Exercice de gestion de crise en Corse au service de la résilience nationale

Le Haut Comité Français pour la Défense Civile (HCFDC), en partenariat avec le Service Départemental d’Incendie et de Secours de la Haute-Corse, ont conduit un exercice intitulé « Corse 17 » pour la troisième année consécutive.

Réunissant plus de 300 personnes, cet exercice grandeur nature a plongé les stagiaires au coeur d’une crise associant lutte contre le terrorisme et secours à personnes en cas de catastrophe ou d’accident chimique.

Cet exercice fut organisé sur une période longue de 24 heures non-stop, dans le cadre de la session nationale « pilotage et gestion de crise » du HCFDC, au profit de 32 stagiaires du secteur public et des cadres d’entreprises privées telles que Veolia, Sodexo, Banque de France, Airbus Defense & Space.

Rythme effréné et mobilisation massive

Il est 20 heures mercredi 17 mai, lorsque deux fourgons de couleur blanche arrivent à vive allure sur l’aéroport de Calvi. Censé être pour les besoins de l’exercice dans l’Océan indien, ce site sensible est la scène d’une attaque terroriste. Plusieurs attaquants armés de fusils-mitrailleurs se précipitent vers quatre personnes et, sous la menace de leurs armes les contraignent à monter à bord des véhicules qui démarrent en trombe ! Le contexte est positionné. Le rythme est donné. Aucun temps mort n’aura sa place dans les deux jours à venir…

C’est donc dans ces conditions extrêmes que les quatre phases constituant cet exercice plus vrai que nature vont s’enchainer : une prise d’otages sur un territoire international et négociation, un séisme au coeur d’un club de vacances et ses conséquences en termes de secours à victimes, un forcené retranché avec un risque chimique associé et enfin une phase de conflit société avant une évacuation par la mer de ressortissants d’un territoire à risque. « Nous avons ainsi composé le cadre de plusieurs crises « terrain » pour amener les stagiaires à appréhender les positionnements stratégiques opérationnels et tactiques, et ressentir le champ du facteur humain dans la gestion de crise de longue durée. Les stagiaires avaient suivi auparavant une formation sur « les gestes qui sauvent », face aux plaies par balles, ainsi qu’une formation aux techniques d’optimisation du potentiel (TOP). » explique Christian Sommade, Délégué général du HCFDC.

Pour mettre en œuvre ces scénarios sur le terrain, de nombreuses unités opérationnelles telles que le 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP – Légion étrangère), le RAID et le SDIS de Haute Corse (SDIS2B) soutenu par des personnels des services départementaux de secours et d’incendie des départements 2A et 13 ont apporté une aide précieuse contribuant ainsi « à la concrétisation et à la réussite de cet exercice, le plus important de France, en matière d’entraînement à la gestion de crise » souligne Christian Sommade. Au total, ce sont plus de 250 militaires et sapeurs-pompiers, et 30 animateurs ou conseillers qui furent déployés sur le terrain.

Conduite simultanée et pression médiatique 

La conduite de l’exercice s’est effectué au travers de 2 niveaux de PC : un PC Opérationnel (PCO) en shelters, situé à l’aéroport de Calvi, et un Poste de Commandement Central (PCC) situé à quelques kilomètres de l’aéroport dans un bâtiment communal.

« Simultanément, à Paris la salle de crise du HCFDC assurait l’animation haute de l’exercice et la pression médiatique simulée en continu : flashs TV en direct toutes les heures avec 3 JRI, en Corse, qui réalisaient des reportages et des interviews en direct de Calenzana et Calvi. Une pression simulée sur les réseaux sociaux fut constante au travers d’une plate-forme Twitter sécurisée. » ajoute Christian Sommade et de préciser « cette dimension et cette pression médiatique, ainsi que l’enjeu des réseaux sociaux est aujourd’hui essentiel, dans un monde ultra connecté. » 

Négociation aux côtés des élites

Lors de la phase de négociation, les stagiaires étaient soutenus par un négociateur du RAID. « Le réalisme, tout au long de la nuit, a donc été total, enchaînant successivement la libération d’un otage suite à la négociation, puis au bout de celle-ci, l’assaut, et dans la foulée un travail de nid de blessés en coopération avec le SSM (Services de secours médicaux), et l’engagement d’un Détachement de Recherche d’Extraction et de Sauvetage (DRES) du SDIS2B, ainsi que d’un poste de secours du REP. » Ce dispositif est issu des nouvelles dispositions prises dans le cadre des tueries de masse qui ont frappé la France et permettant la progression en sécurité de personnels sapeurs-pompiers dans un environnement hostile. Autre nouveauté présente : un véhicule de type QUAD nommé « Meerkat » et produit par la Sté NBC-Sys permettant une décontamination NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique). Enfin, à noter la participation des étudiants de la récente filière « gestion des secours et management des soins en situation de crise » (C2MS2) de l’université de Corte avec la présence sur site du Docteur Daniel Di Giambattista, coordonateur scientifique de la filière et ex médecin-chef du SDIS 2B.

La technologie de pointe déployée

De nombreux industriels ont mis à disposition des moyens et des technologies éprouvées mais aussi innovantes. Airbus Defense & Space a déployé un réseau tactique radio, indispensable aux opérations, DIGINEXT a mis en place le système de cartographie tactique CRIMSON, TECHWAN la nouvelle version de son système de main courante et tableau de bord SAGA CRISIS. Paul Boyé Technologies et NBC-SyS ont apporté des moyens de protection et de décontamination NRBC, et une nouvelle génération de gilets tactiques intelligents pour les gestionnaires de crise.

Séisme, risque chimique et évacuation

Lors des phases 2 et 3 de l’exercice, une unité Sauvetage déblaiement avec équipes cynophiles et une unité du GRIMP (Groupe de recherches et d’intervention en milieu périlleux) du SDIS 2B sont intervenus sur le scénario « séisme ». Sur un autre chantier était engagée la Gendarmerie Nationale qui participait pour la première fois à l’exercice avec de nombreux moyens : un PSIG (Peloton spécialisé d’intervention de la Gendarmerie), accompagné d’un négociateur et d’un peloton de Gendarmerie mobile.

Lors de la phase « risque chimique », le SDIS 2A a engagé un véhicule de reconnaissance technologique, alors que le SDIS 13 assurait la sécurité et l’information au moyen de son équipe «  Drones  ».

La fin de la phase 3 a vu le contrôle d’un mouvement social aux portes du PCC (Poste de Commandement Central) où étaient réunis les stagiaires qui ont dû négocier avec un plastron aguerri et particulièrement virulent, sous la protection des gendarmes mobiles.

Les stagiaires ont enfin été évacués à la fin du second jour de l’exercice des deux postes de commandement (PCO et PCC) qu’ils tenaient depuis plus de 24 heures pour rejoindre, après une marche de quelques kilomètres le long de la côte, la base amphibie du 2e REP et procéder à une évacuation du terrain des opérations pour rejoindre la citadelle de Calvi.

Coopération public-privé et résilience nationale

L’équipe du HCFDC qui s’investit avec le SDIS2B depuis plusieurs mois sur cet exercice annuel ne peut que se féliciter de « l’excellente coopération avec l’ensemble des acteurs impliqués, ainsi qu’avec les stagiaires qui ont pu profiter dans un environnement exceptionnel, d’une simulation de terrain plus vrai que nature, grâce à l’accompagnement d’unités prestigieuses tant militaires que civiles est une grande satisfaction » souligne Christian Sommade.

La finalité de cet exercice est de mieux former les décideurs publics et privés aux situations de crises complexes, sur la durée, elle a aussi pour objectif de faire travailler ensemble des personnels des secteurs privés et publics, qui en dehors de crises réelles, n’ont que peu d’opportunités de se préparer « ensemble » à faire face aux situations d’exception. « Cet exercice est le témoignage d’une coopération « public-privé »  rendue possible par un engagement fort des différents services de l’Etat, des collectivités de Haute Corse, et des nombreux partenariats, dont celui noué avec le groupe Veolia, qui forme ainsi à la gestion de crises, des cadres de haut niveau dans un environnement de crise autant national qu’international » précise Christian Sommade et de conclure « un exercice qui contribue ainsi, de manière très concrète, à renforcer la notion de résilience nationale. »