L’armement dans le monde, un marché florissant

 

Sources LE MONDE / AMNESTY

En octobre dernier, les Nations unies organisaient la semaine du désarmement, une manifestation créée en 1978 afin d’inviter les Etats à réfléchir aux dangers de la course à l’armement et aux manières d’y mettre un terme. Il y a quelques jours, l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes (TCA) constituait une avancée majeure pour les droits humains et dans le lutte contre les flux illicites d’armes.

Une légère baisse des dépenses militaires en 2013

Après une forte progression dans les années 2000, on observe depuis deux ans une stabilisation, voire même une très légère baisse des dépenses mondiales , – 0,3 % entre 2012 et 2013.

Cette baisse masque en réalité un changement dans le paysage des Etats dépensiers dans le monde. Les dépenses militaires baissent dans les budgets de plusieurs pays occidentaux, tandis que de nombreuses nouvelles puissances ou puissances émergentes augmentent de manière soutenue leur effort dans ce domaine.

Dans les pays occidentaux, cette baisse des dépenses militaires s’explique par le ralentissement économique et les politiques d’austérité, les budgets de la défense étant souvent les premiers touchés par les mesures d’économies. Pour plusieurs pays européens (EspagneItaliePays-Bas), cette diminution atteint près de 10 %.

Malgré leur effort de réduction sur 10 ans de leurs dépenses militaires, les Etats-Unis restent le pays qui investit le plus dans la défense, très loin devant la Chine.

Les pays ayant largement augmenté leurs dépenses militaires combinent souvent plusieurs caractéristiques : une croissance économique soutenue, des revenus importants tirés des hydrocarbures et, ou, des tensions géopolitiques à l’intérieur ou à l’extérieur de leurs frontières les incitant à s’armer davantage. Ces nouvelles puissances se retrouvent en Asie et au Proche-Orient avec l’Inde, la Chine ou l’Arabie saoudite.

Des outils pour le désarmement

Même si les dépenses militaires ont légèrement fléchi en 2013, la course à l’armement reste une constante pour nombre de pays. S’il reste impossible de limiter les budgets de la défense des Etats, des traités sont signés et ratifiés pour limiteret encadrer l’usage de certaines armes.

Parmi les principaux traités, on peut citer :

– le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP, 1968),

– la convention sur l’interdiction de la mise au point de la fabrication, le stockage et l’utilisation des armes chimiques (CIAC, 1993),

– la convention sur l’interdiction de la mise au point de la fabrication, le stockage et l’utilisation des armes biologiques (CIAB, 1972),

– la convention sur certaines armes classiques (CCAC, 1980)

– la convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, appelée convention d’Ottawa et adoptée en 1997.

Le nouveau traité entré en vigueur le 24 décembre dernier, le traité sur le commerce des armes vise à établir des normes communes à tous les Etats et à les responsabiliser dans leurs transferts internationaux d’armes conventionnelles. L’objectif est notamment de réduire les flux illicites d’armes. Cent quinze pays l’ont signé à ce jour, dont les Etats-Unis et les 28 pays de l’Union européenne. Le TCA contient un certain nombre de règles visant à arrêter la circulation d’armes à destination de pays où l’on sait qu’elles serviraient à commettre ou à faciliter un génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre ou d’autres atteintes graves aux droits humains. Les États parties au TCA devront désormais réaliser des évaluations objectives de la situation dans les pays destinataires afin d’éviter tout risque majeur que des exportations d’armes ne contribuent à ces atrocités.