Le marché de la sécurité en Côte d’ivoire

Le marché de la sécurité en Côte d'ivoire

La sécurité et la Défense sont au cœur des attentions du gouvernement ivoirien, dont le pays affichait en 2015 un taux de croissance de 8%.

Manuel Valls, désormais lancé dans la course à la présidentielle 2017, était il y a quelques semaines en tournée en Afrique, au Togo, au Ghana et en Côte d’Ivoire pour parler sécurité et économie !

Après plusieurs passages sur le sol africain depuis 2014, Manuel Valls, s’est rendu fin octobre en Afrique de l’Ouest. Soulignant ouvertement son ambition de « contribuer à bâtir des ponts » entre nos deux continents, l’ancien Premier ministre a tenu a rappeler à nos confrères de Jeune Afrique que « L’Afrique est la nouvelle frontière sur laquelle l’Europe doit bâtir en partie son avenir, pour des raisons démographiques, stratégiques et économiques ».

 

Signal d’alerte pour les entreprises françaises

Après le port autonome de Lomé, Manuel Valls a souligné que « nous avons connu beaucoup de concurrents ces dernières années, européens, turcs, chinois, indiens, qui ont débordé les firmes françaises sur les marchés africains. Nos entreprises doivent cesser de considérer qu’elles évoluent dans une chasse gardée ».

Et oui, la France doit modifier son approche des affaires sur le continent africain si elle veut rester présente et saisir de nouvelles opportunités.

Des opportunités nombreuses qui couvrent principalement 5 domaines « la sécurité du citoyen, la sécurité des infrastructures critiques, la surveillance aérienne et maritime, la gestion de crise et la cybersécurité. » explique Sophie Clavelier, directrice Côte d’Ivoire chez Business France.

3,4 milliards d’Euros de budget

La sécurité et la Défense sont en effet au cœur des attentions du gouvernement ivoirien, dont le pays affichait en 2015 un taux de croissance de 8%. Ce dernier a adopté en conseil des ministres, en début d’année une loi de programmation militaire sur la période 2016-2020 dotée d’un budget de 2254 Milliards F CFA (3,4 milliards d’Euros) dans l’ambition de parvenir à construire sur la période indiquée une armée moderne et aguerrie capable de soutenir les ambitions de développement de la Côte d’Ivoire.

« Il s’agit d’aller vers une armée qui est plus adaptée aux réalités actuelles de notre pays. Vers une armée qui est plus aguerrie, qui sait faire mieux face aux nouvelles menaces auxquelles notre pays est confronté, et qui est également à la hauteur de ses ambitions de développement et de rayonnement sous régionale », a indiqué le porte-parole du Gouvernement, Bruno Koné. Il est question de renforcer les capacités tant au plan humain, matériel que financier des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et de la gendarmerie nationale. Ainsi 800 milliards (1,22 milliards d’Euros) sur l’ensemble du budget serviront à équiper ces forces quant 1454 milliards (2,22 milliards d’Euros) seront consacrés à des dépenses de fonctionnement.

Le gouvernement a également adopté un projet de loi portant la programmation des forces de sécurité intérieure sur la période 2016-2020 qui se pose désormais comme la « feuille de route » en matière de sécurité intérieure.

L’objectif est d’apporter des solutions concrètes fortes et durables aux difficultés rencontrées liées aux moyens humains, aux moyens matériels et financiers de la Police nationale, des Douanes, de la direction générale des Affaires maritimes et portuaire, des Eaux et forêts, de l’office nationale de la protection civile, etc.

La loi s’inscrit dans l’approche de la nouvelle politique de Défense et de Sécurité de la Côte d’Ivoire définie à travers le document de stratégie nationale de sécurité qui détermine les mesures prioritaires permettant de doter le pays de forces de sécurité intérieure dignes des ambitions d’émergence affichées par le gouvernement à l’horizon 2020.

Les segments phares

Ainsi, en matière de sécurité du citoyen, les besoins s’orientent en faveur de solutions de vidéoprotection, de sécurité routière, de véhicules de patrouille et d’hélicoptères pour les pompiers et la gendarmerie.

En matière de sécurité maritime, l’achat de patrouilleur est à l’ordre du jour. Des patrouilleurs de grande envergure afin de lutter contre le fléau de la pêche illicite. Un volet qui dépend directement de la présidence ce qui laisse à penser qu’un important travail amont sera nécessaire…

La lutte contre le terrorisme est bien entendu un autre volet majeur qui retient vivement l’attention des autorités ivoiriennes. De nombreux projets de coopération bilatérale sont d’ores et déjà actifs avec la France. « Des équipements sont testés dans ce cadre mais ces expérimentations sont aussi conduites avec d’autres pays que la France. » souligne Sophie Clavelier et de poursuivre « il y a en effet, pour l’ensemble des forces de sécurité, une demande très forte en matière d’équipements de protections individuels ». Un marché sur lequel la France dispose des compétences pour se positionner… mais c’est aussi un marché très concurrentiel où les turcs et les chinois par exemple sont très agressifs et proposent des produits et solutions qui répondent aux besoins et exigences des Africains…

Enfin, en matière de cybersécurité, les besoins sont colossaux. Le marché africain de la cybersécurité doit passer de moins de 1 milliard de dollars à plus de 2 milliards d’ici 2020, alors que le marché mondial doit passer de 75 milliards de dollars à 170 milliards de dollars.

La Côte d’Ivoire, à l’image de ce qui se passe sur tout le continent africain, s’ouvre considérablement aux opportunités du numérique, mais aussi aux menaces adjacentes…

Le ministère de l’intérieur a créé une plateforme de lutte contre la menace cybe mais l’administration doit encore poursuivre ses efforts. Elle échange quantité de documents, d’informations, de données qui doivent être sécurisés, tout comme les transactions en elles-mêmes. C’est donc un marché important qui s’ouvre pour les entreprises du monde entier en France, mais aussi en Russie, en Chine, en Israël et aux Etats-Unis qui représentent les concurrents principaux de l’Hexagone.

Les besoins sont enfin très importants en matière de sécurisation de l’identité, des contrôles d’accès ou des moyens de paiement… Des entreprises françaises sont déjà implantées sur le sol ivoirien et proposent leurs solutions comme Orange, Gémalto… C’est un marché en croissance qui affiche une certaine maturité. Enfin, les Ivoiriens attendent des produits de qualité dans les domaines qu’ils ont identifié comme prioritaires.

Les enjeux de la cybersécurité sont au cœur de l’actualité internationale. Ils seront consacrés avec l’exemple de la Côte d’Ivoire lors de la seconde table ronde de la conférence plénière du ShieldAfrica qui se tiendra à Abidjan le 23 janvier 2017.

 

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