Roumanie : nombreuses opportunités en matière de sécurité et Défense

La Roumanie manifeste un intérêt croissant pour la PSDC, en restant attachée à sa complémentarité avec l’OTAN. Avec 144 personnels mis à disposition, elle participe à l’ensemble des missions et opérations de l’UE (sauf EUBAM Rafah), avec des contributions significatives à EUFOR Althea, EULEX Kossovo, EUMM Géorgie et EUCAP Sahel Mali. 

La Roumanie considère l’OTAN, qu’elle a rejointe en 2004, comme la clé de voûte de sa politique de défense. Elle héberge, depuis 2015, le commandement de la division multinationale Sud-Est de l’Alliance et des éléments avancés de contrôle (NFIU) ainsi que, depuis 2016, une partie du « bouclier antimissile » sur sa base de Deveselu. Elle consacre 2% de son PIB à son budget de défense depuis 2017.

 

Plan d’acquisitions pour l’armée

Au titre de 2017, le Ministère de la Défense nationale s’est vu allouer 3,6 Mds EUR, soit 2 % du PIB (contre 1,28% en 2013) afin de répondre aux engagements que le pays assume en tant que membre de l’OTAN. 47% du budget sera assigné aux dotations telles que : corvettes multifonctions, frégates spéciales d’intervention, véhicules tout terrain blindés et non blindés, plateformes de transport, casques d’intervention, gilets de protection, etc.

Le plan d’acquisitions pour l’armée 2017-2026 a été validé au début du mois d’août par le Conseil suprême de la défense nationale (CSAT) convoqué par le Président Klaus Iohannis. Ce document fixe une planification pluriannuelle des programmes d’achats de moyens militaires en fonction des objectifs fixés en matière d’équipements et de modernisation de l’armée. Au mois de mai dernier le Parlement roumain avait donné son feu vert à l’initiation des procédures d’attribution de contrats correspondant à 8 projets majeurs d’acquisition, d’une valeur de plus de 100 millions d’euros chacun et visait notamment l’acquisition de corvettes multi-missions, d’unités mobiles de lancement de missiles anti-navire, de services de modernisation de véhicules de combat d’infanterie MLI 84 M, de véhicules blindés de transport de troupes 8×8 et 4×4, de systèmes C4I avec capacité d’intégration Istar, de systèmes de missiles sol-air à longue portée ASAM, de systèmes intégrés d’armes SHORAD et de systèmes de lancement multiple de missiles à longue portée.

Modernisation et développement capacitaire

Selon un communiqué de l’administration présidentielle, ces programmes d’acquisitions, dont les crédits pluriannuels s’élèvent à 9,8 milliards d’euros, visent à impliquer l’industrie nationale de défense qui doit se moderniser et développer des capacités de production adaptées.

A la fin du mois de juillet, M. Adrian Țuțuianu, ministre de la Défense, avait annoncé, dans le contexte du partenariat stratégique avec les Etats-Unis et des menaces pesant sur l’espace aérien de la Roumanie, que les autorités roumaines souhaitaient se doter de la configuration la plus moderne du système de défense antiaérienne Patriot (PAC 3 Plus), avec une durée d’utilisation de 30 ans. Bucarest achètera donc d’ici la fin de l’année un premier système américain de défense antimissiles Patriot, a indiqué mercredi le ministre roumain de la Défense, précisant le calendrier de ce contrat de près de quatre milliards de dollars annoncé cet été.

Au niveau OTAN, la participation au programme « Smart Defence » représente une opportunité pour l’industrie roumaine de la Défense de collaborer avec les grandes sociétés leader sur ce domaine d’activité. La Roumanie a confirmé l’application de ce concept via l’installation sur son territoire d’un bouclier antimissile à Deveselu (Sud-Ouest) et la création du Centre d’excellence d’Oradea (Nord-Ouest du pays) en 2010 pour la formation des forces spéciales. Le système de Deveselu s’inspire du système américain Aegis qui s’appuie sur un réseau de radars détectant le lancement d’un missile balistique. La Roumanie est impliquée sur 1/3 des projets « Smart Defence » (46 sur 148 projets au total).

La Roumanie souhaite se doter d’hélicoptères d’attaque Bell AH-1Z Viper. Pour ce faire, le ministre roumain de la Défense a signé une lettre d’intention visant l’achat de ce type d’hélicoptères d’attaque pour équiper l’armée roumaine. Selon un communiqué du gouvernement, le ministère de l’Economie négociera avec Bell Helicopters la création d’une entreprise mixte afin que les hélicoptères soient produits directement en Roumanie. L’achat d’hélicoptères de combat est l’une des exigences prévues par le plan d’acquisitions pour l’Armée 2017-2026 validé par le Conseil suprême de la défense nationale (CSAT).

Par ailleurs, le  ministre roumain de la Défense a annoncé qu’une entreprise mixte associant l’entreprise américaine General Dynamics Land Systems à l’usine mécanique de Bucarest serait créée d’ici la fin de l’année, visant notamment la production, en Roumanie, de véhicules militaires à compter de l’été 2018.

Pour ce qui est des transporteurs blindés, une Joint-venture de production roumano-allemande desservira les besoins de l’armée roumaine. Les usines d’Automecanica Moreni Sa UAM (département Dâmboviţa) et le fournisseur allemand de technologie militaire Rheinmetall, ont ainsi signé récemment l’acte constitutif de la société mixte Romanian Military Vehicule Systems.Cette nouvelle société va produire, vendre et assurer la maintenance du transporteur TBT 8×8. Ce futur véhicule est un transporteur de troupes, blindé et amphibie, à mobilité supérieure qui sera mis à la disposition de l’armée roumaine et d’autres clients intéressés. L’accord comporte un transfert de savoir-faire et du développement technologique en commun. La construction du transporteur blindé  était annoncée depuis 2011. Jusqu’à ce jour, le transporteur a réalisé une série de tests et est actuellement en phase de réalisation du prototype.

Coopération bilatérale

Le 31 juillet dernier, Madame Michèle Ramis, ambassadrice de France en Roumanie, a été reçue par le ministre roumain de la Défense. La coopération bilatérale, au sein de l’OTAN et de l’Union européenne, ainsi que le dialogue politique et militaire ont compté parmi les sujets abordés. Les deux parties ont souligné la nécessité d’intensifier la collaboration dans le domaine de la défense afin d’assurer une réponse cohérente et adaptée aux défis actuels à l’égard de la sécurité nord-atlantique. Le ministre roumain a mis en évidence l’importance de poursuivre les démarches pour mettre en œuvre toutes les mesures convenues au sommet de l’OTAN de Varsovie et a rappelé les progrès en matière de renforcement de la présence avancée de l’OTAN sur le territoire roumain et dans la région de la mer Noire. « La Roumanie soutient le renforcement du rôle de l’Union européenne en tant qu’acteur global de sécurité et reste fermement engagée dans les efforts visant à mettre en œuvre la Stratégie globale de sécurité et de défense de l’UE » a affirmé le ministre roumain.

Lors de sa visite à Bucarest, le 24 août dernier, le Président Emmanuel Macron et le Président roumain, Klaus Iohannis ont signé deux documents ouvrant la possibilité d’une coopération militaire bilatérale : une déclaration portant sur la collaboration entre Airbus Helicopters et l’entreprise IAR SA de Brașov, ainsi qu’un protocole d’entente sur la collaboration entre MBDA France et Romarm SA. Cet accord s’inscrit dans le cadre de l’accord stratégique entre la Roumanie et la France. Il permet à MBDA et Romarm, associé à sa filiale, de définir et de présenter aux Forces armées roumaines la meilleure proposition française, basée sur des missiles tactiques de dernière génération, pour répondre aux besoins opérationnels des Forces armées roumaines en matière de défense antiaérienne. Avec en parallèle, un volet industriel visant à développer l’industrie de défense roumaine « au travers d’une coopération industrielle, de coopération locale et de transfert de technologie ». Le tout « conformément aux exigences du conseil suprême pour la défense nationale roumaine, et en accord avec le dispositif européen de Coopération Structurée Permanente ».

Des opportunités sur le marché de la sécurité 

Parmi les champs d’opportunités identifiés figure deux axes majeurs : la protection des infrastructures d’importance vitale, des zones à régime restrictif et des réseaux de communications ainsi que la surveillance des espaces maritimes, terrestres et aériens.

En matière de protection des sites sensibles, les solutions de contrôle d’accès, alarmes, de périmétrage, les équipements de vision nocturne et de protection personnelle et industrielle, les caméras à infrarouges et les systèmes de vidéosurveillance et anti-intrusion font l’objet d’une attention particulière. La modernisation du système pénitentiaire est un projet important. Les pénitenciers, en Roumanie, connaissent une surpopulation notoire, assortie d’un déficit de personnel (2 900 personnes), d’infrastructures obsolètes, d’usure et de surexploitation des espaces existants. À terme, pour la période 2016-2023, il est prévu la création d’environ

11 000 places d’hébergement, et la modernisation de 1 700 places. La Roumanie arrive en tête du classement pour les condamnations de la CEDO en termes de conditions de détention.

La Roumanie compte quelque 1 300 sociétés de sécurité et gardes de sécurité – source police roumaine – (1627 selon l’Anaf, administration fiscale), employant environ 107 000 personnes.

La taille du marché représente plus de 700 M€. La croissance du secteur est tributaire du marché de l’immobilier, notamment des segments commercial et bâtiments de bureaux. Les acteurs internationaux présents sont Rosegur, G4S Secure Solution et Sheklter Security. Dans le domaine de la surveillance des espaces maritimes, terrestres et aériens, la coopération internationale innovante dans l’industrie est à l’ordre du jour. Parmi les Joint Ventures réalisées, celle d’Airbus et Team Net pour la production de drones fait figure d’exemple.

Bucarest assurera la présidence du Conseil de l’UE pour la première fois au 1er semestre 2019.