Global Risk Report 2015

Global Risk Report 2015

Le Global Risk Report est publié chaque année depuis 2006. Il précède le forum économique de Davos dont il influence l’agenda. D’abord centré sur l’identification des risques, ce rapport a ensuite évolué vers l’étude de leur interaction et des effets qui peuvent en découler. Ce rapport vise à sensibiliser à la nécessité d’une approche multi-parties pour la recherche de solution et l’atténuation du risque global.

Analyse des données de l’enquête : les risques potentiellement importants pour l’avenir

Le Global Risk Report comprend les résultat d’une enquête sur la perception des risques, réalisée dans différents pays sur près de 900 personnes de tout âge. Il ressort de cette enquête que les femmes ainsi que les jeunes de moins de trente ans ont une perception plus aiguë des risques que les hommes. Ce rapport analyse également de manière qualitative certains développements ainsi que certaines tendances et connexions entre les risques les plus probables pour l’avenir. Cette année, trois risques sont apparus comme majeurs : l’interaction entre risques économiques et géopolitiques, l’urbanisation des pays en développement et la régulation des technologies émergentes.

L’interaction entre risques économiques et géopolitiques

Le World Economique Forum s’interroge sur l’impact économique des risques géopolitiques ainsi que sur l’impact des risques économiques sur la situation géopolitique. Ces risques auront tendance à évoluer dans l’avenir et nous pouvons alors nous demander quel sera leur impact potentiel sur la gouvernance globale. Actuellement, le World Economic Forum constate une baisse de la confiance entre les Etats. De même, les institutions de gouvernance globale collaborent moins ces dernières années, ce qui peut être lié à cette interaction entre risques économiques et géopolitiques.

L’urbanisation des pays en développement

Le deuxième thème abordé cette année par le World Economic Forum est l’urbanisation des pays en développement. Les données recueillies pour ce rapport suggèrent que l’urbanisation est un facteur d’instabilité sociale, notamment lorsqu’il y a un manque d’infrastructure. Cela peut par exemple entraîner une crise de l’eau et la propagation de maladies infectieuses. De plus, les risques liés aux catastrophes naturelles peuvent également avoir un impact fort. Les tempêtes, par exemple, ont des conséquences très importantes dès qu’elles frappent des zones très urbanisées.

La régulation des technologies émergentes

La troisième partie concerne la régulation des technologies émergentes, c’est-à-dire les technologies qui ne sont pas encore utilisées. Il subsiste donc des interrogations quant à leur utilisation et leurs possibles évolutions. Par exemple, pour les voitures sans conducteurs, certaines questions sur la réglementation de la circulation se posent. En ce qui concerne la génétique humaine, les experts s’interrogent surtout sur l’éthique. Afin d’éviter toute utilisation frauduleuse et ainsi limiter les risques, ces technologies émergentes doivent être régulées.

Les risques globaux

Définition et typologie

Un risque global se caractérise par son incertitude. Il peut arriver d’un coup ou se développer doucement. Son impact doit être négatif et toucher plusieurs pays ou industries durant les dix prochaines années. Cette année, le rapport compte 28 risques globaux répartis en 5 catégories :

– Risques économiques : bulles immobilières, déflation, changements brusques des prix des ressources énergétiques, crises fiscales, chômage structurel très élevé, forte inflation, etc. ;

– Risques environnementaux : inondations, intempéries, incapacité à s’adapter aux changements climatiques et à leurs conséquences, perte de biodiversité, effondrement des systèmes écologiques, catastrophes naturelles et industrielles etc. ;

– Risques géopolitiques : problème de gouvernance, corruption, commerce illégal, crime organisé, conflits entre Etats, cyber guerre, guerre économique, attaques terroristes, effondrement des Etats, guerres civiles, coups d’état, armes de destruction massive, etc. ;

– Risques sociétaux : alimentation, problème d’urbanisation et de développement des villes, migrations, instabilités sociales, pandémies, crises liées à l’eau. Ce dernier risque est celui qui a le plus d’impact potentiel pour les 10 années à venir ;

– Risques technologiques : infrastructures informatiques, cyber sécurité, cyber attaques, protection des données, utilisation frauduleuse des nouvelles technologies (risque ajouté cette année) telles que l’intelligence artificielle ou la biologie synthétique. Sur un terme de 10 ans il y aura donc un besoin énorme de régulation.

Probabilité et impact des risques globaux : enquête auprès des dirigeants

Une enquête est menée chaque année auprès des dirigeants d’entreprise afin de déterminer la probabilité et l’impact de ces 28 risques ainsi que leurs interconnexions. Cette enquête permet d’observer l’évolution de la perception des risques ces dix dernières années.

Ainsi, jusqu’en 2010 les risques économiques étaient très présents. A partir de 2011 les risques liés à l’environnement ont pris les devant. En 2012 et 2013 ce sont les risques liés aux disparités de revenus qui apparaissent comme les plus probables. En 2014, il y a une très forte montée des risques géopolitiques qui étaient peu présents les années précédentes. Les risques économiques et environnementaux sont encore présents mais ont perdu en importance. Les risques économiques ont été dépassés par les risques géopolitiques et environnementaux, mais sont toujours présents.

Sur ces 28 risques, les 10 risques qui paraissent les plus probables pour les dix années à venir sont principalement les conflits entre Etats, suivis par les risques environnementaux (catastrophes naturelles, …), puis l’incapacité de la gouvernance nationale (corruption, …). L’effondrement d’un Etat arrive en 4e position suivi par les risques économiques liés au chômage. Il faut également noter que les cyber-attaques ont gagné en importance cette année. Elles font partie des risques à suivre de près et contre lesquels il faut se préparer. Aussi, certains de ces risques peuvent avoir une probabilité très élevée et un impact très fort, comme cela est le cas pour les crises liées à l’eau ainsi que les conflits entre Etats.

Par ailleurs, dans le cadre de cette enquête, les personnes interrogées ont décrit comment, selon elles, les risques sont liés entre eux. Cette année, les résultats ont montré que l’instabilité sociale est ressortie comme le risque le plus interconnecté avec les autres risques. Le point qui ressort est que les sociétés paraissent fragilisées par un grand nombre de risques qui les entourent et se cumulent au niveau sociétal. Ce thème de la fragilité de la société sera abordé plus profondément dans le prochain rapport.

Enfin, une dernière enquête a été menée auprès de 100 dirigeants d’entreprise en France à propos des risques qu’ils considèrent comme les plus importants. La crise fiscale ressort en premier, les autres risques économiques suivent (crises financières et crises liées à la liquidité), puis l’instabilité sociale ressort, suivie des chocs pétroliers, des questions liées aux risques environnementaux et structurels (infrastructures), et des risques informatiques.

Le World Economic Forum est une fondation à but non lucratif, créée en 1971 à Genève. Le Forum est connu pour sa réunion annuelle à Davos, en Suisse, qui réunit des dirigeants d’entreprise, des responsables politiques du monde entier ainsi que des intellectuels et des journalistes, afin de débattre des problèmes les plus urgents de la planète. Parallèlement aux réunions, le forum publie un certain nombre de rapports économiques et implique ses membres dans différentes initiatives liées à des secteurs spécifiques. Il publie également le Global Risk Report, étude annuelle décrivant les changements survenus dans le paysage mondial des risques et identifiant les risques globaux qui pourraient jouer un rôle crucial pour les années à venir. Le rapport explore aussi l’interdépendance des risques et examine comment les stratégies d’atténuation des risques mondiaux pourraient être structurées.  

Petit-déjeuner du World Economic Forum organisé par le HCFDC en présence de  Margareta DRZENIEK-HANOUZ, Directrice et économiste en chef, World Economic Forum. Source : HCFDC