DRONES : VERS UNE NOUVELLE ÈRE DE LA VIDÉOSURVEILLANCE

Parmi les équipements présentés en vogue au coeur de Milipol : les drones. Ces aéronefs pilotés à distance, inhabités, semi-autonomes ou autonomes prisés par les particuliers pour leurs loisirs, le sont devenus pour les entreprises. Les premiers utilisateurs restent les militaires. Mais d’autres secteurs d’activité comme l’agriculture, le BTP, etc. se sont vite rendus compte de la plus-value de cet engin volant. Il en est de même pour la surveillance des sites sensibles ou stratégiques. Les entreprises privés ou organismes publics ont compris l’intérêt d’acquérir des drones. Sommes-nous entrés dans la nouvelle ère de la vidéoprotection ? Eléments de réponse.

En juillet dernier, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, affirmait que sept projets d’attentat avaient été déjoués depuis le début de l’année 2017. Partant de ce constat accablant, le gouvernement a décidé de prolonger l’état d’urgence jusqu’en novembre en attendant qu’une loi soit votée (la première motion étant validée par l’Assemblée nationale). Dernièrement, les journaux titraient sur d’éventuels risques de sabotage sur le réseau ferré en France. Usines de produits chimiques ou de traitement des eaux, centrales nucléaires, etc., les lieux sensibles ou stratégiques sont des zones à protéger pour éviter tout risque d’intrusion voire d’incident de grande ampleur. « Il y avait auparavant une méconnaissance du marché liée, entre autres, à la peur des survols intempestifs de ces aéronefs au-dessus des centrales nucléaires notamment. Mais depuis un an et demi, le drone est reconnu pour son utilité. Il pourrait même devenir essentiel dans certains métiers, ces prochaines années », confie Jean Gagneraud, président d’Azur Drones qui a développé une solution clé en main, Drone’s Guard. En effet, le contexte sécuritaire actuel n’a fait qu’accentuer les dispositions prises par les sociétés pour assurer la sécurité de leur site. Surveillance vidéo ou encore barrières périmétriques, ces équipements représentent des méthodes classiques. Couplés à la présence humaine (agents de surveillance), ils sont des outils nécessaires, mais sont-ils efficaces ? Il est évident que le budget consacré à ce poste de dépenses est important. La surveillance classique peut atteindre ses limites. Or, l’utilisation des drones est une solution économe et économique pour pallier cette déficience en rapport coût et performance afin de mieux optimiser le dispositif de surveillance et réduire le nombre de caméras fixes.

Robotisation de la surveillance

Azur Drones a conçu une solution de vidéoprotection adaptée, et sur-mesure, aux besoins des clients, Drones’s guard. « Drone’s guard a été développé par d’anciens militaires, des spécialistes de l’image. Il propose trois types de drones, un à voilure fixe couvrant de grandes étendues, un drone captif filaire, doté d’une caméra puissante pour une surveillance à 100 mètres de hauteur du sol, jusqu’à 8h en continu et un microdrone pour la levée de doutes et la rapidité d’intervention », développe Jean Gagneraud d’Azur Drones. Se faufilant dans des endroits parfois inaccessibles, le drone offre une vision précise et une meilleure réactivité. « De manière générale, ils permettent de prendre très rapidement de la hauteur sans l’intervention très coûteuse d’un hélicoptère », souligne Christophe Sautarel, responsable de Yuneec en France. Et d’ajouter : « Sur notre drone H520, la caméra CGO-ET thermique et basse lumière est plus performante que l’œil humain. Elle permet notamment d’avoir une image thermique (détection d’un corps humain vivant ou inerte) et en basse lumière (nuit par exemple). »

Aide à la décision

L’acquisition de drones devient également une aide à la décision quant à l’évaluation des risques, la prévention et la coordination des moyens au sol. La société Scalian a, quant à elle, développé la solution « Long Eye » qui associe un véhicule d’intervention et un drone retenu par un ombilical. Celui-ci agit comme un « périscope » et permet de générer plus de données qualifiées qu’un système sol isolé. En fonction des images rapportées par le drone, les sociétés peuvent adapter leur réponse face à une situation, une intrusion et prendre l’ascendant sur l’ennemi.

Il y a quelques mois la société Novadem remportait le second marché d’équipement de micro-drones tactiques au profit de la gendarmerie nationale française. L’entreprise vient récemment de livrer une flotte de cinq systèmes drones à la police locale et aux services de secours de Bruxelles. La plus-value apportée par le dispositif est assurée par des passerelles qui garantissent aux images d’arriver directement au centre de supervision. « Nous concevons nos drones comme des outils permettant d’obtenir une meilleure compréhension de la situation, une meilleure capacité d’anticipation de la menace tout en limitant l’exposition aux risques. Bruxelles, capitale européenne est la première ville au monde à déployer ce type de solution », affirme Pascal Zunino, directeur de Novadem.

Face aux avantages incontestés du drone, subsistent quelques limites. Cet engin volant, malgré les progrès ces dernières années, ne vole pas en permanence ; ce qui constitue encore un handicap dans l’utilisation. Il reste soumis aux aléas climatiques et ne peut voler par tous les temps. La législation en la matière est très règlementée. Le télépilote doit détenir un certificat d’aptitude théorique (voire une licence de pilotage pour un drone volant hors de sa vue) délivré par la Direction générale de l’aviation civile. Enfin, l’utilisation des drones est très réglementée.

Viendra le temps où il n’y aura plus besoin de télépilote, le drone agira en totale autonomie comme un robot volant. « Mais pour l’heure, à court terme, le drone ne va pas remplacer l’oeil humain. Il modifie la façon d’intervenir sur un site. Il est devenu un outil indispensable pour rehausser le niveau de sécurité », conclut Jean Gagneraud d’Azur Drones.