Vers la sécurité connectée ?

Depuis juillet 2021, soit un peu moins d’un an, la Police Nationale et la Gendarmerie sont équipées de 30 000 caméras-piétons de type VB-400 fabriquées par Motorola. La coopération entre l’entreprise et le ministère de l’Intérieur pourrait s’étendre, alors que l’offre de Motorola s’étoffe et se diversifie. En direct du CCW, l’entreprise américaine revient sur les technologies innovantes pensées pour améliorer l’efficacité des forces de l’ordre mais aussi permettre aux différents opérateurs d’échanger de manière sécurisée pour coordonner leurs efforts en cas d’accidents, de catastrophes naturelles ou d’attaques.

La grand messe du Critical Communications World (CCW) a attiré tous les projecteurs sur la capitale autrichienne pendant 3 jours. Du 21 au 23 juin dernier, tous les acteurs stratégiques de la sécurité, de la défense étaient réunis. « Nous constatons une augmentation de la pression sur les premiers intervenants et la technologie peut atténuer ces défis. Les citoyens embrasseront plus facilement les nouvelles technologies sils comprennent et partagent leurs ambitions et valeurs. Nous avons obtenu lun des plus gros contrats du monde, en matière de caméras-piétons, avec la France. Elles permettent dassurer la responsabilité des forces de sécurité, étant un outil objectif et admissible dans un tribunal. Ce marché peut être étendu aux ambulances et autres premiers intervenants. Nous nous sommes développés en quelques années dans cet écosystème précis grâce à l’acquisition dentreprises spécialisées » explique Mickael Kaae, Corporate Vice President EMEA1 pour Motorola Solutions, en ouverture d’une conférence. L’un des arguments de vente de ces caméras-piétons réside dans l’idée qu’elles permettent de désamorcer des situations de conflits. Pour l’heure, 30 000 caméras-piétons ont été délivrées mais le marché global de la Police Nationale et de la Gendarmerie serait de 180 000 unités.

Images protégées

Le projet a personnellement été suivi par Gérald Darmanin et Emmanuel Macron, comme l’indique François Dontot, Sales manager pour Motorola ayant participé aux premières étapes du processus. « Ce nest pas un test ou un projet pilote mais bien une première mise à l’échelle. Le Service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure (STSI2) s’est occupé de lappel doffres. Les caméras-piétons sont opérationnelles, elles ont été testées en conditions réelles afin d’être conformes aux exigences du gouvernement français. Les tests ont duré 4 mois, étaient vérifiés par plusieurs laboratoires indépendants et éliminatoires ».

Le policier ne peut pas avoir accès aux vidéos filmées, puisqu’il faut une habilitation pour visionner les images, qui ne sont disponibles que dans des serveurs centraux. Le ministre de l’Intérieur souhaitait que les policiers puissent contextualiser leur action en annotant les vidéos, mais sans aucune possibilité d’altérer la vidéo. « Ce nest que de la revisualisation, on ajoute des notes sur le compte-rendu mais pas sur la vidéo » précise François Dontot.

Une véritable dynamique

« La Roumanie dispose de 15 000 caméras-piétons, c’était le plus gros contrat avant la France. Il existe des discussions avec dautres forces de lordre en Europe, avec un déploiement à l’échelle envisagé. Nous assistons à une vraie dynamique, puisque nous allons avoir un contrat équivalent avec un autre pays (entre 10 et 20 000 bodycams) » indique le Sales manager, restant tout de même discret. Le marché se veut très concurrentiel… En France, la prochaine étape concerne l’accélération du passage à l’échelle avec deux échéances en tête, la Coupe du Monde de rugby 2023 et les JOP 2024. « Les événements au Stade de France pourraient accélérer le déploiement de caméra piétons. Il existe une véritable réflexion à la Ville de Paris et au ministère de la Justice pour équiper les prisons, même si pour linstitution pénitentiaire, nous constatons des contraintes spécifiques » dévoile François Dontot.

Axes de coopération

Motorola Solutions a profité du CCW pour présenter l’une des toutes nouvelles technologies : L6Q, une caméra permettant de reconnaître des plaques d’immatriculation. « Elle peut être montée en 5 minutes par un non-spécialiste et camouflée, facilitant une utilisation flexible. Les forces de lordre peuvent implémenter les critères quils souhaitent (couleur, modèle, vitesse) pour déclencher le scan. Lautonomie de la caméra est de 20 000 scans » informe Olatunde Williams, directeur marketing de l’entreprise. La plupart des institutions publiques devant utiliser ce service bénéficient de leurs propres serveurs pour ensuite utiliser les données.

« La France a les exigences les plus poussées parmi les marchés sur lesquels jai travaillé, en matière de cybersécurité, de protection des données. Cest également un marché très avancé sur ces sujets. Tout déploiement est fait sur site et tout est stocké sur le territoire français et dans les serveurs des autorités (DGGN2 et DGPN3) » souligne François Dontot. Et d’ajouter : « Le ministère de l’Intérieur présente un intérêt fort pour les caméras embarquées et la L6Q. Si un policier sort sa matraque ou son arme, il y aurait la possibilité, via les objets connectés, d’allumer toutes les caméras autour de l’événement particulier pour le filmer et disposer, ainsi, de tous les angles de vues possibles, qui sont souvent nécessaires, grâce à la connectivité de nos solutions ». C’est ainsi la finalité de Critical Connect, produit phare de la marque, lancé durant le CCW pour permettre aux différents opérateurs d’échanger de manière sécurisée pour coordonner leurs efforts en cas d’accidents, de catastrophes naturelles ou d’attaques.

1 Europe, Middle East and Asia

2 Direction générale de la Gendarmerie nationale

3 Direction générale de la Police nationale