Insécurité alimentaire pour 4,6 millions de personnes en Afrique

1 child dies every 5 seconds as a result of malnutrition © Dr. Lyle Conrad

 Un rapport de l’IPC met en garde que si des mesures ne sont pas prises, la situation d’insécurité alimentaire ne pourra que se détériorer, avec quelque 4,6 millions d’individus – soit 40 pour cent environ de la population du pays – victimes d’une grave insécurité alimentaire d’ici juillet 2015.

Le conflit en cours au Sud Soudan et la récession économique qui l’accompagne ont placé 3,8 millions de personnes dans une situation d’insécurité alimentaire à des niveaux d’urgence ou de crise, selon un nouveau rapport de l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire), soit 1,3 million de plus que ne prévoyaient les dernières projections en décembre 2014.

Le rapport met en garde que si des mesures ne sont pas prises, la situation ne pourra que se détériorer, avec quelque 4,6 millions d’individus – soit 40 pour cent environ de la population du pays – victimes d’une grave insécurité alimentaire d’ici juillet 2015.

L’estimation de l’IPC pour avril indique que la plupart des personnes affectées – 3 millions à un niveau de crise et 800 000 à un niveau d’urgence – se trouvent dans les trois états de la région nord-orientale du Nil Supérieur, la plus touchée par les combats. Beaucoup d’autres sont de l’ouest de la région de Bahr el Ghazal où les conditions se sont détériorées suite à un débordement du conflit.Le conflit et l’insécurité qui ont interrompu la campagne de semis de l’an dernier dans la région du Nil Supérieur ont déplacé des millions d’animaux, les éleveurs ayant dû fuir les zones de combats. L’intensification des conflits déplace de plus en plus de personnes qui viennent s’ajouter au 1,5 million déjà recensé en 2014. Par ailleurs, même dans les zones non touchées par les conflits, de nombreux marchés sont perturbés, tandis que l’inflation galopante et la dévaluation de la monnaie locale provoquent un renchérissement des aliments.

Le rapport montre également qu’en plus des 3,8 millions de personnes désormais à des niveaux d’urgence et de crise, 4 autres millions ont atteint la phase de stress (voir graphique à droite). « Cela signifie qu’ils ne seront pas en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires sans recourir à des mécanismes d’adaptation négatifs comme la consommation d’aliments sauvages et sauter des repas », a déclaré Erminio Sacco, Conseiller technique en chef du Système d’information sur l’agriculture au Sud Soudan, un projet de la FAO financé par l’Union européenne en faveur de l’institutionnalisation de systèmes d’information sur la sécurité alimentaire robustes à l’échelle nationale et des états.

« Les tendances observées, telles que le bouleversement des marchés avec la hausse des prix alimentaires, porteront inévitablement à des niveaux aigus d’insécurité alimentaire dans tout le pays », a-t-il ajouté. L’IPC est une initiative multipartenaires qui utilise une approche standardisée pour classifier l’insécurité alimentaire, en particulier dans les situations de crise. Les estimations sont basées sur un consensus technique parmi les parties prenantes, y compris les gouvernements.

Moyens d’existence à risque et hausse des prix des aliments

Déjà, dans la capitale et plus grande ville du Soudan du Sud, Djouba, les prix des céréales produites localement et importées, de l’huile végétale et du sucre ont bondi de 24 à 69 pour cent au premier trimestre et sont actuellement supérieurs de 90 à 100 pour cent aux niveaux normaux de saison.

L’alimentation constitue une grande part des dépenses des ménages – jusqu’à 85 pour cent pour les citadins pauvres. A mesure que la récession ronge les revenus, de plus en plus de populations rurales et urbaines pauvres seront incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires.

Le rapport IPC souligne que le conflit pèse sur les moyens d’existence, tout particulièrement dans la région du Nil Supérieur, rendant encore plus précaire la situation de la sécurité alimentaire. Par exemple, il signale une baisse importante du nombre de ménages recevant une rémunération pour un travail occasionnel – qualifié et non qualifié – de 20-30 pour cent à tout juste 6-8 pour cent.

Pour gagner leur vie ou satisfaire leurs besoins alimentaires, beaucoup d’habitants des zones rurales ont désormais recours à des alternatives comme la vente de produits de cultures, de bétail et de ressources naturelles telles que poteaux en bois, herbages, bois de feu, charbon de bois, ou bien ils cherchent une aide alimentaire grâce aux liens de parenté.

La sécurité alimentaire dépend de la fin des conflits

Le rapport IPC a souligné que l’amélioration de la situation de sécurité alimentaire dépendra fortement de la sécurité, de la résolution du conflit, de la stabilisation économique et d’un libre accès humanitaire.

Dans le cadre de son programme de résilience par pays, la FAO a étendu ses efforts pour acheminer à 2,8 millions de personnes une aide d’urgence comprenant des kits de céréales, de légumes, de pêche et de traitement vétérinaire en 2015. Mais l’Organisation avertit que la capacité des Sud-Soudanais de se redresser restera fragile tant que les populations n’auront pas complètement rebâti leurs moyens d’existence.

« La FAO Sud Soudan adapte ses opérations et la priorité de ses interventions d’urgence pour atteindre les populations victimes d’une grave insécurité alimentaire, mais le principal problème est la sécurité et l’accès à ces personnes à temps », a déclaré le Représentant de la FAO, Serge Tissot.

« Afin de conjurer une nouvelle détérioration potentiellement catastrophique de la situation de la sécurité alimentaire des plus vulnérables, il est capital que les partenaires poursuivent, voire étendent, leur soutien d’urgence aux moyens de subsistance tout en renforçant la résilience » a ajouté M. Tissot.

Pour le dernier rapport IPC approuvé par le Gouvernement de la République du Sud Soudan, consulter le site. La prochaine analyse détaillée de l’IPC pour le Soudan du Sud sera publiée en septembre 2015.