Le sens du Made in France

Avis d’expert de Stéphane Bidault, Président de TEB

Nos PME pour innover, se développer et créer de la valeur et de l’emploi, ou simplement survivre, doivent se battre sur leurs marges. Or la concurrence internationale met souvent à mal les meilleures bonnes volontés et les plus résistants des chefs d’entreprise : la pression sur les marges est telle, que la réponse est très rapidement trouvée en cherchant des solutions en dehors de nos frontières.

Produits ou services, l’échelle macro agit dès lors en effet loupe de nos faiblesses : flexibilité, coût du travail, mobilité, financement, innovation, transfert technologique, aversion du risque, taille des PME, maillage industriel du territoire, image de marque de la France, …

1982 – 2017 : 35 ans se sont écoulés et … rien

Le Made in France pose très vite et clairement la question de l’industrialisation de la France, et de la politique industrielle du gouvernement. Depuis 1979, le déclin est devenu bien visible ; chaque diagnostic s’est accompagné de moult atermoiements et d’incantations politiques restées bien vaines.

En 1982, Louis Gallois, alors Directeur Général de l’Industrie exposait les grandes lignes de la politique industrielle telle qu’elle aurait pu être. Malheureusement, cet exposé pourrait intervenir quasiment dans les mêmes termes aujourd’hui. 1982-2017 : 35 ans se sont écoulés … et rien.

Le Made in France doit imposer une politique industrielle en osant pointer ses défauts récurrents : complexité et compétitivité. Timorées, limitées et isolées les réponses actuelles, souvent bonnes, restent cependant inefficaces. Alors qu’un vent frais, neuf et empli d’espoirs souffle depuis plusieurs semaines en France, il est temps de proposer une politique industrielle construite et cohérente. Pour servir le Made in France.

 

Le Made in France est un outil qui a du sens

Le Made in France doit avoir un sens économique en plus de marketing dans nos territoires mais aussi en dehors de nos frontières.

Le Made in France est un « produit », mais il n’est pas le monopole de tel ou tel autre ministère ; il est interministériel ! Économie, budget, numérique, écologie, affaires étrangères, recherche, etc. Le Made in France est un outil, mais qui va s’en saisir pour façonner cette action politique ?

Le Made in France a un sens écologique, responsable et porteur de valeur, encore faut-il que le maillage industriel des territoires puisse soutenir et proposer des réponses économiques. Autrement dit, que le label Made in France signifie et soit bel et bien la traduction de « Production » et non « Valeur ajoutée » en France.

Enfin, le Made in France, c’est aussi notre capacité à manager le développement des territoires à travers deux prismes pertinents, deux ferments indispensables pour transformer nos territoires en terres fertiles économiques. À savoir, la logistique qui concrétise l’efficacité des flux et « l’irrigation » en ressources (compétences et matières).

La technologie décale et repousse sans cesse les limites du possible. Ainsi, le digital notamment a ouvert un monde de possibilités, a gommé les frontières, a concentré l’espace et a raccourci le temps !

Identifier un prestataire ou un fournisseur n’a jamais été aussi facile en dehors des territoires ! La politique du made in France, c’est le rendre possible, maintenant !

Dans un Monde en mouvement, le made in France perd son sens dans l’immobilisme.

Monsieur le Président et MM. les Ministres, investissons en l’avenir !

 

Citations :

GALLOIS LOUIS, La Politique industrielle de la France. Revue d’économie industrielle, vol.23 1983.