SERVIR, OU LA VOCATION D’UNE VIE !

Jean-Michel Fauvergue, député LREM, ancien patron du RAID, a raccroché l’uniforme en 2017 après 39 années passées au sein de la Police Nationale, pour rejoindre le monde politique et siéger dans l’Hémicycle. 

Loin d’une rupture et d’un changement de carrière brutal, c’est au contraire un parcours qui s’inscrit dans une continuité. Réfléchie et préparée, cette nouvelle vie est le reflet des valeurs d’un homme peu ordinaire « Servir ses concitoyens ».

Rencontre avec Jean-Michel Fauvergue, député LREM, ancien patron du RAID 

C’est une phrase qui fait sens à la lecture d’un parcours peu commun pour cet ancien patron d’une unité d’élite. Habitué à gérer les situations les plus dangereuses et chaotiques qui soient, celui qui a vécu le drame du Bataclan s’exprime toujours avec calme et sérénité « La Police Nationale était une véritable vocation. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours souhaité être commissaire de Police. Arriver à la tête du RAID fut une consécration, un honneur, que j’ai porté avec beaucoup d’humilité, aux côtés de mes hommes. C’est l’aboutissement d’un investissement long et difficile, de toute une carrière. » souligne l’ancien patron du RAID.

Habitué aux rings des sports de combat, celui qui doit prendre sa retraite en 2017, prépare sa sortie, et s’intéresse donc à la politique. Alors que la France est plongée en pleine campagne électorale, il s’intéresse aux programmes de tous les candidats « J’ai lu les livres et les programmes de chacun des candidats. J’ai été séduit par « Révolution » du candidat Emmanuel Macron. Complet, équilibré, son programme m’a interpellé. 

Mais je dois dire aussi que l’humilité de l’homme, qui a su dire « je ne sais pas tout », est  une attitude qui m’a parlé. J’ai donc rencontré le candidat par l’intermédiaire d’une connaissance commune. D’un rendez-vous d’une quinzaine de minutes, nous avons échangé deux heures sur des sujets liés au terrorisme, à la sécurité et aux forces de l’ordre. » 

C’est donc avec le conseiller particulier d’Emmanuel Macron, Didier Cazas, que Jean-Michel Fauvergue construit ses débuts dans la politique. Tout ira ensuite très vite. La Présidentielle, la victoire du Président Macron, et les législatives où Jean-Michel Fauvergue sera élu dans la 8e circonscription de Seine-et-Marne.

La sécurité au coeur des débats parlementaires

Avec le projet de loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme », la sécurité s’est placée au coeur des débats de cet automne. Après une semaine de débats houleux, le texte a été voté en première lecture en séance plénière à l’Assemblée Nationale. Ce dont s’est réjoui le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb qui estime que le texte devrait permettre de « mieux protéger les Français ». 

Jean-Michel Fauvergue dirigera l’assaut, préparé par la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), contre Amedy Coulibaly lors de la prise d’otages du magasin Hyper Cacher en 2015. Présent lors de l’assaut contre les terroristes au Bataclan le 13 novembre 2015, il dirigera celui contre l’appartement de Saint-Denis le même mois.

Jean-Michel Fauvergue, en faveur de ce texte de loi, ajoute « A ceux qui me demande si ce texte éradiquera le terrorisme et les attentats, évidemment la réponse est non. En revanche, elle donne plus de moyens aux acteurs de terrain afin de déjouer ces attentats, d’en empêcher le plus possible. La principale préoccupation des Français est aujourd’hui le terrorisme. Nous devons apporter des éléments de réponse à nos concitoyens. Cette loi, je le pense, en est une. »

Au centre de cette dernière, le renforcement des pouvoirs de l’autorité administrative (préfets, ministre de l’Intérieur) pour assigner quelqu’un et perquisitionner chez lui, fermer un lieu de culte ou faire des contrôles d’identité près des frontières. Une loi qui prendra le relais de l’état d’urgence, qui se terminera le 1er novembre.

« Parmi les points clés, l’article 4, très équilibré, revient sur les perquisitions administratives, que l’on nomme désormais « visites et saisies domiciliaires ». Celles qui échappaient complètement à l’autorité judiciaire feront désormais partie de l’arsenal des forces de l’ordre. Décidées par un préfet, il pourra faire procéder, sur autorisation du juge des libertés et de la détention du TGI de Paris (parquet anti-terroriste), à des « visites » (perquisitions) pouvant s’accompagner de saisies de documents ou de données, toujours à des fins de prévention du terrorisme. Des permanences seront assurées H24 par les magistrats, ce qui permettra une réactivité essentielle. La personne dont le lieu est « visité » pourra être retenue pendant une durée de quatre heures. Ces « visites » ne pourront concerner les domiciles et les lieux professionnels des avocats, magistrats et journalistes. Les perquisitions ainsi que les assignations sont autorisées jusqu’à fin 2020 et soumises à un contrôle parlementaire. Celui-ci permet aux députés et sénateurs d’être informés en temps réel des mesures prises. »

La commission mixte paritaire a élargi la « clause d’autodestruction », introduite par le Sénat en première lecture, à l’ensemble des nouveaux outils mis à disposition des autorités administratives pour prévenir la commission des actes de terrorisme : périmètres de protection (article 1er), fermeture de lieux de culte (article 2), mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (article 3), visites domiciliaires et saisies (article 4). Ces mesures revêtiront donc un caractère expérimental, prendront fin au 31 décembre 2020 et seront soumises à un contrôle renforcé du Parlement.

 

Pas de commission sécurité à l’Assemblée mais…

« Il n’y a pas de commission sécurité à l’Assemblée. Le sujet est débattu au sein de la commission des lois à laquelle j’appartiens. En revanche, je pense qu’il faut aller plus loin sur ce sujet, tout en composant avec le système actuel. C’est pourquoi avec plusieurs autres députés nous avons demandé la création d’un groupe d’étude au sein de l’Assemblée nationale. A l’heure où je vous parle nous n’avons pas encore la réponse sur l’acceptation ou non de cette demande. » 

Au programme de ce groupe, forces de l’ordre – police et gendarmerie, services de secours, coproduction de sécurité avec la Police municipale mais aussi la sécurité privée.

Un autre sujet que le député Fauvergue entend porter est celui d’une seule tête de commandement pour les différentes unités d’interventions en France. Grand sujet qu’il porte depuis de nombreuses années, il appelle de ses voeux à la création « d’un Commandement des Opérations Spéciales (COS) » du ministère de l’intérieur (comme cela existe au ministère de la Défense). « Un chef des unités d’interventions qui serait placé directement sous les ordres du Ministre de l’intérieur. Une position que j’ai défendu devant la commission parlementaire lorsque j’ai été auditionné à huit clos en mars 2016, en qualité de Patron du RAID ».

Un sujet qu’il aborde dans son dernier ouvrage intitulé simplement « Patron du RAID » paru le 19 octobre aux Editions Mareuil. Un ouvrage qui sera présenté par le député Fauvergue lors de la prochaine édition de Milipol Paris. Il sera également l’invité de la conférence portant sur la lutte contre le terrorisme qui se déroulera sur le salon le Jeudi 23 novembre.

S’en suivra un agenda toujours très chargé pour les députés, qui dès le début de l’année 2018, se pencheront sur la loi sur l’immigration, et l’une des lois qui s’annoncent des plus difficiles et complexes, celle de la simplification de la procédure pénale.

« Cette nouvelle mission que m’ont confié les électeurs au travers de ce mandat de député, me permet de continuer à servir leurs intérêts, à les protéger d’une autre façon. Je crois qu’ils ont un rôle clé en matière de sécurité. Ils sont et on l’a vu lors des attentats, capables d’actes extraordinaires de solidarité, d’entraide. L’homme qui a dernièrement permis l’avortement d’un attentat en signalant une situation douteuse, est un exemple de ce que nous pouvons obtenir, lorsque nous sommes tous attentifs. C’est en cette société que je crois et pour laquelle je continue de servir. »