Gérald Darmanin s’exprime sur les mesures de sécurité en faveur de la RWC 2023 et les JOP 2024

Le souvenir douloureux des débordements du Stade de France reste en mémoire. Un échec qui ébranle l’image française sur la scène internationale tout en offrant la promesse d’un nouvel élan dans la sécurité des rassemblements sportifs à venir, avec en perspective l’envie de réaffirmer la capacité de notre pays à organiser ces grands événements internationaux. Auditionné ce mardi 25 octobre 2022 par la Commissions des Lois et la Commission de la culture, l’éducation et la communication, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est exprimé sur les mesures de sécurité qui seront à l’œuvre à l’occasion de la coupe du monde de rugby de 2023 ainsi que des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024.

« Une mobilisation inédite »

Les préparatifs sont déjà en marche. Le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI), déjà adopté au Sénat le 18 octobre dernier, constitue la base des mesures à venir. Ce texte devrait contribuer à renforcer les moyens dont est doté le ministère, à hauteur de 15 milliards d’euros d’ici 2027. Une première pierre à l’édifice que doit ériger le ministre Gérald Darmanin pour faire des deux rassemblements internationaux les succès escomptés. « La LOPMI nous permet de cibler quatre types de menaces qui pèsent sur les grands évènements sportifs et particulièrement sur les Jeux Olympiques : une menace terroriste, une menace dordre public, une menace cyber et une menace délinquante, qui correspond aux faits similaires à ceux que nous avons connu au Stade de France en mai. » indique-t-il. Dans cette optique, le ministre rappelle que la coupe du monde de rugby 2023 sera une véritable « répétition générale », requérant la mobilisation de près de 7 000 membres des forces de l’ordre par jour en moyenne. La logistique des Jeux, quant à elle, nécessite une organisation encore supérieure afin de pouvoir gérer les 10 500 athlètes, 6 000 journalistes et quasiment 100 millions de spectateurs, répartis sur les 40 sites de compétition. Pour cela, 30 000 policiers et gendarmes seront déployés en moyenne sur l’entièreté du mois olympique. « La saturation de l’espace public par les forces de l’ordre sera visible à l’œil nu. Cest un défi que la France na jamais mis en place, avec comme point dorgue la cérémonie douverture qui se tiendra pour la première fois de lhistoire en dehors dun stade, sur la Seine, devant 600 000 spectateurs. »

La cérémonie douverture au cœur des préoccupations

À l’occasion de son audition, le ministre de l’Intérieur a insisté sur l’enjeu que représente le grand spectacle qui doit lancer les Jeux de Paris 2024. Un défi colossal, en présence de ces milliers de spectateurs qui seront rassemblés dans l’hypercentre de la capitale. Gérald Darmanin a annoncé porter une attention particulière aux quais-bas situés aux abords directs de la Seine, qui accueilleront les 100 000 spectateurs qui auront payé leur billet. La zone, présentant un risque accru, nécessitera notamment une sécurité incendie maximale autour des points de restauration, et demandera la mobilisation d’une brigade fluviale. 500 000 personnes seront également présentes sur les quais-hauts pour assister à la cérémonie. Quant au spectacle d’ouverture qui attirera l’attention du monde entier – puisque l’événement sera retransmis en direct – il retient aussi toute l’attention des autorités « si quelquun veut frapper notre sol, ce sera peut-être tentant de le faire devant 4 milliards de téléspectateurs. La lutte contre le terrorisme sera donc centrale à cette occasion, comme tout au long de la durée des Jeux. » précise le ministre.

La coopération des services à l’œuvre

Afin de répondre aux objectifs ambitieux fixés pour ces rassemblements, notamment en termes d’effectifs mobilisés, Gérald Darmanin a préciser les mesures concrètes qui seront mises en œuvre au moment des compétitions : « Je mettrai fin, le temps des Jeux et de la Coupe du monde de rugby, aux zones de compétences qui distinguent la police et la gendarmerie afin que nous puissions mobiliser mentalement et physiquement l’intégralité des ressources pour les concentrer sur les théâtres des événements sportifs. » Le ministre compte également sur les élèves des écoles de police et de gendarmerie qui représenteront un effectif de 7 000 femmes et hommes, suivant les dispositions de la LOPMI qui devraient élargir le nombre d’entrants dans ces établissements. « Ces effectifs seront formés sur 8 mois. Je rappelle que jai fait passer la durée de formation à 12 mois, mais dans ce contexte elle sera accélérée. Les élèves auront donc le même degré de formation que les anciens élèves, qui étaient formés selon cette durée. » explique Gérald Darmanin, soucieux de maintenir un niveau d’enseignement élevé pour les forces de l’ordre. En dehors de cette seule coopération bilatérale, c’est l’ensemble des services qui seront mobilisés, à commencer par la communauté du renseignement. « Il faudra utiliser les outils administratifs et collecter des informations en amont afin de pouvoir mieux maîtriser les personnes qui sont les plus dangereuses sur le sol national » annonce le ministre. Et d’ajouter : « le besoin de détection et d’exploitation de données est énorme. Au-delà de la DGSI, nous devons travailler avec l’ensemble des services qui dépendent des autres ministères, la DGSE pour le ministère des Armées ou Tracfin pour le ministère des comptes publics par exemple. »

Objectif Zéro Délinquance

Devant les deux commissions, Gérald Darmanin a annoncé le lancement de plans « Zéro délinquance » visant à sécuriser l’ensemble des sites qui accueilleront bientôt la coupe du monde de rugby et les Jeux Olympiques et Paralympiques. Cet hiver, le ministère, conjointement avec les préfectures concernées, lancera près de 5 500 opérations ciblées relatives notamment à la « lutte contre les points de deal » ou encore les « vols de véhicules ». Des mesures exceptionnelles qui nécessiteront l’emploi de moyens qui le seront tout autant : « Nous investissons des moyens exceptionnels dans la vidéoprotection, en partenariat avec de nombreuses villes. La mairie de Paris devrait se doter dau minimum 400 caméras supplémentaires en 2024. On compte 500 caméras pour la seule ville de Saint-Denis et les 3 communes limitrophes. J’ai aussi pu échanger avec monsieur le maire de Marseille hier qui a accepté dintégrer 330 nouveaux dispositifs de vidéosurveillance dici l’année prochaine. » Un ensemble d’actions qui devraient assurer la préparation en amont des deux évènements sportifs selon Gérald Darmanin, lui qui ne tait pas son espoir d’ancrer durablement cet « héritage olympique » sur les chiffres de la délinquance.