La France face au défi d’un monde nouveau

Mélanie BENARD-CROZAT

Innovation, équilibres, alliances, enjeux et défis européens et internationaux, la France doit faire face à des changements d’envergure. Des évolutions constantes associées aux nouvelles technologies, aux enjeux politiques, géostratégiques et économiques, et au spectre des menaces renouvelé et élargi.

La France doit donc renouveler sa capacité d’adaptation pour rester dans la compétition internationale et prendre sa place de leader dans ce nouveau monde en construction. Cette France aux capacités extraordinaires, parfois enviées, qui souffre pour autant de ce mal pubère, le manque de confiance en soi. Une confiance perdue malgré des atouts certains, un découragement doublé d’une défiance et d’un pessimisme qui ont conduit la France dans un piège qu’elle s’est fabriquée elle-même… Paradoxalement, sur le marché de la sécurité et de la défense, les PME françaises innovent, les grands groupes remportent marché sur marché aux quatre coins du monde, les partenariats public-privé se multiplient, le dialogue s’ouvre, les alliances se forment, une filière se construit… Une filière d’excellence qui s’initie sur la voie du rassemblement et de la cohérence mais qui, tout comme son homologue européenne, devra attendre quelque cinq à dix ans pour présenter ses premiers résultats. « Cinq ans, c’est l’horizon du politique ; dix ans, c’est celui de la société », disait Jean Pisani-Ferri.

Dix ans pour prendre la mesure des évolutions de fond sur lesquelles il nous faut investir, et celle des risques qui peuvent changer les perspectives.

Au niveau mondial, les tendances économiques s’imposent déjà avec les pays émergents qui prennent une place incontestée et incontestable sur la scène internationale. L’Asie qui, dans une économie globalisée, est le premier moteur de la croissance mondiale, faisant preuve d’un dynamisme économique, financier, démographique et intellectuel. D’ici 2030, elle sera le principal foyer de création de richesses, d’innovation scientifique et technique, et représentera plus du tiers du produit intérieur brut mondial. Le Moyen-Orient devient, lui, l’un des plus gros clients du marché avec des besoins nombreux et nouveaux et des ressources quasi inépuisables…

L’Europe reste floue. Facteur d’incertitude, elle peine à offrir des visions communes, des actions collectives et des positions coordonnées. Peut-on penser que tous les pays européens auront une même analyse et porteront une même stratégie face aux menaces de demain ? Peuvent-ils avoir une action coordonnée face aux défis de la mondialisation ?

La France de 2024, quant à elle, ne devrait pas manquer d’atouts : mieux formée, équipée et attractive, elle sera aussi plus urbaine. Oui mais sera-t-elle compétitive, conservera-t-elle sa place de puissance internationale, pèsera-t-elle toujours dans les débats internationaux ? Sera-t-elle devenue l’un des acteurs clés et incontournables en matière de sécurité et de défense ?

Des questions qui restent en suspens, auxquelles S&D Magazine tentera d’apporter des réponses aux côtés des différents acteurs impliqués tout au long de l’année 2015 et des années à venir… Bien des lignes restent à écrire. À nous de décider ce qu’elles contiendront…