La sécurité publique à lheure de la smart city

Plus de 50% de la population mondiale vit aujourd’hui en ville, et selon la Banque mondiale le nombre de citadins devrait atteindre 6 milliards d’ici 2045. Dans ces villes toujours plus denses, la protection de citoyens toujours plus nombreux est un véritable défi à la fois logistique, capacitaire et financier. Ces villes qui se veulent plus intelligentes doivent mettre le “smart” au service du “safe”, la technologie au service des citoyens. Collecte, partage et analyse des données sont essentiels pour mieux anticiper les crises et concevoir des solutions adaptées, mais aussi pour élaborer des procédures d’interventions fluides permettant aux équipes chargées d’assurer la sécurité publique d’intervenir de façon rapide et efficace.

Des systèmes de communication collaboratifs

En cas de crise, l’efficacité des équipes d’intervention repose en grande partie sur leur capacité à échanger et partager des informations sur la situation et l’opération en cours. Les systèmes de communication utilisés doivent permettre d’affiner les capacités d’analyse et de compréhension de la situation, et faciliter la prise de décision et la conduite de l’opération.

Depuis les années 80, les services de secours et de sécurité utilisent des solutions basées sur des réseaux à bande étroite. Destinées aux communications critiques des primo-intervenants, elles sont optimisées pour la communication vocale et la messagerie et peuvent être configurées pour être utilisées par une ou plusieurs organisations.

La transformation de la nature, l’ampleur des crises auxquelles les villes font face (sécuritaires, environnementales…) et le développement des technologies numériques, ont favorisé l’évolution de ces systèmes de communications vers des solutions de type “plateformes collaboratives”. Afin de mieux anticiper les crises, mais aussi d’améliorer le soutien aux opérations pendant l’intervention, la plateforme Tactilon Agnet a été conçue par Airbus pour le partage et l’analyse de nouveaux formats, notamment la vidéo et les données de localisation. Accessible depuis des terminaux radios, smartphones, etc. qui peuvent communiquer et échanger ensemble au sein de groupes dédiés, elle est complémentaire d’applications collaboratives de cartographie et de géoréférencement. « Des outils qui permettent de collaborer en temps réel pendant lintervention en partageant positions, états, localisations Des mécanismes de partage dimagerie satellitaire peuvent venir compléter le dispositif. » explique Jarmo Hakkinen, Head of Strategy, Product Business Management and Business Support chez Airbus

Des communications robustes et sécurisées

Mais déployer des solutions de ce type dans des villes intelligentes représente un véritable défi sécuritaire avec notamment la multitude d’appareils connectés échangeant des données en continu, représentant de possibles interférences.

Le chiffrement de bout en bout est désormais la norme pour assurer la confidentialité des échanges. Il contribue aussi à assurer la protection des données personnelles, au moment du stockage comme du transfert des données dont le volume ne cesse de croître.

Garantir la robustesse des infrastructures se révèle un autre défi. Protéger les réseaux contre de potentielles intrusions, mettre en place des mesures défensives le cas échéant, « chez Airbus, ces missions sont confiées à des centres de cybersécurité dédiés chargés de surveiller les activités de ces équipements et de les protéger. » souligne Jarmo Hakkinen.

Améliorer linteropérabilité pour faciliter la coordination

La protection des citoyens représente une responsabilité partagée mêlant une multitude d’acteurs intervenant souvent simultanément : police, gendarmerie, pompiers, services de secours, et forces armées.« Tout lenjeu dans le cas dune intervention durgence repose donc sur la coordination et la collaboration entre toutes ces parties prenantes aux équipements, moyens dactions et procédures dinterventions différentes. » soutient Jarmo Hakkinen.

Sur le plan technique, l’interopérabilité des solutions et des technologies utilisées par ces différences agences est un enjeu majeur. C’est dans ce cadre, et pour garantir le continuum des missions de sécurité et de secours du quotidien, qu’a été lancé en France le projet “Réseau Radio du Futur”. Projet pionnier qui s’inscrit aussi dans les efforts de modernisation des forces de sécurité intérieure, il doit donner naissance à un système national de communication mobile prioritaire, sécurisé et de haut débit (4G et 5G) à près de 400 000 utilisateurs : gendarmes, policiers, sapeurs-pompiers, personnels de la sécurité civile… Le projet a été confié à un consortium piloté par Airbus et Capgemini, qui fourniront respectivement la solution permettant aux parties prenantes d’échanger via ce nouveau réseau, et l’intégration des expertises mobilisées. Lancé en octobre 2022, le projet devrait être pleinement opérationnel en 2024 pour les Jeux Olympiques et Paralympiques.

Certaines crises ont un caractère transfrontalier qui nécessite une intervention sur le territoire de plusieurs pays simultanément. Les enjeux de compatibilité et d’interopérabilité sont d’autant plus manifestes, tant sur les plans technique que législatif ou en termes de procédure. De ce besoin est né BroadWay, projet de systèmes de communications mobiles à large bande paneuropéen à destination des services de secours et de sécurité. Depuis 2018, 12 pays européens travaillent ensemble à faciliter l’innovation et le développement de capacités de communication nécessitant une collaboration étroite, notamment la lutte contre le terrorisme et la criminalité.« La phase 2 du projet, lancée en juillet 2020, est portée par 3 consortium dont celui piloté par Airbus. Le prototype présenté par les industriels impliqués propose une solution d’itinérance et de communication chiffrée de bout en bout pouvant être adoptée par tout pays européen souhaitant rejoindre le futur réseau BroadNet pour accéder et partager des informations. » ajoute Jarmo Hakkinen. L’objectif est bien de faciliter l’harmonisation et la standardisation des solutions techniques, pour une meilleure coordination des équipes et une plus grande efficacité opérationnelle.

Les multiples tests conduits sur l’année 2022 ont démontré de l’interopérabilité entre les systèmes conférée par la technologie. Désormais, pour que le dispositif soit opérationnel, reste à définir le spectre et attribuer les fréquences ou encore à statuer sur un modèle de gouvernance.