Jeux Olympiques et Paralympiques : l’épreuve de la sécurité

Les enjeux sont à la mesure de l’événement : colossaux. Pendant 6 semaines, la France accueillera 878 épreuves, 14 850 athlètes et 13,5 millions de visiteurs dans 37 sites répartis sur 63 collectivités. Des Jeux qui nécessiteront donc « une organisation irréprochable en matière de sécurité »1 soulignait le Sénat en janvier 2023. Au même moment pourtant, la Cour des comptes s’inquiétait des retards accumulés sur l’organisation de ce dispositif. A un an de l’événement et au vu du chemin qu’il reste encore à parcourir, il est plus que temps d’accélérer. Il s’agit désormais de mobiliser tous les acteurs, des plus hautes autorités aux opérationnels pour faire que ces Jeux restent une fête et une vitrine pour la France. 

Par Marie Rollet  

A événement exceptionnel, mesures exceptionnelles 

Face à ce défi sécuritaire sans précédent, le législateur a autorisé par la loi du 19 mai 2023 relative aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, une série de dérogations au dispositif de sécurisation des grands événements. En matière de rôles et responsabilités, le maintien de l’ordre public en Ile-de-France est ainsi confié au seul préfet de police de Paris. Pour améliorer la coordination des forces de sécurité, le champs des images de vidéoprotection accessibles aux agents de la RATP et de la SNCF au centre de coordination opérationnelle de la sécurité dans les transports d’Ile-de-France, sera élargi. 

Les mesures de sécurité appliquées aux participants et visiteurs sont, elles aussi, renforcées : le « criblage », qui permet de réaliser des enquêtes administratives de sécurité, s’appliquera aux fan zones et aux participants (athlètes, délégations…). L’utilisation de scanners corporels sera autorisée à l’entrée de certaines grandes enceintes, sur accord des individus concernés. La réponse judiciaire est également adaptée, avec des interdictions de stade plus systématiques et des sanctions plus sévères pour les intrusions dans les lieux de compétition. 

Les JOP, laboratoire de l’innovation  

La France mise aussi l’innovation technologique. Un programme d’expérimentations technico-opérationnelles des technologies de sécurité et de cybersécurité a ainsi été lancé en avril 2022 avec un triple objectif : assurer la sécurité des JOP, moderniser les forces de sécurité et structurer une filière industrielle. Un partenariat ambitieux tissé entre le ministre de l’Intérieur et la filière des industries de sécurité « dont l’objectif est notamment de définir une architecture globale pour couvrir l’ensemble du spectre, adresser les sujets dits « classiques » en matière de sécurité et d’autres autour des nouvelles menaces et technologies innovantes » précise Yannick Ragonneau, consultant pour le Comité stratégique de filière Industries de sécurité. 

« 192 expérimentations ont été menées depuis l’été 2022, dont 95% par des entreprises françaises et 77% par des start-up. Et ce dans des domaines aussi variés que les moyens de commandement, la cybersécurité, la vidéoprotection, les drones et systèmes anti-drones, la gestion des foules et flux, le nautique et la protection NRBC. Ceci démontre, si besoin était, que nous disposons des savoir-faire et technologies capables de répondre à nos besoins, et témoigne du dynamisme du tissu de PME et de start-up qui portent l’innovation. » se félicite Gérard Lacroix, Délégué général adjoint à la sécurité du GICAT.  

Ainsi, peut-on voir parmi les expérimentations réalisées un outil de numérisation de l’espace des opérations et de cartographie 2D et 3D porté par l’Avion Jaune, spécialiste en lidar, orthophotographie et imagerie aérienne depuis 2005 ; un système intelligent de détection d’événements sonores anormaux conçu par Sensivic, via un modèle prédictif immédiat qui alerte en temps réel lorsqu’un évènement sonore inattendu se produit (coups de feu, explosion). Autre sujet phare, la lutte contre la cybercriminalité. YesWeHack, société récemment lauréate du programme French Tech 2030 a notamment mis en avant sa plateforme de Bug Bounty pour la détection de failles cyber sur des systèmes sensibles. En matière de drone marin, Marine Tech a expérimenté son drone de surveillance autopiloté et permettant une supervision en temps réel. Le système, téléopéré ou autonome est équipé par un télémètre laser pour l’évitement d’obstacle et d’un récepteur d’onde radio pour le pilotage. Equipé en option d’une caméra haute résolution avec vision infra-rouge, il est une alternative aux moyens nautiques conventionnels pour la protection des ports et la surveillance de zones difficiles d’accès. La transmission de données en temps réel à un centre de commandement permet de se tenir à distance d’un évènement tout en ayant une vision détaillée du périmètre. Pour couvrir le spectre aérien, c’est un drone permettant l’assistance à personne par l’embarquement d’une charge utile significative (défibrillateur, bouée, ou tout autre moyen permettant de porter assistance à une personne en situation de danger sur la Seine) qui a été expérimenté par Drone Azur. 

Mais à moins d’un an des Jeux, les marchés d’acquisition découlant de ces expérimentations se font attendre. Cette attente risque de susciter déceptions et frustrations dans l’écosystème. « On dirait que la puissance publique n’a pas pris la mesure des enjeux pour la filière française de la sécurité. » regrette Gérard Lacroix, et de poursuivre : « Il s’agit aussi d’une question de souveraineté : dans ce secteur aussi stratégique et sensible que celui de la sécurité, nous ne pouvons pas nous permettre la moindre dépendance technologique. Nous n’avons pas toutes les réponses  du ministère de l’Intérieur et nous aurons de moins en moins de temps pour finaliser les solutions qu’il aura sélectionnées et être prêts à temps pour cet évènement planétaire que sont les JOP. La priorité ira à la sécurisation des épreuves et de la cérémonie d’ouverture, qui nécessitera des moyens de commandement, des drones, des solutions de cybersécurité et des systèmes d’hypervision. »  

Au-delà de la technologie, il s’agit en effet de penser un partenariat public-privé à long terme, donner lieu à la création « d’un véritable laboratoire de veille, d’analyse et d’expérimentations technologiques qui s’inscrive dans le temps. » ajoute Yannick Ragonneau. 

Les communications sécurisées au cœur du dispositif 

« Les Jeux seront aussi l’occasion de poser la première brique du Réseau Radio du Futur (RRF) qui, d’ici 2027, équipera 300 000 acteurs de la sécurité, du secours et de la gestion de crise d’un réseau mobile très haut débit (4G/5G), interopérable, extrêmement résilient et sécurisé. » rappelle le préfet Guillaume Lambert, responsable du programme RRF, et de poursuivre : « Les JOP marqueront la première phase du déploiement de ces nouvelles capacités, en complément des moyens déjà existants car les réseaux bas débit seront maintenus, durant l’été 2024 a minima, pour s’assurer d’une « double résilience » du dispositif de sécurité et de secours. Les forces de police et de gendarmerie disposent déjà d’un système quasi-équivalent de communication de groupe haut débit appelé STORM et porté sur le terminal NEO2 (smartphone utilisé comme bureau mobile entre autres). De manière complémentaire, le réseau RRF sera mis à disposition de tous les autres acteurs : il équipera tant les acteurs institutionnels (préfets, procureurs, douanes, pompiers, SAMU…) que privés (SNCF et RATP, Aéroports de Paris), en particulier dans les départements d’Ile-de-France qui accueilleront des compétitions à cette échéance. » Après les Jeux, si le dispositif donne satisfaction, les réseaux STORM seront raccordés au RRF qui deviendra le système commun à tous les acteurs du continuum de sécurité. « Le RRF offrira enfin une réalité technique et fonctionnelle en terme d’interopérabilité en décloisonnant et permettant ainsi le partage d’images, de vidéos, de données radio sécurisées entre tous ces acteurs, tant décisionnaires qu’opérationnels. Il donnera également une meilleure perception situationnelle et facilitera la prise de décisions pour une action plus rapide et efficace des acteurs de la sécurité et du secours. » précise le préfet Lambert. 

Souveraineté, durabilité, interopérablité : le futur des communications sécurisées vu par Denis Thayanithy, directeur solutions et partenariats, Crosscall 

Notre mission est de fournir des systèmes de communication à la fois rapides, sécurisés, résilients et totalement interopérables aux forces. La qualité et l’efficacité des interactions entre les différents services, leur salle de commandement et l’ensemble des équipes déployées sur le terrain est la clé de la réussite d’une mission critique. Aussi, avec la digitalisation et la numérisation de nos espaces, il nous faut évoluer vers les réseaux très haut débit et les nouveaux usages associés avec deux enjeux majeurs : assurer une fiabilité tout-terrain des communications critiques et développer des technologies qui garantissent une sécurisation et une protection maximum du partage d’informations et de la transmission de données. Les terminaux, plébiscités pour leur solidité, leur étanchéité et leur grande autonomie sont aujourd’hui au nombre de 280 000 au sein des forces de l’ordre françaises dans le cadre du contrat NEO 2. Le projet vise à fournir à l’intégralité des policiers et gendarmes des smartphones et tablettes durcis avec des accessoires permettant un accès réseau très haut débit, un applicatif MC transmission voix, données, vidéos, un accès priorisé et des solutions résilientes, l’interopérabilité entre toutes les forces, des fonctionnalités évoluées comme les communications air-sol, un accès IP et SI, une géolocalisation en temps réel… La demande du ministère de l’Intérieur, ces modèles devront être interopérables avec le Réseau Radio du Futur (RRF). Certifiés par l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), ces terminaux intègrent la propre couche de sécurité conçue par le ministère de l’Intérieur pour le chiffrement des communications et la protection des applications. Par le biais des accessoires X-LINK, l’objectif est d’étendre l’usage aux contrôles d’accès, d’identité et à la billetterie, notamment dans le cadre des grands évènements. 

CORE-Z5, le premier smartphone 5G de la marque française 

A la compatibilité PMR (Private Mobile Radio) haut-débit 4G et 5G, garantissant la sécurisation des données échangées mais aussi des communications grâce aux mécanismes de priorisation et de préemption des flux, s’ajoute une ergonomie permettant un confort de lecture et une prise en main facile adaptée pour visionner des cartes ou des plans 3D, remplir des formulaires, ou saisir des bilans de santé. Qualité d’images optimale même en basse luminosité, solution de remplacement de l’ordinateur sur le terrain, compatible Push-to-Talk avec quatre boutons programmables, talkie-walkie 2.0, il permet de communiquer et de partager photos, vidéos, géolocalisation… de manière simultanée avec plusieurs personnes, sans limite de distance. Pour parer aux milieux bruyants, le haut-parleur intégré est trois fois plus puissant que la moyenne. La précision de son GPS atteint 3 mètres, là où les GPS des smartphones du marché offrent généralement une précision de 10 mètres. Enfin, si le CORE-Z5 couvre de nombreuses bandes des réseaux privés, il est surtout le premier smartphone au monde compatible avec la bande 68 (700 MHz) qui appartient en France, au ministère de l’Intérieur et permet aux forces de l’ordre de pouvoir profiter d’une communication privée et sécurisée lors des interventions. A moins d’un an des JOP 2024 ces innovations sont évidemment tournées à destination des forces, comme celles du ministère des Armées qui pourraient être équipées du terminal 5G à cette occasion. Nous travaillons sur de nouvelles solutions destinées à répondre aux besoins des acteurs de la sécurité et de la défense, à l’image d’une caméra-piéton. 

Souverain et durable  

Nous portons également une attention particulière aux enjeux de durabilité notamment au travers de l’autonomie et la durée de vie de la batterie. Dotée d’une grande capacité et associée à des composants peu énergivores, elle offre une autonomie de 44h en communication. La durée de vie de sa batterie est de 800 cycles de charge ce qui permet ainsi de ralentir la fréquence de renouvèlement des téléphones portables, un objectif essentiel en faveur du développement d’une téléphonie plus responsable et plus durable permettant de répondre aux enjeux environnementaux ou économiques actuels. A l’issue du contrat, une reprise des terminaux est proposée et nos packaging sont éco-conçus. Notre indice de réparabilité est de 9,10/10 et la garantie de nos terminaux de 5 ans. 

Enfin, nous disposons de toute la maitrise hardware et logicielle. L’outil industriel est conçu à Aix-en-Provence et la chaîne d’assemblage va être ramenée en France. Nous allons produire le 1er smartphone 5G sécurisé assemblé en France. La notion de souveraineté est majeure compte tenu des enjeux, des acteurs que nous accompagnons et de leurs missions critiques. 

Des technologies à l’essai 

La loi de mai 2023 permet également l’expérimentation, à l’occasion des JOP, de technologies de vidéoprotection intelligente. Des caméras augmentées capables de détecter en temps réel certains éléments prédéfinis (mouvements de foules, objets abandonnés, comportements suspects) pourront ainsi être utilisées dans et aux abords de certaines enceintes sportives et dans les transports en commun. Le recours aux outils de reconnaissance faciale ou d’identification biométrique est en revanche interdit, et la durée de l’expérimentation limitée au 31 mars 2025.  

Des amendements parlementaires apportent des garde-fous supplémentaires : le traitement algorithmique des images devra faire l’objet d’une information préalable du public et d’un décret pris sur avis de la CNIL, des mesures de contrôle humain et une véritable gestion des risques devront être mis en place tout comme la formation des personnes habilitées à accéder aux signalements, etc. Malgré ces garanties, ce dispositif continue d’inquiéter quant à la protection des libertés publiques et du risque de normalisation de technologies de surveillance jugées intrusives. « L’exception risque donc de devenir la norme dans un contexte de volonté très claire des autorités françaises d’élargir leur pouvoir de surveillance. Les Jeux olympiques ne doivent pas servir de prétexte pour faciliter l’instauration d’un état d’exception permanent. » s’inquiète Katia Roux, responsable de plaidoyer « Technologies et Droits Humains » chez Amnesty International.2 Le Conseil constitutionnel avait pour sa part part jugé que le recours aux caméras intelligentes répondait bien à l’objectif de valeur constitutionnelle de prévention des atteintes à l’ordre public, en précisant toutefois que les préfets « pourront les suspendre ou y mettre fin à tout moment s’ils constatent que les conditions ayant justifié sa délivrance ne sont plus réunies. »3 

L’IA au service des grands évènements : le regard de François Mattens, vice président aux Affaires Publiques et Partenariats Stratégiques de XXII 

La loi relative aux JOP 2024 permettra d’utiliser, dans certains domaines encadrés, de l’intelligence artificielle pour la vidéo. Mais cela restera une expérimentation. L’objectif est de démontrer que cette technologie peut apporter une valeur ajoutée aux opérateurs et aux spectateurs. Elle doit permettre notamment, face au déficit de personnels disponibles et à la croissance fulgurante des données qui passent notamment par la vidéo, de soutenir les opérateurs dans leur mission et de les aider dans la prise de décision, qui reste elle, du seul registre de l’humain. Nous pouvons, grâce à l’IA, détecter des bagarres, des mouvements de foule ou encore une personne à terre avec la finalité de déclencher plus rapidement, grâce à une remontée de l’information en temps réel vers la salle de commandement, les forces d’intervention et de secours. Nous travaillons également avec les sapeurs pompiers pour la détection de noyades. Dans le cadre de la cérémonie d’ouverture, il serait par exemple possible de détecter une personne tombée dans l’eau en temps réel. En alertant immédiatement le PVPP puis la brigade fluviale, nous pouvons gagner plusieurs minutes sur le temps d’intervention. Minutes qui peuvent faire toute la différence, et sauver une vie. Nous sommes également capable de détecter des départs d’incendies. Dans le cadre des grands évènements, cela se transpose sur la détection de fumigènes ou de départ de feu dans un stade par exemple. Du côté expérience utilisateur, on peut imaginer cette technologie permettant d’ouvrir de nouveaux points de restauration dès lors que l’affluence est trop forte pour limiter les temps d’attente, réorienter les flux de transport pour fluidifier le trafic, ou encore déclencher l’enlèvement des poubelles dès lors qu’elles sont pleines, pour un lieu propre et agréable. Nous travaillons également à renforcer la solution sur la détection des bagages abandonnés. Aujourd’hui, la majorité des cas d’usage sont technologiquement maîtrisés, mais le temps presse. Le sujet est donc au déploiement et à l’intégration de la technologie dans les installations existantes. Nous attendons avec impatience le lancement des marchés pour être prêts pour l’été 2024. 

Améliorer la vie du quotidien vs éthique et libertés publiques 

La loi JOP 2024 interdit de facto le recours à la biométrie et à la reconnaissance faciale. La compliance au RGPD est évidemment un pré-requis essentiel. Chez XXII, nous fabriquons nos propres algorithmes, notre propre intelligence artificielle, ils ne peuvent pas faire de reconnaissance faciale et leur explicabilité est clé. Nous avons également créé un comité éthique qui se réunit tous les deux mois. Composé de personnalités extérieures à l’entreprise, qui peuvent être assez éloignées de notre coeur de métier, et d’acteurs internes, le but est de nous challenger et de nous faire progresser. Cela nous a notamment permis de faire évoluer nos algorithmes pour ce qui concerne la détection de personnes au sol que nous avons couplée avec une détection dynamique de chute. Cela permet notamment d’éviter que la solution soit détournée pour détecter des personnes sans domicile fixe par exemple et d’avoir une dérive d’usage. Nous poursuivons enfin nos travaux sur l’IA de synthèse, produite dans nos studios. Ce sujet est un véritable game changer pour l’avenir et les Etats-unis progressent très vite. Nous devons rester dans la course ! Ces solutions vont donc aujourd’hui bien au-delà que le domaine sécuritaire. Elles représentent un fort potentiel pour les villes intelligentes ou encore l’industrie. 

Mobiliser les hommes 

L’incertitude sur les capacités à mobiliser en temps voulu suffisamment de moyens humains inquiète aussi. On estime que 45 000 agents publics et 22 000 à 33 000 agents de sécurité privée seraient nécessaires, au quotidien, pour sécuriser les Jeux. Et ce, sans priver de leurs effectifs les autres territoires et tout en conservant les moyens de continuer à assurer les autres missions de maintien de l’ordre et de la sécurité. Le ministère de l’Intérieur s’est engagé à augmenter la présence policière dans la capitale et a annoncé la création de 1000 postes de policiers à Paris, un effort qui ne permettra toutefois sans doute pas d’atteindre les objectifs. Certains élus craignent déjà « un risque de déport de charge pour les collectivités accueillant des épreuves ou organisant des célébrations olympiques »4. La réquisition des nageurs sauveteurs CRS est particulièrement problématique pour toutes les communes du littorales, qui devront renforcer leur police municipale avec des agents temporaires ou des agents de sécurité privée. En effet « ces contraintes impliquent une anticipation forte pour favoriser la montée en charge de la sécurité privée – actuellement confrontée à des difficultés de recrutement, la planification du déploiement des effectifs des forces de sécurité intérieure et l’accroissement progressif des effectifs des réserves opérationnelles de la police et de la gendarmerie nationales. » préconisait le Sénat en janvier.5  

Face aux difficultés persistantes de recrutement dans ce secteur qui manque déjà de personnel pour effectuer les missions courantes, le Parlement a autorisé l’expérimentation d’une formation allégée d’agent de sécurité privée. Une approche qui interroge au vu du caractère sensible de ce métier, même si la certification n’ouvrira que sur des postes dans la sécurité de l’événementiel et qui ne donnera pas accès à la carte professionnelle d’agent de sécurité privée. Ces formations permettront notamment de combler 3000 postes ouverts spécifiquement à des étudiants réaliser les contrôles d’accès et effectuer la sécurisation des sites olympiques. 

« Le recours à des militaires pour effectuer des taches de protection civile sera inévitable pour combler l’écart qui devrait être important »6 estime pour sa part David Assouline, co-rapporteur de la mission d’information du Sénat. Ils pourraient être affectés à « la surveillance des embarcations et du parcours lors de la cérémonie d’ouverture ainsi que celles des abords du Stade de France. Les militaires seront également sollicités pour assurer la lutte anti-drone ainsi que le respect des zones d’exclusion de survol aérien. »7 précise-t-il. Si la décision n’a pas été prise officiellement, le ministère des Armées n’exclut pas de mobiliser jusqu’à 10 000 militaires pour les JOP.  

La dernière ligne droite  

A moins d’un an des Jeux, les prochains mois seront décisifs et devront permettre d’avancer sur plusieurs dossiers essentiels. « Sur le plan international d’abord, nous présenterons un état des lieux de notre stratégie à nos partenaires des comités nationaux olympiques et paralympiques les 20 et 21 juillet. Dans le même temps, nous avançons sur les sujets de coordination entre le comité organisateur, Paris 2024, et la puissance publique. Enfin, une série de « test events » et d’exercices sur table commenceront dès cet été permettant de bien se préparer entre les services de l’Etat et ceux de Paris 2024. Basés sur des scénarios issus d’incidents survenus lors de précédents Jeux Olympiques, ils viseront à mettre à l’épreuve les dispositifs prévus dans un certain nombre de situations concrètes. » explique Christophe Delaye, conseiller sécurité de la délégation interministérielle aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Une course de préparation à l’épreuve de VTT des JOP se tiendra notamment les 23 et 24 septembre prochains sur la colline d’Elancourt. Elle sera l’occasion de tester le dispositif de sécurité prévu sur des infrastructures temporaires, dans un site provisoire, éloigné des transports. 

Derrière ces enjeux d’organisation, de montée en capacité ou de mobilisation à tous les échelons, c’est bien la question de la confiance et de l’adhésion des citoyens qui est en jeu : « L’acceptabilité est l’un des principaux enjeux de ces Jeux. Nous veillons avec vigilance et attention à préserver l’adhésion du plus grand nombre de français malgré les défis, car elle sera l’une des conditions de la réussite de ces Jeux au même titre que la sécurité, le bon fonctionnement des transports… » souligne Christophe Delaye.  

Nombre des mesures prises à l’occasion des JOP 2024 ont vocation à s’inscrire dans la durée et à faire évoluer durablement les pratiques et approches de maintien de l’ordre et de la sécurité. « L’héritage des Jeux s’incarnera par exemple dans une approche plus globale du parcours spectateur incluant notamment la prévention de la délinquance tout au long de ce parcours, illustrée par les plans « Zéro délinquance » très volontaristes que le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer développe sur l’ensemble du territoire national. Ou encore dans l’approfondissement de la dimension interministérielle afin d’appréhender l’ensemble des risques, avec notamment une collaboration plus étroite avec tous les ministères concernés comme le ministère des Armées ou celui des Transports, de la Santé, de l’Agriculture… Les Jeux seront aussi l’occasion d’optimiser les rythmes de fonctionnement habituels des services de l’Etat l’été, à l’instar de la Justice, intensément mobilisée durant l’événement. » conclut Christophe Delaye.