Terrorisme : l’État muscle la sécurité des sites sensibles

La sécurité des activités d’importance vitale vise à faciliter l’application du plan VIGIPIRATE en associant les opérateurs concernés à l’effort de vigilance, de prévention et de protection contre le terrorisme.

Les opérateurs d’importance vitale doivent décliner dans leurs plans les mesures du plan VIGIPIRATE qui les concernent et doivent donc être en mesure de réagir aux postures décidées par le gouvernement en fonction de l’évolution de la menace ou des vulnérabilités.

« La menace n’a jamais été aussi haute, ce n’est pas une simple expression, mais bien une réalité » martèle Loïc Garnier, directeur de l’Unité de coordination antiterroriste (UCLAT). « Tous les jours, nous sommes destinataires de renseignements inquiétants indiquant qu’Al-Qaida et Daesh font évoluer leurs méthodes dans une malsaine émulation avec un seul objectif : déstabiliser notre pays comme cela a été le cas en Côte d’Ivoire ou la Tunisie, qui a vu son activité touristique chuter de 80 % » ajoute t-il. Même si Daesh n’a visé jusqu’ici que des cibles “molles” en s’en prenant à la population, cette organisation nourrit le fantasme de faire trembler notre économie en frappant une cible dure.

Repérer les employés qui se radicalisent

Cet enjeu est pris avec le plus grand sérieux depuis l’attaque commise en juin dernier dans l’usine Air Products à Saint-Quentin-Fallavier, où Yassin Salhi a accroché la tête décapitée de son patron avant de tenter d’incendier le site Seveso. Alors qu’un travail de fond est amorcé pour durcir la sécurité de ces installations classées, les gendarmes spécialisés dans la protection du nucléaire sont appelés à monter en puissance. La Belgique renforce elle aussi la sécurité de ses sites nucléaires.

Mais le maillon faible du dispositif de sécurité reste l’humain et en particulier la vulnérabilité des employés évoluant sur les sites sensibles. Se pose alors la question de la détection, de la prévention et de la formation des managers en entreprise. « La prévention de la radicalisation religieuse en entreprise est un point sur lequel nous sommes très vigilants. » souligne le Préfet Zabulon, Directeur de la sûreté, du management des risques et de la conformité des Aéroports de Paris et de poursuivre « Depuis janvier 2015, le préfet délégué pour la sécurité et la sûreté de  plate-forme aéroportuaire de Paris-Charles-de-Gaulle a retiré plus de 80 badges d’accès à des salariés convaincus de radicalisation. Aucun salarié d’ADP n’est à ce jour concerné par une telle mesure.»

Le ministre de l’intérieur a par ailleurs décidé en 2016 la création du service national des enquêtes administratives de sécurité, service à compétence nationale rattaché à la direction générale de la police nationale (DGPN), pour procéder aux enquêtes administratives prévues par l’article L.114-2 du code de la sécurité intérieure créé par la loi n° 2016-339 du 22 mars 2016, dite loi SAVARY, qui est ainsi complétée.

Ainsi, les décisions de recrutement et d’affectation concernant les emplois en lien direct avec la sécurité des personnes et des biens au sein d’une entreprise de transport public de personnes ou d’une entreprise de transport de marchandises dangereuses soumise à l’obligation d’adopter un plan de sûreté peuvent être précédées d’« enquêtes administratives destinées à vérifier que le comportement des personnes intéressées n’est pas incompatible avec l’exercice des fonctions ou des missions envisagées. L’enquête précise si le comportement de cette personne donne des raisons sérieuses de penser qu’elle est susceptible de commettre un acte portant gravement atteinte à la sécurité ou à l’ordre publics ». Ce service à compétence nationale compte 24 fonctionnaires de la police nationale et militaires de la gendarmerie nationale.