Marseille se rêve en « safe city »

Dès 2012, la mairie de Marseille créait un centre de supervision urbain (CSU) accompagné de l’installation de centaines de caméras de vidéoprotection. Elles seront 2000 à la fin du mandat de Jean-Claude Gaudin, en 2020. Une solution technologique qui n’a pas fait chuter les règlements de comptes entre trafiquants de drogue… Mais la sécurité, c’est aussi la gestion des menaces – risques naturels de la vie quotidienne, menaces malveillantes, amélioration de la sécurité des personnes sensibles, protection de la vie privée…

Mais selon les élus, la Ville veut aller beaucoup plus loin et s’inscrire comme la première « safe city » (comprendre « ville sûre ») de France, et même d’Europe. Dans le courant de l’année 2017, l’installation de « logiciels de traitement intelligent de l’image » permettra d’optimiser ce qu’auront capté les 1 000 caméras déjà déployées. « On a en moyenne, et 24 heures sur 24, une vingtaine d’agents devant les écrans du centre de supervision urbain. Ces logiciels représentent une immense aide. Deux exemples parmi d’autres : on pourra programmer les logiciels de sorte à ce qu’ils repèrent tout comportement inhabituel, tout attroupement à une heure tardive, mais aussi ils pourront capter et alerter quant à des sons suspects : de la musique trop forte, des cris, des bruits de tirs d’armes à feu… » souligne Caroline Pozmentier, adjointe au maire en charge de la Sécurité et de la prévention de la délinquance et de poursuivre « Pour le déploiement du second millier de caméras, on va lancer une grande concertation, avec notamment les comités d’intérêts de quartiers et les bailleurs sociaux, car je ne m’interdis pas d’installer de la vidéoprotection en plein coeur des cités sensibles de la ville, et même que l’on ait un jour recours à des drones civils. »

Marseille a investi 26 millions d’euros en six ans en termes d’équipements, de ressources humaines et de vidéoprotection dans le secteur de la sécurité.

Le big data de la tranquillité publique

A Marseille, Big data rime avec sécurité. « On part du principe que sans sécurité, il n’y a pas de développement économique et touristique possible » souligne Caroline Pozmentier « et je crois que cette sécurité, de nos jours et avec les risques actuels, ne peut plus être assurée sans un décloisonnement total. Nous avons aujourd’hui une masse de données numériques incroyable. Le but est de les faire remonter vers un seul et même système qui aidera les élus dans la prise de décisions concernant, par exemple, l’aménagement de la voirie, la gestion de l’espace public, celle des flux routiers, etc. Demain, avec des logiciels de reconnaissance spatiale, de travail sur le bruit, avec un inventaire des permis de construire délivrés et une réglementation affinée en matière d’arrêtés de circulation, on pourra façonner la ville quasi idéale… »

Ce projet de près de 1,5 million d’euros dont l’appel d’offres est en cours ne constitue que la   première brique. L’objectif est de déployer un système qui visera, autant que possible de façon prédictive, à lutter contre la délinquance, la criminalité et le terrorisme. « Seul le numérique peut amener à ce décloisonnement total : ce big data ne marchera que si l’on assimile toutes les informations police, justice, marins-pompiers, transports, route, météo etc., et que l’on met en place une seule et même chaîne de commandement pour être plus efficace » poursuit Caroline Pozmentier.