Coordonner l’action gouvernementale en matière de sécurité

Dans un monde marqué par la multiplicité et l’imbrication des menaces notamment celles du terrorisme et de la cybernétique, la France doit adapter et renforcer ses dispositifs de protection de façon systématique, hors de tout cloisonnement institutionnel et de toute approche sectorielle exclusive.

Cet objectif est celui que poursuit aujourd’hui le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale.

Le Préfet Pascal Bolot, Directeur de la protection et de la sécurité de l’Etat, Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) s’est exprimé lors de la seconde édition du Jeudi de la sécurité qui s’est tenu hier au Press Club de France, Paris.

Relevant du Premier ministre, le SGDSN a pour mission de garantir l’adaptation, la cohérence et la continuité de l’action de l’Etat dans le domaine de la défense et de la sécurité.

La « sécurité nationale » est une approche qui implique plusieurs ministères : l’Intérieur, les armées, mais aussi la Justice, les Finances, les Transports, l’Industrie ou la Santé. Le premier rôle du SGDSN est donc d’animer et de coordonner l’action gouvernementale en matière de sécurité.

Le SGDSN est par ailleurs un « opérateur de sécurité » au travers de trois organismes : l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), en charge de la cyberdéfense, ainsi que deux entités rattachées, le centre de transmissions gouvernementales (CTG), qui gère les réseaux protégés de communications, et le Groupement interministériel de contrôle (GIC), en charge des écoutes téléphoniques de sécurité.

Maintenir la continuité de l’action gouvernementale

Maintenir la continuité de l’action gouvernementale en matière de sécurité relève donc de la direction de la protection et de la sécurité de l’Etat (PSE).

Elle a en effet pour mission principale d’animer les politiques interministérielles de prévention et de protection face aux risques et menaces susceptibles de mettre en danger les populations, les infrastructures vitales du pays ou la continuité de la vie sur le territoire. Pour cela nous travaillons de concert avec le réseau des hauts fonctionnaires de défense et de sécurité déployés dans chaque ministère mais aussi avec des organismes tels que la Directeur de Direction de la Protection des Installations, moyens et activités de la Défense (DPID) du Ministère de la Défense, la Direction générale de l’Aviation civile rattachée au ministère de la Transition écologique et solidaire ou encore le centre de crise et de soutien du Ministère de l’Europe et des affaires internationales.

Une coordination qui se veut donc centralisée, garante dès lors de la mise en place et de l’adaptation de notre dispositif et de notre doctrine, de façon cohérente et réactive. En effet, entre 2015 et 2017 nous avons pu tester et éprouver cette réactivité mais aussi la résilience de notre dispositif. Une résilience bien plus forte qu’il y a 2 ou 3 ans qui s’appuie par ailleurs sur un socle réglementaire robuste et performant.

Coordination de lutte contre le terrorisme & la cybercriminalité

La direction met en œuvre une fonction de veille et d’alerte capable de suivre et d’anticiper les événements. Elle procède à l’analyse des risques pour mieux hiérarchiser et orienter la réponse de l’Etat. Elle élabore et actualise en permanence la planification gouvernementale, testée par ailleurs lors d’exercices réguliers. Enfin, elle organise le dispositif gouvernemental de gestion de crise majeure pour lequel elle prépare les plus hautes autorités de l’Etat.

A ce titre, elle assure en particulier la coordination dans la lutte contre le terrorisme et la menace NRBC-E (nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosive), la conduite des grands exercices gouvernementaux de gestion de crises, le suivi de la sécurité des activités d’importance vitale (SAIV) ou encore le développement de solutions technologiques aux défis sécuritaires contemporains.

La menace terroriste et la cybercriminalité sont en effet deux des menaces les plus élevées et agressives auxquelles nous devons faire face. Nous avons réalisé des avancées significatives mais il est évident que nous avons toujours devant nous des marges de progression notamment d’un point de vue quantitatif avec des plans de protection interne et externe qui n’existent pas encore partout. C’est un champ sur lequel nous travaillons activement en lien étroit avec les préfectures de département et les préfets de zone.

D’un point de vue qualitatif, les équipements techniques et technologiques doivent être déployés et mis à jour, de même que les hommes doivent être formés en continu. Il est donc important de durcir systématiquement nos dispositifs de protection et d’envisager des solutions technologiques robustes et innovantes, notamment pour compléter la vigilance humaine ou y suppléer.

A ce titre, le travail conjoint mené avec l’ANSSI, la Délégation Ministérielle aux Industries de Sécurité et de lutte contre les cybermenaces et le Comité de la filière industrielle de sécurité (CoFIS) est essentiel. Cette filière s’est ainsi imposée comme une composante de la politique industrielle nationale depuis 3 ans. La consolidation des industries de sécurité dans notre pays doit permettre de répondre efficacement aux défis de notre sécurité nationale.

La sûreté dans les transports aériens reste une priorité

Trois menaces sont particulièrement inquiétantes. D’abord, les missiles sol-air de courte portée, qui peuvent toucher les avions jusqu’à 4000 mètres d’altitude. Un grand nombre ont été disséminés après la chute de Khadafi. En Afrique du Nord et dans les pays sahéliens, des aéroports ont été sensibilisés à la menace de ces Manpad. Sur le territoire français aussi, les sites de tirs potentiels sont régulièrement inspectés par la gendarmerie des transports aériens et l’armée de l’air.

Le dispositif de surveillance aérienne est aujourd’hui puissant. Les efforts doivent désormais porter sur les aéroports qui sont devenus la cible des terroristes et doivent s’équiper de nouveaux moyens de surveillance, car si la sécurité est assurée après les postes de filtrage et d’inspection, les halls d’entrée restent un maillon faible du dispositif. Les pouvoirs publics doivent donc intensifier la prise en compte de ces espaces et apporter des solutions sécuritaires à la hauteur des enjeux.

Le Cofis qui réunit l’Etat, les aéroports et 300 entreprises est un outil qui nous permet de rapprocher l’offre technologique des opérateurs. Ce n’est pas simple parce que les équipements modernes de sécurité doivent être introduits dans des aéroports des années 1970. Les expérimentations en cours donnent d’ores et déjà des signaux très positifs.

Le Sénateur Vincent Capo-Canellas, a, fin 2016 émis des recommandations suite à un rapport publié, à destination de la DGAC dont certaines sont déjà en place à l’image de la mise en place des services de renseignement au sein des aéroports ou encore le placement de la sécurité des aéroports sous l’autorité du Préfet de Police de Paris.

La détection d’explosifs pour l’analyse des bagages de soute, qui doit être achevé d’ici 2020 au plus tard en vertu de la réglementation européenne est en cours de même que l’expérimentation des systèmes permettant l’analyse comportementale dans les aérogares pour détecter les personnes animées d’intentions malveillantes.

Viennent ensuite les cyberattaques. Si la prise de contrôle d’un avion est jugée peu crédible, les pirates de Daesh ont pu mettre hors service le système informatique de l’aéroport de Hobart en Australie pendant plusieurs heures en avril 2015. Le SGDSN s’inquiète enfin de la menace potentielle que représente les drones. Un cadre légal existe. Nous travaillons donc à la mise en place d’un cadre règlementaire propre à la gestion opérationnelle des comportements malveillants.

Une volonté forte de l’Europe

Le SGDSN intègre l’ensemble de ces travaux dans une dimension internationale, à la fois au sein de l’Union européenne et par le biais de coopérations ciblées.

Il y a par ailleurs une volonté forte de l’Europe qui s’inscrit à la fois dans une dimension politique, conceptuelle, mais également pragmatique et économique par le biais de subventions européennes et du programme de recherche H2020.

Le risque zéro n’existe pas. Notre mission est donc sans cesse renouvelée, nos postures anticipées et adaptées en permanence. Afin d’assurer cette sécurité nationale globale, nous devons donc poursuivre la diffusion de cette culture de sécurité, renforcer notre résilience et enfin accentuer le développement des approches pragmatiques et cohérentes avec nos partenaires, français et européens.