La filière optique/optronique : haut de gamme et bas coût, de la matière au système complet

 

L’optronique, synthèse de l’optique et de tout ce qui relève de la détection, du traitement des images et de leur stabilisation, est un marché en forte hausse. De près de 20 % par an, il pèse plus de 6 milliards au plan mondial. Domaine de très haute technologie, il répond à des besoins opérationnels en phase avec les évolutions des menaces. Des besoins éminemment croissants avec le développement des combats asymétriques et des exigences de sécurité dans le monde.

Terrain d’excellence de Sagem (groupe Safran), combinant de l’optronique avec la stabilisation par capteurs inertiels, pour des produits à haute valeur ajoutée mais proposés à des coûts attractifs grâce à des volumes de production conséquents, l’optique et l’optronique attirent de nouveaux et nombreux acteurs. Ainsi, Eurosatory présente un panorama complet de cette filière intégrant des sociétés impliquées dans la fabrication de composants optiques mais aussi des PME, intégrateurs et grands groupes venus présenter leurs produits finis et dernières innovations.

Permettant de détecter à distance, de voir la nuit et de guider des missiles, l’optronique est devenue une technologie critique pour les armées. Elle est embarquée sur à peu près toutes les plates-formes de combat moderne : avions de chasse, frégates, chars d’assaut, casques…

Ainsi Thales équipe la nacelle Reco NG du Rafale, les mâts optroniques des sous-marins anglais Astute, produit les jumelles Minie qui vont équiper le soldat Félin ou encore la jumelle Sophie, caméra thermique embarquée, présentée prochainement aux unités de la brigade de renseignement française. Il bénéficie par ailleurs d’un financement de Plans d’Études Amonts (PEA) initié par l’État et qui permet de valider et développer des briques technologiques novatrices qui vont pouvoir être incorporées dans de nouveaux systèmes pour le projet Multicontext Airborne System for Targetting, Recognition and Identification dont l’échéance est fixée cette année.

Un marché porteur pour les PME innovantes

La Direction générale de l’armement (DGA) et la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS), qui apportent une expertise croisée sur les projets proposés, mettent également à disposition des PME des programmes d’accompagnement spécifique à l’image du dispositif RAPID (régime d’appui à l’innovation duale). Il soutient des projets de recherche industrielle ou de développement expérimental à fort potentiel technologique, présentant des applications militaires mais aussi des retombées pour les marchés civils. Dispositif conçu pour être extrêmement réactif, il accorde, dans un délai de quatre mois, un financement des projets sélectionnés.

Simulations d’essais nucléaires

L’entreprise Idil, membre du cluster Photonics Bretagne, a bénéficié du dispositif RAPID. Spécialisée dans la conception de fibres optiques et lasers, elle a ainsi développé son projet “LASER Mégajoule” dont la finalité est d’effectuer des simulations d’essais nucléaires. Ce dispositif, lancé grâce à une collaboration entre le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) – qui consacre 600 millions d’euros annuels aux applications nucléaires – et la société elle-même, est l’un des principaux éléments du programme militaire français Simulation. « Ce laser vise à pérenniser la dissuasion nucléaire en France, après l’arrêt définitif des essais en condition réelle. Le laser MégaJoule est en cours de montage. Une première chaîne devrait être lancée à la fin de l’année », souligne Patrice Le Boudec, PDG d’Idil. La PME bretonne est également en charge du développement industriel du Réseau fibré de métrologie à vocation européenne « dont le déploiement est prévu pour fin 2015 et son exploitation à l’horizon 2020-2025 », précise David Assous, responsable commercial en ingénierie. Un dispositif qui devrait être élargi en Europe. Une PME qui s’ouvre également peu à peu à l’international. Selon Jean-Yves Le Drian : « On a trop tendance à considérer que l’innovation est le fruit des grandes sociétés. Des petites PME comme la vôtre permettent de continuer à innover », a-t-il déclaré lors de sa visite récente au sein d’Idil.

Des PME innovantes, la France en compte de nombreuses. Lheritier, intégrée au groupe ALCEN, l’une d’entre elles, a aussi bénéficié du dispositif RAPID de la DGA dans le cadre de son projet CAT EYE présenté en exclusivité lors du salon Eurosatory 2014. Disposant de nouvelles capacités ultra-performantes et novatrices, CAT EYE défie le monde de l’infrarouge et les performances jusqu’alors disponibles, au service de la défense et de la sécurité. Caméra d’observation portative, elle délivre, le jour, dans les bas niveaux de lumière (quart de lune) mais aussi en nuit profonde, une image restituant la vision de l’œil : nette, fine et réaliste jusque dans les contrastes naturels identifiés par le cerveau humain. De jour comme de nuit, par temps de pluie, de brouillard ou de grande pollution, CAT EYE permet toujours une excellente visibilité allant jusqu’à une identification faciale à 150 mètres. Autonome et robuste, elle ne consomme que peu d’énergie et délivre une image instantanée, enregistrable en mode vidéo ou photo. Enfin, discrète, elle passe d’un mode passif à un mode actif, ou encore en mode photo, tout en restant quasi indétectable. Les technologies d’imagerie active à basse lumière représentent l’une des grandes innovations attendues par les services de l’État (ministère de la Défense, ministère de l’intérieur, Sécurité civile et gestion des crises). Technologie de pointe, CAT EYE répond ainsi aux besoins opérationnels en matière de protection des populations, sécurisation de sites sensibles, grands événements, missions d’observation, surveillance des frontières, portuaire ou encore aéroportuaire… Lheritier souhaite désormais poursuivre son développement à l’export. Disposant d’un caractère innovant marqué, de normes d’ores et déjà acquises et du soutien de la COFAS, Lheritier séduit les États-Unis, l’Inde ou encore la Chine.

SensUp, PME membre du cluster EDEN, présentera sur Eurosatory, en avant-première, son nouveau télémètre laser pour la détection de cibles moyenne et longue distance : le LRF 1550 MLR. Pour pénétrer ce marché concentré et mature, SensUp a fait un choix stratégique et technologique fort : concevoir le premier télémètre embarqué à base de laser à fibre du marché. Cette approche ambitieuse répond à un double enjeu : satisfaire aux exigences “SWAP” exprimées par les intégrateurs optroniques tout en offrant une solution compétitive.

Ce système électro-optique intégrable couvre plusieurs domaines d’applications : les opérations de reconnaissance, la surveillance de sites sensibles ou encore l’aide à la navigation sécurisée. Le LRF 1550 MLR est conçu pour s’intégrer aussi bien sur un véhicule terrestre (blindés, VBCI, etc.) que sur une plate-forme aéroportée (drones, avions et hélicoptères). Hall 6 Allée GF Stand N° 530.

L’export, saint graal de nos industries françaises qui voient les budgets européens et américains de la défense en berne. Ainsi, se tournent-elles vers les pays émergents et les BRICKS, à l’image du Brésil, le nouvel eldorado en matière d’optronique. Sagem, qui réalise 75 % de son activité à l’export, s’est implanté dès 2013 en Amérique du Sud, suivi en ce début d’année par Airbus Defense and Space et l’israélien ELOP.

Le gouvernement brésilien est effectivement très intéressé par une coopération à long terme avec les entreprises technologiques étrangères que ce soit pour la surveillance aux frontières, la protection des richesses naturelles ou encore le programme de modernisation des armées…