La gendarmerie s’impose au coeur de la coopération de sécurité

Dans un contexte sécuritaire complexe, renforcer la coopération des acteurs du public et du privé, dans une démarche globale est essentiel. 

Alors que de nombreuses actions émergent dernièrement, la gendarmerie nationale a lancé, il y a déjà 4 ans, une formation concourant au renforcement du modèle français et européen de la coopération de sécurité, le MBA spécialisé « Management de la sécurité ».

Renforcer la proximité des acteurs

Dès 2014, la gendarmerie nationale a souhaité lancer ce MBAsp et en confier la mise en oeuvre à l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale. « Cette formation stratégique, unique car adossée à une force de sécurité étatique, permet de regrouper au sein d’une même promotion les acteurs institutionnels de la sécurité publique et des cadres dirigeants, des directeurs de sureté / sécurité du secteur privé. » explique le Général de division Isabelle Guion de Meritens, commandant l’EOGN et de poursuivre « Notre volonté est de construire une approche croisée en matière de sécurité et de sureté avec les acteurs du territoire. Grâce à différents partenariats et à la structuration même du MBA, la proximité est renforcée. Une proximité qui se conjugue avec la création de passerelles que nous mettons en place entre deux univers qui ne se connaissent pas suffisamment. Nous travaillons ainsi, ensemble, en amont, à la prévention de la délinquance. » ajoute le Général.

Pluralité et diversité pour plus d’efficacité

Issus d’horizons différents, les auditeurs poursuivent pour autant un objectif commun : parfaire leur approche de la sûreté, de la sécurité et de la gestion des risques, dans sa double dimension stratégique et opérationnelle. Les échanges sont dès lors favorisés entre acteurs publics et privés du monde de la sûreté et de la sécurité pour mieux appréhender les nouveaux risques pesant sur les organisations modernes. « La pluralité et la diversité font la richesse et la performance. » souligne le Général. L’une des ambitions de ce MBA qui s’inscrit dans le cadre de la formation complémentaire des officiers de gendarmerie, au-delà d’enrichir un réseau et des connaissances pour ceux qui figurent « parmi les meilleurs de la jeune génération », est d’élargir le regard des officiers de gendarmerie sur leurs préoccupations de sécurité pour gagner en efficacité et construire, avec les acteurs du privé des politiques de sécurité communes. « Cette mixité apporte plus qu’une acculturation au monde de l’entreprise. Elle nous apporte une connaissance fine des acteurs privés afin d’améliorer notre travail de coopération et de coproduction. » souligne le capitaine Nassima Djebli, auditeur du MBAsp et officier de gendarmerie au sein de la section connaissance et évaluation de la menace au coeur de la sous-direction de l’anticipation opérationnelle centre d’analyse et exploitation de la gendarmerie. « Le travail de renseignement effectué au quotidien dans le cadre de mes fonctions se trouve enrichi, plus affiné grâce aux acquis théoriques mais aussi grâce aux exercices pratiques et aux nombreux retours d’expériences partagés avec l’ensemble des auditeurs de la 4e promotion. C’est ainsi une véritable montée en compétence sur des domaines d’expertises stratégiques et nécessaires à un officier de gendarmerie. 

Cette formation qualifiante et valorisante apporte une réelle ouverture d’esprit et un approfondissement des concepts de politique de sécurité pour appréhender de futurs postes opérationnels. »

Au plus près des enjeux du 21e siècle

Pour répondre à ces objectifs ambitieux, l’EOGN s’est rapprochée de partenaires stratégiques parmi lesquels HEC Paris, Paris II Panthéon Assas mais aussi le CDSE ou encore l’Agora des directeurs de la sécurité.

Elle dispense dès lors un programme sans cesse renouvelé et enrichi intégrant l’étude de la géopolitique, de l’intelligence économique, de la stratégie et du management des risques.

La formation académique d’une durée de 224 heures compte 6 modules, environnement international de la sécurité, management des risques, défis sécuritaires contemporains où plusieurs questions fondamentales sont posées et abordées au travers de l’analyse approfondie des thématiques liées à la criminalité organisée, la délinquance économique et financière, les phénomènes criminels et terroristes, la sécurité économique et la cybercriminalité.

Elle contient également le module acteurs, enjeux et problématiques de la sécurité intérieure, techniques de management de la sécurité et enfin le module cyber-risques. Ce dernier est dispensé par le professeur David Naccache, par ailleurs titulaire de la Chaire droit et expertise judiciaire en informatique. « Ce module traite des fondements de la sécurité informatique. La chaire couvre les aspects de droit et l’interface entre le droit et l’informatique. Les enseignements sont centrés sur le droit de l’informatique, de l’internet et de l’expertise judiciaire. » explique le Professeur Naccache, par ailleurs en charge depuis 2015 du Groupe de recherche à l’interface entre le droit et la sécurité informatique de l’Ecole normale supérieure. « Au coeur de ce module au sein du MBA nous accompagnons les auditeurs vers une ouverture la plus large possible leur permettant d’acquérir de nouvelles compétences dans des domaines stratégiques et nouveaux pour eux. » ajoute le professeur et de poursuivre « Ce MBA peut être, également, une première étape pour aborder des études doctorales. Nous avons d’ores et déjà soutenu plusieurs officiers de gendarmerie (dont certains sont des anciens auditeurs du MBA) qui ont présenté un doctorat sur le botnet, les skimmer (un système matériel destiné à voler des données bancaires à partir de distributeurs de billets) ou encore la sécurité des systèmes d’information. Cette année encore, un officier de gendarmerie issu du MBA soutiendra sa thèse doctorale en juin. »

C’est notamment cette dimension cyber qui a séduit David Toulotte, auditeur du MBA et Responsable Sûreté AMAL – Data Protection Officer chez ArcelorMittal Atlantique-Lorraine. « Au-delà de cette première thématique qui a en effet retenu toute mon attention, ce MBAsp me permet d’enrichir les différents pans de mon activité professionnelle notamment dans mes fonctions de référent intelligence économique ou encore d’améliorer ma connaissance de l’institution et d’enrichir mon engagement en qualité de réserviste de la gendarmerie. L’approche transversale du public – privé et les retours d’expérience nombreux nous permettent une amélioration continue et un renforcement de la qualité dans nos actions au sein de notre direction de la sureté. Cette formation a notamment permis un benchmark très qualitatif avec les autres auditeurs. Au travers des différentes visites effectuées, j’ai par ailleurs identifié certains process qui m’ont amené à faire évoluer notre organisation dans le cadre de la protection de nos 8 sites distants depuis un poste de commandement opérationnel centralisé. » ajoute David Toulotte.

Autre volet complémentaire du MBA, la formation spécifique qui concentre sur 165 heures la gestion stratégique de la sécurité, les stratégies et politiques de sécurité, la confrontation aux situations sécuritaires complexes, la coopération de sécurité entre l’état et l’entreprise et enfin la sécurité dans l’entreprise qui se matérialise par des travaux sur la prise en compte des questions de sécurité, élaboration d’une politique de confidentialité et de protection de l’information, garantie de l’intégrité du patrimoine immatériel et engagement des actions de coopération avec des acteurs de la sécurité, y compris à l’étranger.

Vers une culture transversale

« Grâce à cette formation qui apporte une réponse cohérente et pertinente aux problématiques de sécurité et de sûreté qui impactent de plus en plus d’acteurs institutionnels et entreprises, nous espérons contribuer à la reconnaissance de la fonction du directeur sûreté sécurité comme fonction stratégique au sein de l’entreprise. La sécurité doit devenir une culture transversale dans l’entreprise. » conclut le Général Guion de Meritens.

L’EOGN poursuit le développement d’initiatives en faveur du renforcement de cette coopération public-privé avec notamment le MOOC Gestion de crise suivi par près de 12000 participants. Un autre module spécialisé à destination des élus, des collectivités territoriales, ou encore des jeunes générations « très en demande » pourrait accentuer les formations dispensées au sein de l’EOGN, et voir le jour, très prochainement.