La reconnaissance faciale : agilité des procédures & sécurité renforcée

La reconnaissance faciale, technologie désormais mature et performante, est un outil de confiance au service des forces de police permettant d’identifier des criminels, ou, pour les services de police aux frontières de vérifier l’identité des voyageurs de manière plus approfondie.

Après le lancement effectué par Eurostar à la gare de Londres St-Pancras, et la gare du Nord à Paris, le Groupe Aéroports de Paris vient s’ajouter à la liste des sites sensibles qui font désormais appel à cette technologie pour faire face aux enjeux de sécurité et contrer les menaces et les risques croissants, tout en garantissant une gestion optimisée des flux de personnes.

Après les attentats terroristes de Paris et Nice en France en 2015 et 2016, les infrastructures de transport en France et en Europe ont décidé de s’équiper d’outils technologiques de pointe afin d’améliorer leurs dispositifs de sécurité, et contrer les nouvelles méthodes d’usurpation d’identité.

Ainsi, après la gare de Saint-Pancras à Londres qui a initié le mouvement dès juin 2016, la gare du Nord, la plus fréquentée d’Europe a installé au départ des Eurostar des sas de contrôle automatisé aux frontières équipés de caméras intelligentes de reconnaissance faciale. Un dispositif également testé depuis décembre 2016 au sein de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Ces déploiements répondent aux directives du ministère de l’Intérieur dans le contexte d’un processus d’expérimentation visant à valider l’utilisation définitive de cette modalité biométrique en complément des empreintes digitales qui sont actuellement limitatives en matière d’éligibilité. Dans les deux cas, c’est l’expertise de Vision Box, société portugaise, leader sur le marché de l’automation aux frontières avec plus de 1200 systèmes déployés dans 80 aéroports depuis 2007, qui a été retenue par ces deux sites sensibles. « Dans l’espace dédié aux passagers des trains à grande vitesse desservant la capitale britannique, les sas de nouvelle génération PARAFE III de contrôle aux frontières automatisé des passeports, pour la première fois équipés de la technologie de reconnaissance faciale, sont désormais disponibles pour les passagers quittant le sol britannique et entrant l’espace Schengen au travers de la frontière française. » souligne Jean-François Lennon, Vice-Président de Vision-Box et de poursuivre « Après onze mois d’expérimentation, ce sont plus de 1.200.000 passagers qui ont utilisé la solution pour laquelle Eurostar nous a retenus en Décembre 2015. » 

Associer facilité, rapidité et sécurité

Même dispositif que celui déployé en gare du Nord, ce sont les sas « vb i-match » qui sont expérimentés au cœur de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle depuis le 28 décembre 2016 au terminal 2F. Une expérimentation qui devrait prendre fin en décembre 2017, comme le précisait le Préfet Zabulon, directeur de la sûreté des aéroports de Paris, précédemment dans notre revue.

Ces sas « vb i-match » vérifient l’identité du voyageur « en quelques secondes », assure Jean-François Lennon, en complément des contrôles documentaires habituels réalisés manuellement par la Police aux Frontières. Désormais, l’ensemble du processus est exécuté en moins de 25 secondes de manière automatique, mais supervisée en permanence par un policier pour 5 sas. L’un des objectifs de cette solution biométrique est en effet de fluidifier le flux des passagers en diminuant leur temps de passages. Les mesures de sécurité prises à la suite des attaques terroristes ont eu pour conséquence de multiplier par deux le temps d’attente, chaque passager étant enregistré lors de son passage à la frontière. Pour autant, l’enjeu d’associer facilité, rapidité et sécurité était complexe et ambitieux. « Les solutions de contrôle automatique permettent ainsi de concilier deux objectifs antagonistes : la sécurité et la facilité. La procédure automatique accélère  le contrôle des passagers et réduit considérablement le temps d’attente tout en garantissant une sécurité optimale. La résolution de cette équation est bâtie sur un postulat fort qui a fait de Vision-Box le précurseur en la matière dès 2006 : l’utilisation approfondie des caractéristiques uniques offertes par le passeport électronique biométrique, document de voyage révolutionnaire imposé en 2005 par l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) suite aux évènements du 11 septembre aux États-Unis et la mise en place du programme « visa waiver »» précise le Vice-président de Vison-Box.

PARAFE, premier système déployé

Ce déploiement a, pour rappel, été rendu possible suite à l’accord donné en avril 2016 par l’ancien gouvernement français pour la mise en place de systèmes de reconnaissance faciale aux frontières, par l’intermédiaire d’un décret permettant d’exploiter la photo de la puce du passeport biométrique des voyageurs. Répondant au nom de PARAFE, le système automatisé installé en 2012 n’avait alors pas de caractère obligatoire, et se fondait uniquement sur la lecture des empreintes digitales, pour les détenteurs d’un passeport français biométrique, âgés de plus de 18 ans. Les images d’empreintes prises dans le sas, destinées à être comparées au passeport biométrique de la personne située à l’intérieur, avaient un but sécuritaire : si la personne n’était pas reconnue ou qu’elle était recherchée, elle se retrouvait alors bloquée confinée dans le sas. Un contrôle d’identité pour lequel la CNIL avait donné son accord puisqu’il reposait sur un procédé localisé et à durée temporaire. Mais depuis 2009, seulement 3 % des passagers de Roissy CDG ont utilisé ce système…

L’aéroport, sous l’impulsion du ministère de l’Intérieur et de la Direction Centrale de la Police Aux Frontières (DCPAF) a donc choisi de tester un nouveau système de reconnaissance faciale, avec pour objectif principal une gestion améliorée des contrôles tout en augmentant la vitesse de passage des usagers.

La solution matérielle et logicielle clés-en-main présentée par Vision Box contrôle les visages des passagers avec l’image de la puce du passeport, tout en réalisant des contrôles anti-usurpation d’identité intelligents, et une vérification approfondie de l’authenticité du passeport. « Si l’expérimentation donne entière satisfaction, ce serait alors près de 20 % des passagers qui utiliseraient ce système permettant de gagner un temps considérable lors des contrôles aux frontières, soit plus de 180 000 passagers par jour » soulignent Jean-François Lennon et Franck Goldnadel, directeur de CDG.

Vision Box a d’ores et déjà installé plus de 1200 solutions de contrôle automatisé des frontières dans le monde, pour des infrastructures de transport terrestre, maritime ou aérien. Aujourd’hui, ce sont près de 200 millions de passagers par an qui utilisent l’expérience Vision- Box dans le monde, ou 1 usager toutes les 5 secondes.

Les photos et les données sont effacées

« Au lieu de faire la queue, on rentre dans un sas. Une porte se ferme. Une caméra se positionne à la hauteur de vos yeux. Une image est prise et comparée avec celle qui est stockée dans la puce du passeport que l’on insère au préalable dans un lecteur, explique Jean-François Lennon. Et tout cela dure en moyenne 15 à 30 secondes selon le niveau d’analyse prétendu », assure-t-il, ajoutant que les données analysées sont aussitôt supprimées, dès lors que le passager n’a pas généré d’alertes (personne recherchée, fraude identitaire…), répondant ainsi au protocole imposé par les autorités nationales. « Lorsque la personne passe le portique, les photos et les données dites sensibles sont effacées et on passe au prochain passager si les résultats sont tous positifs. Les autorités ont une convention en place avec la CNIL, et rien ne peut être gardé dès que le passager n’a pas déclenché d’alerte. En tant qu’industriel, nous ne faisons que consommer les données en respectant les règles de contrôle imposées par le code aux frontières Schengen et la législation française en vigueur. Le système, certifié conforme par les autorités compétentes du ministère, peut être audité à tout moment afin d’en garantir l’intégrité. » 

Une information qui se veut rassurante compte tenu des enjeux et questions que pose la protection des données personnelles.

Lutter contre le terrorisme 

Mais cet outil se veut un atout en matière de lutte contre le terrorisme et un outil au service de la sécurité des passagers. « Nos solutions détectent en effet des suspects potentiels en analysant et comparant leurs visages  avec une image de confiance, en combinaison avec des outils avancés d’analyse tridimensionnelle et de comportement, le tout connecté avec une base de donnée de personnes recherchées ou surveillées. » précise Jean-François Lennon. Utilisant des algorithmes puissants, les caméras détectent en effet un visage même camouflé…

Les systèmes de reconnaissance faciale s’appuient sur les caractéristiques des visages telles que l’écartement des yeux, des arêtes du nez, des commissures des lèvres, des oreilles, menton, etc. soit au total, plus de 60 points de contrôle. Des améliorations sont régulièrement apportées à cette technologie qui évolue rapidement notamment, le développement de capteurs 3D, la reconnaissance de visages en mouvement, la classification démographique (genre, tranche d’âge), le traitement de visages vus de profil et le développement de modèles que l’on peut vieillir. À terme, ces outils pourraient permettre de détecter efficacement la présence et les mouvements de jihadistes connus sur le territoire. « En plus d’analyser les traits des visages des passagers, les caméras de reconnaissance faciale peuvent aujourd’hui décrypter nos émotions, notre niveau de stress, et détecter tout comportement pouvant suggérer un état anormal » explique notre expert et de poursuivre « cette technologie permet dès lors à la police de se focaliser sur l’aspect comportemental et sur les passagers qui peuvent être problématiques, libérant ainsi les flux de congestion des différents filtres nécessaires sur les lieux sensibles ».

Une approche mondiale

Le Groupe Aéroports de Paris qui utilise actuellement 37 machines avec Parafe en a commandé 87 de plus d’ici à 2021, dont 45 sont prévues pour cette année. « C’est normalement au gouvernement d’investir dans cet équipement, mais en l’absence de financement, ADP a investi 6 millions d’euros en fonds propres pour remédier à ces encombrements. » souligne Augustin de Romanet, PDG d’Aéroports de Paris. L’aéroport de Schiphol à Amsterdam a récemment signé un contrat-cadre pluriannuel avec Vision-Box, visant à offrir, d’ici au printemps 2018, un parcours complet (du check-in à l’embarquement) du passager, sans avoir à montrer son passeport ni sa carte d’embarquement. Baptisé « Seamless Flow », le programme représente une révolution numérique sans précédent dans le domaine de l’aviation. Les premiers essais d’embarquement dit « biométrique » ont déjà eu lieu avec succès au sein de l’aéroport hollandais en collaboration avec KLM sur des vols internationaux quotidiens. Au Japon, le gouvernement a investi et installé depuis l’an dernier cet outil au cœur des aéroports implantés sur l’ensemble du pays. Aux Etats-Unis enfin, la société Clear équipent en systèmes biométriques les 22 aéroports principaux du pays. Elle taxe chaque passager à hauteur de 170 dollars par an l’inscription, quand le système français, reste lui gratuit.

« Nous souhaitons contribuer à rendre ce monde meilleur en améliorant continuellement la vie de tous les citoyens, et en conjuguant les valeurs collectives de sécurité, d’intégrité, de sûreté, d’efficacité et de confort. Nous voulons améliorer l’expérience du voyageur, faciliter l’accès aux services, promouvoir et renforcer le lien entre gouvernements et citoyens grâce à des technologies durables de confiance, d’identification numérique biométrique. Cela implique d’innover, de créer des approches disruptives et des outils intelligents, qui concourent à l’amélioration des processus nécessaires à l’épanouissement de tous, chaque jour et dans chaque coin du monde. C’est ainsi que nous tous, employés, clients, partenaires, fournisseurs et amis, réunis autour du même objectif, nous faisons la différence » Miguel Leitmann, PDG de Vision Box.