cas de crises et pourrait donc être un outil intégré au niveau régional.

HELPED by COGES Events est à découvrir de manière immersive dans la nouvelle zone extérieure de démonstration du salon Eurosatory 2022, cette semaine, du 13 au 17 juin 2022.

1 Ibid

2 “HELPED un démonstrateur au service de la gestion des crises”, Coges Event

3 Ibid

4 Conférence “HELPED : Un nouvel outil pour la gestion de crise”, 22 juin 2021, organisé par COGES Event

5 Adrien Palluet, “L’UE porte son budget d’aide humanitaire à 1,5 milliard d’euro pour 2022”, Toute lEurope, 25/01/2022, https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/l-ue-porte-son-budget-d-aide-humanitaire-a-15-milliard-d-euro-pour-2022/

6 Communiqué de Presse – HELPED by COGES Events pour la première fois à Eurosatory, 7 avril 2022