Un labo safe city au coeur de la ville

Comment mettre l’innovation technologique au service des citadins ? C’est la question que s’est posée la ville de Québec, au Canada. Son Unité Mixte de Recherche en Sciences Urbaines (UMRsu) fait appel à l’expertise d’entreprises, d’universités et du gouvernement pour aborder les problèmes urbains et exploiter les potentialités émergentes. Loin d’être purement théoriques, ces recherches visent à trouver des solutions concrètes aux défis de l’urbanisation. Elles associent le Big Data, l’analyse de données à une expertise.

Hébergé par Thales et équipé des toutes dernières technologies interactives, ce laboratoire de 280 m² est le premier du genre au Canada. Il s’agit d’un partenariat entre la municipalité de Québec, l’Université Laval, l’Institut national de la recherche scientifique, le Parc technologique du Québec métropolitain et Thales Canada, avec le soutien du gouvernement de la province du Québec. « Le laboratoire est un écosystème collaboratif exceptionnel, spécialisé dans la recherche et le développement en science urbaine. Il a pour mission de développer des solutions permettant d’améliorer l’efficacité et la fluidité urbaines, que ce soit dans le domaine des transports, de la gouvernance, de la sécurité, de l’urbanisme ou de la logistique urbaine. » explique Richard Grenier, directeur Recherche & Technologie pour Thales au Canada.

« Thales a développé dans les domaines du transport, de la sécurité et de la défense des applications et des outils intelligents qui peuvent être adaptés aux besoins spécifiques des villes intelligentes, de la logistique urbaine et de la planification », affirme Sébastien Tremblay, directeur scientifique de l’UMRsu.

Le travail autour de l’analyse multicritère peut générer des idées novatrices, comme par exemple le tableau de bord de la ville intelligente, un système qui permet non seulement d’améliorer la gouvernance et le fonctionnement de la ville, mais également de présenter de nouveaux projets et d’encourager la participation des citoyens.

« Les projets d’infrastructures sont étroitement liés à la gouvernance, aux services municipaux et aux besoins des citoyens, mais aussi à la sécurité. Or, c’est précisément ce que fait Thales depuis des décennies dans ses autres marchés, comme la défense, l’aéronautique et les transports : nous répertorions tous les besoins, nous vérifions que tout est sécurisé et nous élaborons un système d’information commun. » souligne Siegfried Usal, vice-président en charge de la stratégie et de la communication chez Thales au Canada.

Situation de crise virtuelle

Les services de premier secours et les responsables de la sûreté doivent être prêts à faire face à toute éventualité : mouvement de foule, accident de transport ou attentat terroriste.

Mais pour réagir efficacement, il faut que les pouvoirs publics puissent s’entraîner à intervenir dans différentes situations de crise. Il faut également qu’ils puissent sélectionner et former le personnel requis. C’est ainsi que les simulations de crise virtuelle permet aux différents acteurs de s’entraîner et de s’améliorer. Grâce à Synergy – un outil développé par Thales – et en collaboration avec les services de police de Québec, le programme Intelligent Simulation for Civil Protection Emergency Response (ISCPER) de l’UMRsu développe des « jeux sérieux » qui reproduisent tous les types d’incidents auxquels les services de premier secours peuvent être confrontés.

Une technologie qui pourrait être utilisée pour améliorer d’autres domaines de la sécurité urbaine. C’est le cas, par exemple, de la vidéosurveillance.

La plate-forme de R&D peut être également utilisée pour évaluer les données biométriques à l’intention des services de premiers secours. Les données recueillies (fréquence respiratoire,  conduction cutanée, taille des pupilles) donnent des indices sur l’état physiologique et psychologique du porteur.

L’objectif est de définir les indicateurs qui font la distinction entre différents états mentaux et corporels. Les données brutes ne sont qu’un point de départ, insiste Martin Rivest : « L’un des principaux défis est de faire la différence entre le stress et la saturation cognitive ; or, si vous considérez uniquement le nombre de battements de cœur par minute, vous ne pouvez pas faire la différence. Pour comprendre ce qui se passe réellement, nous utilisons des modèles et des techniques d’apprentissage machine. »

Ce type de recherche insiste sur l’éclairage nouveau qu’apportent les « big data » – les gros volumes de données haut débit – sur des phénomènes qui étaient encore récemment mal ou pas du tout compris.

Lancé il y a moins d’un an, le laboratoire s’est déjà fait un nom sur la scène internationale. « C’est un modèle que Thales veut répliquer notamment à Dubaï », fait remarquer Martin Rivest. Le laboratoire a d’ailleurs été présenté lors de la COP 21 à Paris comme exemple de coopération entre l’industrie, les villes et les universités pour des solutions écologiques.

Le programme est initialement prévu pour cinq ans mais Sébastien Tremblay vise plus loin « Ce que nous sommes en train de mettre en place ici offre un potentiel considérable. »