Le secret de Sherlock Holmes aurait aujourd’hui été la technologie

Les forces de l’ordre peuvent aujourd’hui compter sur des myriades de caméras de vidéosurveillance et de circulation, de caméras corporelles et autres dispositifs IoT, pour capter des quantités toujours plus importantes d’informations avec lesquelles faire leur travail. Pourtant, les taux d’élucidation peinent à s’améliorer en France, voire régressent sur certains types de crimes : 70,3 % des homicides étaient ainsi résolus en 2016, contre seulement 62,6 % en 2020, comme le révèle un rapport de la Cour des Comptes.

Par Guillaume Charon, Directeur Marché Secteur Public et Smart City chez Genetec.

Sur la piste dun Sherlock Holmes 2.0

Il faut dire que même le plus fin limier ne saurait traiter manuellement les volumes faramineux de données aujourd’hui à sa disposition et, telle une aiguille dans une botte de foin, y détecter les éléments réellement pertinents. Il existe aujourd’hui des technologies capables de facilement faire de lui un Sherlock Holmes des temps modernes. Celles-ci ont d’ailleurs permis la naissance d’une nouvelle génération d’analystes criminels, qui s’appuient sur d’immenses volumes de données qualitatives et quantitatives, et s’aident d’outils modernes permettant leur analyse.

Les missions de ces analystes criminels sont multiples. Ils effectuent, tout d’abord, un travail de détective pour trouver des liens possibles dans un crime. Sur la base des pistes dont ils disposent, ils essaient de localiser les appareils des suspects, d’analyser les connexions réseau et les multiples bases de données pour suivre les parcours et rechercher tout indice pertinent susceptible de faire la lumière sur l’affaire.

Ils peuvent également rechercher des schémas, des similitudes ou des tendances dans les crimes, et faire le lien entre des affaires. La résolution des « cold cases », ces vieilles affaires pour lesquelles aucun coupable n’a jamais été arrêté, est à ce titre l’un des facteurs clés de l’amélioration des taux d’élucidation. À mesure que les systèmes et les techniques s’affinent, même les affaires les plus complexes peuvent être résolues grâce à une analyse minutieuse d’innombrables sources de données.

Ces analystes criminels peuvent non seulement aider à résoudre des affaires et attraper des malfaiteurs, mais aussi anticiper l’activité criminelle. Ils recherchent alors des tendances génériques ou statistiques plus globales, telles qu’une augmentation des homicides ou des agressions dans une zone spécifique.

Un niveau danalyse criminelle rendu possible par les technologies

C’est déjà une tâche énorme que de rassembler toutes les données collectées à partir de milliers de sources privées ou publiques. C’en est une encore plus immense que de les analyser et les interpréter pour pouvoir prendre les meilleures décisions. D’autant plus que, jusqu’à récemment, cela devait être fait manuellement. Dès lors, comment travaillent ces analystes criminels de la nouvelle génération ?

Aujourd’hui, des solutions technologiques d’aide à la décision et de gestion des preuves numériques leur donnent les moyens d’acquérir une compréhension plus approfondie, basée sur les données, de ce qui se passe dans leur ville. Ces systèmes peuvent collecter et gérer les données fournies par toutes sortes de sources – vidéosurveillance, reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation, systèmes de répartition assistée par ordinateur (RAO), de gestion des dossiers ou de détection des coups de feu, ou même les données fournies par des passants ou des entreprises privées.

En corrélant et analysant en permanence l’ensemble de ces données, ces technologies génèrent des alertes en cas d’urgence ou de danger, et fournissent aux forces de l’ordre des informations exploitables et pertinentes pour leur permettre d’intervenir rapidement, de reprendre le contrôle de situations dangereuses, de mettre fin aux crimes et de sauver des vies.

Ces technologies permettent également de mesurer plus facilement et efficacement l’impact de nouvelles initiatives visant à améliorer la sécurité publique. Des tableaux de bord analytiques, des cartes de chaleur et l’analyse des données fournissent des informations précieuses sur la façon dont la criminalité et les événements évoluent dans une zone donnée au fil du temps. Les analyses collectives fournissent aux services de police des indicateurs prévisionnels et prospectifs des problèmes potentiels, ce qui les aide à adapter leurs effectifs et leurs actions selon les besoins.

Alors que Sherlock Holmes exerçait son métier dans sa maison de Baker Street à Londres, les nouveaux laboratoires criminels modernes sont généralement dotés de ce que l’on appelle des centres d’aide à la décision stratégique. Ces centres de lutte contre la criminalité, équipés de plusieurs écrans, facilitent la prise de décision grâce à une augmentation des données et des informations, ainsi qu’à un contexte et une corrélation plus clairs pour une meilleure compréhension. Ils utilisent des solutions matérielles et logicielles dédiées et aident les services de police à élaborer des stratégies d’enquête et de sécurité publique proactives. Ils ont pour fonction de fournir aux analystes criminels et aux services de police des renseignements locaux plus complets et une vision plus approfondie afin qu’ils puissent utiliser leur personnel et leurs ressources plus efficacement tout en améliorant la sécurité des agents.

Et si la technologie s’avère être un outil puissant dans la résolution des crimes, c’est et ce sera toujours l’élément humain qui, en définitive, permet de résoudre les affaires criminelles. Tout comme Sherlock Holmes, qui se fiait à ses propres pouvoirs, les enquêteurs modernes font confiance à leur intelligence pour découvrir des indices et trouver la vérité. Tirer parti de la technologie pour les aider dans ce processus est tout simplement un choix intelligent – et élémentaire, mon cher Watson.