Approche capacitaire de l’excellence technologique française

Par Philippe Gendreau, Délégué général adjoint sécurité du GICAT

La technologie au service des acteurs de la sécurité

La réponse des autorités à la demande de sécurité des citoyens se concentre souvent sur la mise en place d’effectifs supplémentaires ou des redéploiements de personnels. Malheureusement, la contrainte budgétaire, les problématiques de gestion des ressources humaines, la difficulté à trouver les personnels compétents et la nécessité de ne pas augmenter trop fortement la pression fiscale font que l’on arrive souvent aux limites de l’exercice.

Heureusement, depuis quelques années, les développements technologiques permettent d’augmenter significativement l’efficacité des agents de sécurité pour une dépense finalement modérée. On peut désormais accomplir une même mission pour une dépense moindre avec un effectif réduit d’hommes équipés de technologie moderne.

Les villes abordent donc maintenant l’époque de la police et des secours connectés. Bien sûr, cet effort de modernisation technique doit être accompagné d’un développement des compétences humaines. La Safe City n’est pas une ville où policiers et pompiers ont les yeux rivés à des écrans mais une cité dans laquelle des professionnels « augmentés » mettent à profit ces technologies pour simplifier leur activité quotidienne, réduire leurs délais d’intervention, répondre de manière plus ciblée et, au final, pouvoir consacrer plus de temps au dialogue avec les populations qu’ils protègent.

Une offre française de premier plan

En matière de technologie, l’offre française est une des meilleures mondiales. Le GICAT, qui réunit de nombreux industriels du domaine, mène depuis plusieurs années une action de promotion de cette offre en France et à l’export. La France dispose en effet, d’une image forte au niveau des forces de sécurité avec des marques aussi prestigieuses que le GIGN et le RAID et le savoir-faire français en matière de sécurité et de gestion de la menace est reconnu. L’ambition est maintenant de faire de la marque France une des trois marques mondiales les plus fortes dans le domaine de la sécurité. C’est dans cet esprit que le GICAT et la FIEEC viennent d’éditer une brochure capacitaire sur le sujet qui regroupe les solutions technologiques en cinq domaines.

Détection

Le premier domaine est la détection. Acquérir et mettre en forme des informations en temps réel est la première ligne d’un projet de Safe City. C’est historiquement par la videoprotection qu’ont démarré la plupart des collectivités et ces dernières constituent souvent encore la majeure partie de leur équipement. Mais aujourd’hui, les caméras ne sont plus qu’une composante d’un ensemble bien plus large incluant notamment de l’éclairage intelligent, des capteurs et des systèmes multi-capteurs visant à collecter une multitude de données diverses. La catégorie comprend enfin les moyens humains (maître chiens, agents infiltrés, informateurs…) dont les données doivent aussi être reçues et intégrées. Ce domaine se partage en cinq sous domaines : Caméras, Reconnaissance des personnels et des véhicules, Détection d’évènements (bruit, chaleur, lumière…) et Senseurs d’alerte (fuite de gaz, fumée…). Une tendance lourde du domaine est l’apparition de fonctions intelligentes très puissantes permettant de mener une analyse ou une reconnaissance poussée au niveau du capteur et donc de ne pas avoir à transmettre l’intégralité du flux.

Analyse

Le deuxième domaine est celui de l’analyse. Il est crucial pour que les opérateurs soient le plus efficace possible, que l’information arrivant des capteurs soit fournie sous une forme compréhensible et utilisable. Les analyseurs ont donc pour mission d’aider les personnels à extraire l’information pertinente en un temps minimum. Ces outils peuvent être utilisés en mode temps réel (alerte, surveillance ou intervention) ou en mode temps différé (renseignement, enquêtes, cartographie de points noirs, mise à jour des modes opératoires, analyse d’efficacité, définition de formations, etc..). Les deux sous domaines sont la fusion de capteurs et l’analyse de patterns. Ce domaine est celui qui devrait connaître les plus grands changements dans un avenir proche, avec la généralisation des technologies de deep learning.

Décision

Le troisième domaine est celui de la décision qui comprend les réseaux de communication, les centres de commandement mais aussi les moyens d’autoprotection du système et les outils d’analyse a posteriori. Le réseau (voix, données, images) doit permettre au commandement de diffuser ses ordres, de coordonner l’action des intervenants, de recevoir les informations nécessaires et de rendre compte aux autorités. Il doit évidemment être parfaitement protégé sur le plan cyber. Un centre de commandement à la pointe de la technique est indispensable. Il possède en général trois zones : une zone de conduite opérationnelle qui permet de gérer les opérations en temps réel, une zone de préparation de mission pour la préparation des interventions et une zone d’analyse a posteriori. Il est également souvent judicieux de prévoir un espace pour les autorités, pour leur permettre de conserver une certaine distance par rapport aux évènements (cet espace peut souvent être physiquement distant du central) et une zone presse et public où l’on pourra afficher certaines informations après filtrage.

Action

Le dernier domaine opérationnel est celui de l’action. Une fois la décision prise, il reste à la mettre en œuvre. Cette étape est cruciale puisqu’il s’agit d’intercepter les malfaiteurs, de secourir les victimes, de mettre en sûreté les témoins, d’éviter des dommages secondaires et collatéraux et finalement de permettre le retour à la normale et la fin de l’incident. La forme que prend cette intervention dépend de l’incident mais on peut tracer de grandes catégories (Police criminelle, secours, maintien de l’ordre, circulation…). Il est à noter qu’un choix judicieux du primo intervenant a souvent une influence déterminante pour éviter que l’incident ne s’aggrave ou ne dégénère. Il est à noter également que l’évolution des menaces amène souvent les autorités à utiliser des équipes pluridisciplinaires (pompiers et forces de l’ordre par exemple).

Enfin un domaine transverse regroupe les activités de cartographie, de soutien, de formation, etc…

Même si les projets emblématiques sont ceux de grandes villes comme Paris ou Mexico, ces technologies ne sont pas réservées à de grands centres urbains. Les budgets sont contraints dans toutes les municipalités du monde et l’emploi d’agents « augmentés » permet de réaliser des économies substantielles et d’améliorer l’efficacité opérationnelle des personnels y compris dans de toutes petites communautés.