Industriels de la défense : un Président positif et optimiste à la tête de RTD !

Industriels de la défense : un Président positif et optimiste à la tête de RTD !

Le groupe Renault Trucks Defense (RTD) a décroché l’an dernier des contrats importants, notamment au Canada, Koweït et Liban. Emmanuel Levacher, président de Volvo Group Governmental Sales et PDG de Renault Trucks Defense et Panhard revient sur ces succès et affiche satisfaction, ambition et perspectives.

Le groupe RTD a en effet réalisé une très belle année 2015 à l’export. « L’année 2015 a été faste et l’année 2016 se montre très intéressante en termes de conclusion de contrats » explique Emmanuel Levacher.

Le groupe qui, pour rappel, réunit six marques (RTD, ACMAT, Panhard, qui représentent 90 % de notre activité ; à l’international, Mack Defense aux États-Unis, Volvo Defense en Suède et VGGS Océanie en Australie), a décroché l’an dernier des contrats importants au Koweït, au Liban et au Canada.

Succès en cascades à l’export

Le groupe a en effet remporté un appel d’offre important auprès de l’armée canadienne qui a commandé plus de 1.500 camions logistiques 8×8 « pour un total supérieur à 500 millions d’euros », précise le PDG. Les Canadiens ont également pris une option pour 600 véhicules supplémentaires. « Nous avons la volonté de faire de Mack Defense un partenaire de premier plan des armées nord-américaines, celle du Canada et pourquoi pas aussi des États-Unis » poursuit-il précisant que ces succès sur la scène internationale bénéficient aux sites français du groupe. « Les véhicules commandés par le Canada seront fabriqués en grande partie par l’usine Renault Trucks de Bourg-en-Bresse. » Les véhicules seront livrés entre mi-2017 et fin 2018 et produits sur le site entre fin 2016 et mi-2018. Le site produira pendant dix-huit mois une centaine de véhicules par mois, des véhicules très lourds. Une centaine d’embauches à eu lieu en 2015. Il en sera de même sur 2016. « Ce sont des emplois qualifiés très spécialisés que nous recherchons. Mais comme dans d’autres domaines, nous avons nous aussi des difficultés à recruter dans les métiers de la soudure, de l’électronique, de la mécanique par exemple… Des métiers abandonnés par les jeunes générations notamment… Nous portons donc une politique de recrutement qualitative et affichons une volonté de fidélisation très forte. » souligne  Chantal Dognin, Senior Vice President Ressources humaines et communication.

Le groupe a également signé un contrat pour la vente de 120 véhicules tactiques Sherpa Scout avec la garde nationale koweïtienne et RTD négocie actuellement d’autres contrats avec ce pays, notamment 120 Sherpa supplémentaires et du VAB Mark3. « Les accords de principe sont là. Nous sommes confiants » explique Emmanuel Levacher. En outre, le groupe vient « enfin de signer, après des mois de tergiversations, un contrat avec ODAS (la société qui fait l’interface entre la France et l’Arabie Saoudite, ndlr) dans le cadre du programme d’aide à l’armée libanaise (DONAS) qui porte lui aussi sur la fourniture d’une centaine de blindés Sherpa et d’une centaine de VAB Mark3 ». Au Moyen-Orient, lesproduits de blindés Sherpa et VAB Mark3 sont en effet particulièrement appréciées. « Ces dernières années, nous avons livré au total plus de 600 blindés, plus de 2.000 camions au Moyen-Orient et en Afrique, dynamique appelée à prendre de l’ampleur dans les prochaines années » estime le patron de RTD.  Le groupe a en effet livré à l’Égypte, plus de 1.500 camions l’année dernière et mène actuellement des négociations portant sur d’autres matériels : camions, blindés légers, blindés moyens. Mais toujours pas d’issue à l’horizon pour les contrats avec l’Inde, initiés depuis plusieurs années… mais le Rafale a attendu près de 15 ans avant la signature de négociations entamées, rappelons le, en 2001…

La France, client historique de RTD

En France, la Direction générale de l’armement (DGA) a notamment notifié le 30 décembre à RTD la réalisation de 241 Véhicules Légers et de 202 Véhicules Lourds pour les forces spéciales. « Les vingt-cinq premiers véhicules dits PLFS – poids lourds forces spéciales – doivent être livrés avant la fin de l’année » a affirmé le patron de RTD. Les unités d’élite comme le RAID et le GIGN ont elles aussi fait appel au savoir-faire reconnu de la firme française pour la réalisation et la commande de onze véhicules dont les premiers ont été livré il y a quelques semaines, avant le début de l’Euro2016. Des marchés « sécurité » qui deviennent de plus en plus nombreux, mais « restent encore très morcelés » souligne Emmanuel Levacher.

RTD bénéficie par ailleurs de la montée en puissance du programme Scorpion qui prévoit le remplacement de tous les blindés de l’armée de terre soit au total 1916 véhicules. Associé à Nexter et Thales en partenariat sur ce programme d’ampleur, RTD fournit toute la mobilité des blindés – Jaguar et Griffon – ainsi que les tourelles d’auto-défense. Les premières livraisons sont attendues pour 2018 et s’étaleront jusqu’en 2031. Au total 1.668 Griffon et 248 Jaguar équiperont l’armée française.

Voir notre article sur le programme Scorpion 

Le groupe se dit également « prêt à accompagner la montée en puissance de la force opérationnelle terrestre décidée par le président de la République. L’armée de la terre pourrait être intéressée par des véhicules issus de nos gammes, lesquels remportent déjà de grands succès à l’exportation. Vous savez sans doute que nous avons réalisé un premier pas significatif puisque la direction générale de l’armement nous a notifié le 30 décembre 2015 un marché de plus de 400 véhicules destinés à équiper les forces spéciales. Les adversaires depuis 1918 et la gloire du char Renault FT 17 ont changé mais nous continuons à servir l’armée française. Nous sommes même un partenaire extrêmement actif. À travers nos trois marques RTD, ACMAT et Panhard, nous fournissons ainsi 90 % des plateformes blindées logistiques actuellement en service dans l’armée de terre. » tient à préciser le patron de RTD. 

RTD présente son VAB Mark 3 équipé de la tourelle CMI de 90 mm lors du salon Eurosatory.

Développé sur fonds propres, bénéficiant des 40 ans d’expérience de la famille VAB, c’est un 6X6 de 20 tonnes, équipé d’un moteur de 340 à 400 cv et d’une boîte de vitesses automatique, qui atteint la vitesse de 105 km/h.

Transportant 2 membres d’équipage et six soldats en caisse dans la version 90 mm présentée, il est apte aux missions de combat d’infanterie (appui et reconnaissance, contrôle de zone) et bénéficie d’une protection balistique et mines (Stanag 4569 OTAN), répondant au standard aujourd’hui accru de protection des équipages.

Sa dotation en munitions de 90 mm lui donne une excellente durée de vie sur la zone des opérations.

Equipé de Battlenet Inside, il reçoit tous les systèmes d’information et de communications modernes nécessaires à un équipage au combat et au commandement d’une unité en opérations.

Totalement qualifié et industrialisé, il est en cours de fabrication pour plusieurs clients exports.

MCO & LPM : une aubaine pour l’avenir de la firme

Toutes les entreprises se tournent vers l’innovation pour rester dans la compétition. RTD en fait évidemment partie avec des investissements en R&D dans les domaines propres à la défense – blindage des véhicules, tourelles télé-opérées. « Nous bénéficions également des développements réalisés dans le groupe Volvo en appliquant aux engins militaires des avancées technologiques issues de l’industrie civile : hybridation ou l’électrification des chaînes des groupes motopropulseurs ; mise au point avec le soutien de la DGA du démonstrateur ELECTER ; véhicules connectés, robotisation et véhicules autonomes » mais les effets de levier de la marque se portent aussi sur le maintien de condition opérationnelle (MCO) et la régénération des véhicules blindés.

RTD pionnier de la propulsion hybride parallèle de Défense  

Présenté sur son stand à Eurosatory, le démonstrateur à propulsion hybride parallèle Electer, objet d’un Plan d’Etudes Amont (PEA) confié par la DGA dès 2012, a été testé ces deux dernières années sur plus de 5 000 km, dont la moitié en tout terrain.

Préfigurant l’équipement des matériels militaires futurs, ce PEA, présenté avant les tests en 2014, a démontré la fiabilité, la robustesse et la performance de ce concept lors de deux années de tests particulièrement exigeants dans des conditions proches de la réalité des opérations.

Ce PEA, confié à RTD le 21 décembre 2012 s’achève désormais avec 7 différents modes de fonctionnement validés et en mesure d’être installés sur ses produits et en vue de répondre aux exigences des opérations militaires modernes.

Ainsi RTD propose le mode Hybride qui réduit la consommation, le Furtif qui garantit un déplacement silencieux), le Booster permettant un bond rapide pour accélérer la la manoeuvre), le Rechargement rapide de la batterie de traction, l’APU avec batterie autorisant les veilles silencieuses sans groupes électrogènes embarqués, l’APU avec moteur thermique offrant une puissance électrique de haut niveau et le Diesel permettant les déplacements en mode dégradé.

L’année 2015 a été marquée par les attentats qui ont provoqué un choc et une prise de conscience dans la société française qui s’est matérialisée l’an dernier par la révision de la loi de programmation militaire (LPM). « Les efforts budgétaires consentis ont eu des conséquences presque immédiates, notamment en matière de maintien de condition opérationnelle (MCO). La charge de certains de nos sites, ceux en particulier de Limoges pour la réparation des véhicules blindés de combat (VBC) et de Fourchambault pour les véhicules de l’avant blindés (VAB), a été très vite revue à la hausse pour prendre en compte les besoins urgents de l’armée française. De ce point de vue, le rapport parlementaire consacré au MCO et aux OPEX qui pointait l’usure rapide des matériels de l’armée de terre engagés dans les différents théâtres d’opération a montré toute sa pertinence. » explique le PDG et de poursuivre « la révision de la LPM va également permettre de financer la régénération des véhicules blindés légers (VBL), qui pourrait être lancée sur notre site de Marolles-en-Hurepoix à la fin de l’été. Cette opération industrielle permettra de moderniser ce véhicule, beaucoup employé, en attente de la mise au point de son successeur. » 30 % du chiffre d’affaire de l’entreprise est aujourd’hui réalisée en MCO et ce pourcentage « a vocation à augmenter » souligne t-on chez l’industriel.

Un accord de partenariat a été récemment signé avec le service de maintenance industrielle terrestre (SMITER) et la structure intégrée pour le maintien en condition opérationnelle du matériel terrestre (SIMMT) de l’armée de terre afin de lancer des opérations de réparation industrielle privée sur le GBC 180.

Les modules d’alerte et de surveillance du e-Soutien évalués sur des équipements militaires en situation opérationnelle.

Permettant le maintien en condition opérationnelle à distance, ces Health Usage Monitoring Systems (HUMS) sont l’avenir et la garantie d’un soutien à coût maîtrisé.

Les capteurs d’alerte en cas d’apparition de pannes pouvant interrompre une mission, et de surveillance – qui permettent le suivi des potentiels de fonction majeures, ont été installés sur un parc de véhicules destinés à l’entrainement d’unités militaires sur les camps de Champagne et de Provence. Ils ont rapidement démontré l’intérêt et la pertinence de la collection en temps réel de données précises concernant l’état de santé des matériels.

Complétés par les modules d’assistance au diagnostic et au dépannage, mais aussi de maintenance et de conception permettant l’analyse et l’exploitation des faits techniques, l’ensemble de ces dispositifs apporteront aux utilisateurs et aux maintenanciers militaires la garantie d’une meilleure Disponibilité Technico-Opérationnelle (DTO) et contribueront à la sécurisation des missions opérationnelles…

Ils permettront d’anticiper les pannes, de réduire les temps d’immobilisation des véhicules et autoriseront une gestion de configuration dynamique optimisée.

 

Ils permettront ainsi de faire face aux contraintes sur les effectifs, à la complexification des matériels et aux exigences liées aux budgets.

 

 

 

 

Une stratégie de croissance

 

« Compte tenu de nos carnets de commandes, nous nous situons dans une trajectoire de doublement de notre chiffre d’affaires d’ici à 2018-2019, ce qui nous permettra d’atteindre une taille suffisante pour développer de nouveaux produits et continuer à mener une gestion saine » explique Emmanuel Levacher. A la lecture des ces éléments, la question de la stratégie se pose. Pas question de se disperser pour le groupe qui aspire à renforcer et privilégier ses implantations existantes en Amérique du Nord, en Europe du Nord et en Australie. Pas de partenariats stratégiques pour le moment non plus même si Emmanuel Levacher se dit ouvert à des partenariat ponctuels noués selon les opportunités…. Le groupe mise donc plutôt sur « une croissance organique et une stratégie multi-domestique » favorisant « des implantations locales de façon à avoir une plus forte proximité avec nos clients. »

Patron optimiste, Emamnuel Levacher, est convaincu de l’excellente trajectoire sur laquelle se situe le groupe « qui devrait nous permettre d’enregistrer une croissance forte dans les années à venir. » conclut-il.