Optimisme, motivation et confiance

Mélanie BENARD-CROZAT

L’urgence décisive soufflée officiellement par le LBDSN de structurer une filière industrielle de la sécurité sous peine de laisser s’évaporer opportunités, croissance, développements technologiques et emplois à haute valeur ajoutée semble enfin acceptée de tous… Sous fond d’impulsion politique, toutes les parties concernées, administrations, entreprises, centres de recherche et industriels vont devoir travailler ensemble. Mais il va falloir aller encore plus loin. Parler d’une même voix et combler les fossés entre les acteurs autour de différences culturelles notoires… Un enjeu de taille au cœur d’un challenge déjà gargantuesque.

De l’optimisme, il va donc en falloir, de la motivation mais aussi de l’intelligence de situation, voire de la confiance entre mâles dominants habitués à s’affronter en concurrence organisée ou non. Le tout nouveau “Conseil des industries de la confiance et de la sécurité” (CICS) l’a visiblement bien compris jusque dans son intitulé…

Les enjeux du soutien à l’export et de l’innovation regroupent ainsi, au cœur de cette thématique, tous les suffrages. Critères structurants de la filière par excellence, ils trouvent même appui dans les plus hautes sphères politiques. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, s’engage lui même – « personnellement » – à soutenir la compétitivité à l’exportation. Suivi par le CICS qui voit des opportunités majeures et un positionnement de la France vital auprès de grands projets dans le monde entier, mais aussi auprès… des institutions bruxelloises.

Alors, l’Europe… nouvelle terre sacrée de la sécurité ?

L’Union européenne annoncera d’ici au mois de novembre les résultats de ses projets de recherche décisifs en matière de sécurité et consacrera l’annonce du lancement du programme “Horizon 2020 Secure Challenge” au cœur de Milipol, l’incontournable, l’international et le prospectif… Lieu privilégié au cœur de la capitale française, il compte bien jouer son rôle de levier dans cette structuration en devenir, et tirer parti de cette nouvelle impulsion – peut-être au travers d’un rapprochement d’avec le CICS…

Reste enfin que Milipol dispose d’une carte maître, Milipol Qatar, ses besoins et ses projets en matière de sécurité, et ses richesses, bien loin de nos restrictions budgétaires tricolores.

Des restrictions budgétaires qui pèsent sur la Défense qui se positionne elle aussi sur le marché et l’actualité de l’Europe, mais avec un pessimisme frappant. Le prochain conseil de décembre s’annonce comme un « dossier décisif » voire un « moment de vérité ». Le monde industriel de la Défense lié à la DGA voit ses carnets de commandes diminuer, voire s’évaporer… Alors, on mise sur l’exportation où il va falloir affronter la concurrence agressive des pays émergents dotés d’arguments de poids. Autant d’éléments qui font craindre le pire aux PME. Entre urgence et besoin de cohérence, la loi de Programmation militaire et le pacte PME Défense ne rassurent pas, bien au contraire.

Une industrie jusqu’alors glorieuse, fleuron de la France, et ô combien structurée qui semble voir sa cadette de la sécurité – oubliée un temps – prendre son envol avec des programmes industriels capables de changer le visage de la France d’ici 2020, selon Arnaud Montebourg… des PME plus que jamais motivées, des groupements de professionnels actifs et déterminés, des atouts capables de concourir au développement économique de la France et le pouvoir d’influer pour ses concitoyens, sur l’un des droits les plus fondamentaux, la liberté.