Le Pôle d’excellence cyber reçoit l’Europe de la sécurité numérique à Rennes

Depuis lundi, le Pôle d’excellence cyber* organise l’European Cyber Week à Rennes. Une nouvelle édition tournée vers l’avenir de l’excellence française en matière cyber.

Depuis 2010, le Bretagne est le cœur combattant de notre défense numérique. C’est en effet sous le mandat de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, que se structure la cyberdéfense dans notre pays, et la sécurité de la numérisation de notre société. Terre de défense et de télécom, de Brest à Rennes, de Lorient à Lannion, le « phare ouest » s’impose comme une évidence. Il faut dire que la Bretagne sécurise de longue date la navigation, sur internet également. C’est donc à la DGA-Maîtrise de I’information, à Bruz près de Rennes, que le ministère de la Défense (désormais ministère des Armées) installe ses capacités, ses ingénieurs, son expertise.

« L’accélération Le Drian »

Face à un environnement de plus en plus complexe, la France affirme son leadership. Capitalisant l’avance de la Défense, le monde civil est à son tour mobilisé. L’ANSSI d’abord, les OIV ensuite, puis l’Intérieur, le Justice, etc. L’ensemble de l’appareil d’État monte en puissance. Visionnaire pour son terroir, au service de son pays, Jean-Yves Le Drian est aux commandes. Le pack breton se rassemble pour se mêler à la bataille qui s’annonce, celle de la donnée et des réseaux. La numérisation de notre société confronte les dirigeants politiques à une réalité d’un genre nouveau, virtuelle mais pourtant bien réelle.

Cette prise de conscience est alors inscrite dans le marbre du Palais Bourbon. La loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit trois dispositifs. Elle acte tout d’abord le triplement de l’investissement dans le développement et l’acquisition de capacités de cyberdéfense (440 millions d’€). Elle fait passer ensuite les effectifs de la DGA-Maîtrise de I’information de 150 experts cyber en 2012 à 420 en 2016, puis 650 en 2019. Elle crée, enfin, le Pôle d’excellence cyber, installé au plus près de nos capacités, en Bretagne.

Vers une cyber valley européenne ?

Face à la menace qui émerge et qui s’étend, il nous faut des Hommes, des compétences, du renseignement et des protections. « Les menaces dans le cyberespace sont le fait d’une diversité inédite d’acteurs (cybercriminels, hacktivistes, Etats, groupes terroristes, etc.) entre lesquels les frontières sont poreuses », déclarait l’ancien ministre de la Défense en décembre 2016, lors de la présentation de la nouvelle doctrine cyber des armées.

La création du commandement cyber, directement rattaché au chef d’état-major des Armées répond à ce nouveau front. Cette « 4e armée », forte de 3 600 cybercombattants, pourra mener la riposte en cas d’attaque. Concentrant la majeure partie de nos forces, l’Ouest revient au centre et nos capacités de sécurité numérique se mettent en ordre de bataille. Cyberdéfense et cybersécurité sur le même bateau, avec pour cap la protection de notre souveraineté.

Les élus du territoire, président de région à l’avant-poste, s’organisent pour accueillir la déconcentration cyber de l’État. Le Conseil régional de Bretagne apporte alors son appui. Il mobilise ses écoles, ses pme, ses financements et s’engage dans le Pôle d’excellence Cyber. Pour Philippe Verdier, président du Pôle et directeur de la sécurité du Groupe La Poste, « La région Bretagne dispose depuis près d’un demi-siècle d’un tissu académique et industriel particulièrement dense et performant dans des domaines tels que l’informatique, l’électronique, les télécommunications, les mathématiques. Le Pôle est pour elle une opportunité de développement ». Dans les eaux troublées du web, face aux vagues d’attaque qui déferlent quasi quotidiennement, l’on prépare aussi l’avenir des Bretons.

Cet écosystème complet, constitué, mobilisé et disponible, devient ainsi le bras « formé » de la bataille cyber. Une coopération duale -État et région, publique et privée, militaire et civile- qui fait émerger des capacités de projection et de protection hybrides et agiles. À l’Ouest, rien de nouveau ? Et pourtant, le Pôle d’excellence cyber y construit l’avenir de la sécurité numérique.

Cette cyber vallée, voulue par l’État et accueillie par la Région Bretagne, doit désormais être identifiée par nos alliés européens. Elle doit être la vitrine d’une culture de la sécurité « by design » à infuser dans la société, attirer les talents, évangéliser les consciences. Missionnaires cyber de l’usage numérique, « arm strong » des internautes, vigie de l’appli.

Sensibiliser pour livrer la bataille de la donnée et garantir notre souveraineté

L’European Cyber Week apparaît alors comme le chargé de communication du Pôle d’excellence cyber. Faire connaître, donner à voir, promouvoir et sensibiliser à la cyber pour faire de la France, comme le rappelle Emmanuel Macron dans chacune de ses prises de paroles internationales, « une nation d’excellence ». « Mon ambition est que, en qualité, en capacité de déploiement, en réactivité, nos armées s’affirment, y compris dans la nouvelle dimension cyber, parmi les toutes premières au monde, la première en Europe, qui protège la France, mais aussi notre continent »**, rappelait-il encore devant les Ambassadeurs en août 2017.

La revue stratégique menée par Arnaud Danjean poursuit et prolonge l’ambition française portée par le président, les Armées et le Pôle d’excellence cyber. Adossée à une industrie de l’armement forte, elle tente de classer les quelques domaines de souveraineté absolue. La cyberdéfense-cybersécurité y tient, sans surprise, une place choisie.

L’European Cyber Week mobilise donc, sur toute la semaine, l’énergie et le savoir-faire de l’ensemble des acteurs du Pôle d’excellence sur ses 3 piliers fondamentaux : la formation, la recherche et l’industrie. « Cette année, le Pôle d’excellence cyber et ses partenaires se sont particulièrement engagés en faveur du recrutement et de la formation en cybersécurité. En ouvrant le challenge « Capture the flag » à plusieurs pays européens, nous avons à cœur de susciter des vocations et de permettre aux étudiants de vivre leur passion pour la cybersécurité. », déclare Philippe Leroy, coordinateur de l’édition 2017. « Cette semaine illustre parfaitement les 3 dimensions indissociables de la cyber et la dynamique du Pôle d’excellence cyber depuis sa création », ajoute Philippe Verdier.

Le recrutement et la formation, graal d’un écosystème en pleine structuration.

« My data is rich » dirait-on aujourd’hui. Où comment la donnée est devenu le « nouvel or noir »,  objet de toutes les attentions, de toutes les cyberattaques aussi. Mais la ressource humaine, qui a fait émerger des métiers jusqu’à lors inconnus, reste la véritable richesse de la transition numérique de notre société et de notre économie.

Ces nouveaux emplois, dits « de demain », sont ceux d’aujourd’hui. Ils apparaissent, sont peu délocalisables et à forte valeur ajoutée. Les Data Analyst, Data Owner, Data Scientist, Data Miner, Data Protection Officer, etc. pollinisent nos entreprises. Novlangue désormais fonctions des générations Y, puis X, dans le monde des big browsers. Encore faut-il les faire connaître « by design », elles-aussi. C’est aujourd’hui la cible affichée de cette 2e édition de l’European Cyber Week.

 

Les temps forts de l’European Cyber Week (https://european-cyber-week.eu)

– [27, 28 & 29 nov] Conférence C&ESAR « la protection des données face à la menace cyber ».

– [jeudi 30 nov] L’Etage 1, Rennes – Les Rendez-vous parlementaires de la sécurité numérique

– [vendredi 1er déc] IMT Atlantique Bretagne-Pays de la Loire, Cesson Sévigné « Cybersécurité de l’Internet des objets »

* Le Pôle d’excellence Cyber a été initié en 2014 par le ministère des armées (pacte défense cyber) et par le Conseil régional de Bretagne (pacte d’avenir) avec une portée nationale et un objectif de rayonnement international, le Pôle d’excellence cyber est centré autour des acteurs du ministère. Ceux-ci s’appuient sur le tissu académique et industriel régional mais aussi sur des partenaires nationaux ou d’autres territoires. Le Pôle d’excellence cyber répond à trois enjeux majeurs – formation, recherche et industrie – au profit de la communauté nationale de cyberdéfense et de cybersécurité

** Discours d’Emmanuel Macron, président de la République, devant les Ambassadeurs – 29 août 2017

Par Sébastien Garnault