Corruption : un lourd travail reste à fournir

En effet, selon une étude du cabinet de conseil en achat AgileBuyer, 36% des tentatives de corruption en France proviendrait d’entreprises… françaises, et 19% d’entreprises européennes. Les secteurs de l’immobilier, du bois et du papier sont les plus touchés par la corruption.

Selon une étude du cabinet de conseil en achat AgileBuyer et du groupement Achats et Supply Chain de HEC auprès de 542 professionnels français de la fonction achat dans le privé, 25 % des directeurs des achats avouent sous couvert d’anonymat avoir déjà fait l’objet d’une tentative de corruption. En outre, constate cette étude, 16 % des professionnels des achats ont été confrontés à des tentatives de corruption durant leur carrière. Olivier Wajnsztok, directeur associé d’AgileBuyer estime qu’une « entreprise tente de corrompre quand elle n’a pas les bons produits et/ou les bons prix afin de biaiser le processus de l’appel d’offre ».

La France ne se prive pas du podium !

Loin de clichés attendus, parmi les entreprises qui osent les tentatives de corruptions, ce sont les françaises qui arrivent en tête avec 36% ! suivies par les européennes (19%), les asiatiques (16%), les nord-américaines (6 %) et les sud-américaines (2%). « L’intention de corrompre pour obtenir un marché est présent dans toutes les zones géographiques, mais il faut noter que les entreprises françaises subissent majoritairement des tentatives de corruption par des entreprises… françaises ! Les fournisseurs français et européens représentent ainsi plus de la moitié de ces tentatives, suivies de près par les entreprises asiatiques », explique l’étude qui précise en prime que « la France est manifestement considérée comme un pays où on peut tenter de corrompre les donneurs d’ordre » ! Le « Made in France » ne suffit donc pas et « ne garantit certainement pas contre le fléau de la corruption, et les clichés classiques sur les pays corrompus sont balayés d’un revers de la main par les résultats de cette étude ».

Les deux secteurs les plus confrontés à des tentatives de corruption sont les secteurs de l’immobilier « les services des achats du domaine de l’immobilier sont confrontés à cette mauvaise image depuis de longues années, et les chiffres de l’étude renforcent cette idée reçue puisque la moitié des collaborateurs des achats de ce secteur ont déjà subi une tentative de corruption ». Sont également concernée, l’industrie du bois, du papier et de l’imprimerie (50%). Puis viennent les secteurs de la mécanique et de la métallurgie dont un tiers des représentants des achats de ce secteur ont déjà fait l’objet d’approches crapuleuses. « Ce chiffre est deux fois supérieur à leur secteur client privilégié que sont l’automobile et autres matériels de transport » explique l’étude d’AgileBuyer. L’ingénierie et la recherche et développement sont concernés à hauteur de 29%, le secteur des équipements électriques et électroniques à hauteur de 28%, celui du meuble, du textile et autres entreprises manufacturières (26%), de la distribution générale et spécialisée (24%)…

A souligner également, « Les efforts de sensibilisation et de formation des personnels des grandes entreprises de l’automobile, de l’aéronautique et du ferroviaire (qui) portent leurs fruits. » peut-on lire dans l’étude présentée.

74 % des entreprises ont signé la charte anti-corruption

« Personne n’est à l’abri, même si tentative de corruption ne veut pas dire corruption » effective, rappelle l’étude. Le cabinet de conseil en achat revendique travailler avec plus de 80% des entreprises du CAC 40 et précise que « La Charte anti-corruption a été signée par 74% des professionnels des achats, soit deux points de plus qu’en 2014. La signature de la Charte anti-corruption est donc toujours une priorité pour les services achats. »

Un comportement qui se veut rassurant sur l’évolution des mentalités. Reste le quart des entreprises qui n’ont pas signés cette charte. Alors à toute conclusion hâtive et manipulation des chiffres, le cabinet rappelle qu’ « il est entendu que la non-signature de la Charte anti-corruption n’implique pas un forcément comportement déviant. » Des efforts restent tout de même à fort sur notre sol national !