L’innovation au coeur de la Défense terrestre

Cette année, Eurosatory, salon mondialement reconnu de la Défense et de la Sécurité terrestres et aéroterrestres, fait la part belle aux innovations. Le Hall 5A accueille pour la première fois l’Eurosatory Lab. Sur un espace de 900 m2, sont présentés près de 70 Start-up de 13 pays, sélectionnées pour la qualité de leur projet. 

Autre pilier de l’innovation au coeur de la Défense et de la sécurité, GENERATE, l’accélérateur d’innovation du GICAT lancé il y a tout juste un an.

Par Mélanie Bénard-crozat

 

L’Eurosatory Lab, nouvel espace dédié aux entreprises émergentes et innovantes ayant des applications dans la défense & la sécurité terrestres et aéroterrestres est lancé en partenariat avec l’accélérateur Starburst, premier accélérateur de start-up à portée mondiale, spécialisé dans l’Aéronautique, le Spatial et la Défense. « Nous avons souhaité lancer cette année l’Eursatory Lab afin de donner de la visibilité à toutes ces start-up novatrices. Nous avons souhaité leur ouvrir les portes d’un salon international dans un milieu qu’elles connaissent peu pour certaines. C’est aussi une occasion formidable pour tous nos exposants de découvrir ces nouveautés et de développer de nouveaux partenariats. » souligne Daphné Lepetit, directrice de la communication du COGES.

Ainsi, tout au long de la semaine, jusqu’à 70 start-up françaises et étrangères présentent leurs innovations et technologies aux délégations officielles et aux professionnels du secteur. L’espace se compose de 3 entités. « Un espace d’exposition regroupant plusieurs ilots thématiques regroupe les start-up des 13 pays : Allemagne, Belgique, Espagne, Etats-Unis, France, Irlande, Israël, Pays-bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Royaume-Uni, Singapour ; avec au coeur de cet espace une arena, accueillant des conférences quotidiennes autour de grandes problématiques de l’innovation : Contre-terrorisme, Financements dans la Défense, GAFA et renseignement… Deux fois par jour, des figures emblématiques de l’Industrie viennent ouvrir les séances de « pitch » où chaque start-up a l’opportunité de présenter son projet et sa technologie. Les start-up rencontrent alors les grands groupes et les sous-traitants présents sur le salon pour rechercher des nouvelles technologies, mais aussi des organismes de financement et de futurs investisseurs. » explique Daphné Lepetit. Un lieu vivant et bouillonnant à l’image de ces start up créatrices de valeur.

Thématiques consacrées 

• Surveillance & renseignement 

• Cybersécurité & IT 

• Soutien de l’Homme 

• Intervention & engagement de la force 

• Communications 

• Production, Matériaux, Maintenance & logistique 

• Briques technologiques

Parmi les startup à découvrir, Aquilae (France), qui met l’intelligence artificielle au service de la reconnaissance vidéo ; Geoide Crypto & Com (France) qui développe une technologie interopérable, innovante & sécurisée qui permet de localiser, communiquer, sécuriser et gérer des communications ; Detalytics (Singapour) analyse des paramètres physiologiques de l’homme ; Diodon (France) et son drone gonflable, Driveline (République Tchèque) qui offre une vision intelligente pour les systèmes robotique, ou encore InteSpring (Pays-Bas) qui présente un exosquelette de marche ultra léger. Enfin, l’Eurosatory Lab accueillera le NATO innovation hub qui réunit et coordonne une communauté d’experts internationaux et met à disposition de l’OTAN des solutions innovantes répondant aux priorités de l’organisation transatlantique.

 

GENERATE, l’accélérateur d’innovation du GICAT

En parallèle de l’Eurosatory Lab, le GICAT accueillera sur son stand 12 sociétés du label innovation GENERATE. 

Il y a un peu plus d’un an, en mars 2017, le Groupement (dont le COGES organisateur d’Eurosatory est une filiale à 100%) qui compte plus de 240 membres représentant grands groupes, ETI et PME, a souhaité lancer un programme d’accompagnement à destination des start-up. « Ce nouveau label “GENERATE” permet à près d’une vingtaine de start-up françaises de comprendre et d’intégrer le monde de la défense et de la sécurité. » explique François Mattens, directeur de communication et des relations publiques au GICAT, co-fondateur de GENERATE.

L’ambition première de ce label est de devenir un HUB d’échanges afin de promouvoir l’innovation au sein du secteur de la Défense et de la Sécurité. « Nous rapprochons ainsi des start-up et des industriels qui ne se connaissent pas. Nous offrons à ces start-up de nouvelles opportunités et leur assurons un accompagnement sur mesure leur permettant de se développer. » ajoute François Mattens. Au-delà de cette mise en relation avec les acteurs industriels et institutionnels de la défense et de la sécurité ou l’organisation de séminaires « expression de besoin », le GICAT a mis en place un système de parrainage des start-up par les adhérents du groupement. « Cette approche connait un très beau succès. Du rôle initial de grand frère nous voyons se développer des synergies très fortes avec des PME/ETI qui ont embarqué dernièrement leur filleul dans une réponse à un appel d’offres » explique François Mattens.

Après seulement une première année écoulée, le groupement est aujourd’hui lancé dans une démarche plus prospective en allant à la rencontre de start-up qui développent des briques technologiques très intéressantes hors du champ de la Défense et de la sécurité. « Cela permet de découvrir de véritables pépites, des idées et des innovations de grande valeur portées par des start-up qui ignorent parfois qu’elles sont à l’origine de technologies pouvant avoir une utilité dans le monde de la défense et de la sécurité. » souligne François Mattens.  

A ce jour, le programme GENERATE compte près d’une vingtaine de start-up proposant des solutions dans les domaines de l’intelligence artificielle, les drones, la cyber-sécurité, l’analyse cognitive ou encore la linguistique.

Parmi elles « les 12 premières ayant intégré le programme sont présentes sur le stand du GICAT pendant le salon d’Eurosatory. » rappelle François Mattens.

12 start up à découvrir sur Eurosatory – Stand GICAT

ALEPH-NETWORKS, CERBAIR, DIODON DRONE TECHNOLOGY, ELIKA TEAM, INTERNEST, JALGOS, LINKURIOUS, NUMALIS, OTHELLO, PHYSIP, STERBLUE, UNIRIS.

Aleph-Networks est née en février 2012 autour du développement de deux technologies innovantes : GrayMatter, une technologie de collecte et structuration de données, adressant les problématiques Big Data et SafetyGate, une technologie de réseaux distribués (p2p) permettant de répondre aux risques induits par la transmission d’informations sensibles.

Solution complète anti-drone, CerbAir permet de détecter, localiser et neutraliser les drones malveillants avant que ceux-ci ne commettent leur méfait. Issues de la recherche française, leurs technologies d’analyse radiofréquence et de reconnaissance d’image protègent contre tous les drones civils. Enfin, le système d’alerte et de levée de doute en temps réel permet de neutraliser le pouvoir de nuisance des intrus indésirables via le recours à diverses contremesures telles que le brouillage ou le lance-filet.

Numalis présente le premier correcteur automatique de calculs. Aujourd’hui, pour corriger les déviations numériques, les ingénieurs testent le plus grand nombre de manière possible d’écrire chaque formule pour trouver la meilleure et ensuite testent si celle-ci est suffisamment stable et précise… Mais il est parfois difficile de tout tester dans le temps imparti. « Le bug le plus parlant mettant en avant les conséquences dramatiques d’une seule ligne de code erronée est celui du missile Patriot en 1991, qui, le 25 février frappait les casernes de Dhahran, en Arabie saoudite, tuant 28 soldats du centre de commandement du 14e détachement de l’armée des États-Unis. Une recherche gouvernementale indiquait alors que l’interception manquée de Dharan avait été provoquée par une erreur de logiciel dans son système de coordination. ».

Bien qu’il ne s’agisse pas de refaire l’histoire, la solution Numalis, qui s’appuie sur les travaux de doctorat en matière d’amélioration automatique de la précision numérique appliquée à l’aéronautique datant de plus de 20 ans, « pourrait aujourd’hui détecter en amont cette erreur. » souligne le fondateur de la start up, Arnault Ioualalen et d’ajouter « Numalis valide les programmes et multiplie leur précision tout en améliorant leurs performances. Nous avons étendu les travaux servant de base à notre innovation et ces résultats à plusieurs domaines d’application et élargi la précision pour un champ d’application plus vaste. » Après un premier déploiement opérationnel et une accélération commerciale basée sur une success story, la start-up est engagée dans une levée de fonds de près d’un million d’euros d’ici à la fin de l’année, ce qui devrait lui permettre de se développer en Europe et en Amérique du Nord, et de se diversifier sur de nouveaux segments dans les deux prochaines années. La DGA du Ministère des Armées soutient cette diversification vers le domaine de l’Intelligence artificielle…

Icohup a développé un capteur de radioactivité 10 fois plus sensible que les compteurs Geiger ou radiamètres standards. « D’un côté vous avez les compteurs Geiger, peu performants. Et de l’autre, vous avez les spectromètres gamma dont le coût se chiffre en dizaine(s) de milliers d’euros. » souligne Louis Moreau, co-fondateur de Icohup et de poursuivre « nous avons donc lancé en 2016, une solution innovante alternative une solution innovante de la taille d’un smartphone, avec un très bon niveau de performance, un prix compétitif et une simplicité d’utilisation.» 

Outre le comptage et la dosimétrie, RIUM fournit également des informations spectrométriques. Connecté au smartphone, à un drone, à un véhicule blindé ou à un soldat, il transmet en temps réel ses données sur une plateforme dédiée (cartographie, alertes,…). « Ces données sont chiffrées et la plateforme peut être déployée dans un réseau local en opération extérieure par exemple » détaille Louis Moreau. 

Equipé de cet outil, un drone peut explorer une zone potentiellement contaminée, évitant ainsi  d’envoyer un soldat sur la zone. Les Sapeurs-Pompiers de Paris s’intéressent à cette technologie. La start-up qui ambitionne d’ici à 2020, un chiffre d’affaires de près de 2 millions d’euros, proposera fin 2018-début 2019, une nouvelle performance capable de détecter outre les rayonnements Gamma, les Alpha et les Bêta, ainsi que les Neutrons. D’ici à 3 ans, date signant la fin de la thèse de Louis Moreau sur le sujet, Icohup devrait présenter une offre de sécurisation des objets connectés.

Dibotics rend les capteurs Laser (LiDAR) intelligents. « A partir de nos algorithmes embarqués à basse consommation, nous pouvons localiser un véhicule de façon précise sans recours au GPS ainsi que reconstruire en 3D et en temps-réel, l’environnement autour de lui, que ce soit une voiture autonome ou un drone, par exemple. » explique Raul Bravo, fondateur de la start-up. Les algorithmes permettent également la compréhension sémantique du model 3D, dont la détection et le tracking d’objets ou encore la classification automatique de ces derniers. Depuis l’univers de la robotique et de la voiture automobile, la start-up s’est intéressée depuis 2 ans maintenant à l’univers de la Défense et de la sécurité pour lequel elle entrevoit des champs d’applications encore inexplorés « l’intérêt de la 3D avec la précision du laser va faire naître de nouveaux usages qui ne sont pour l’heure pas exprimés. Nous allons donc nous employer à lancer des démonstrateurs pour révéler tout le potentiel de notre innovation qui pourrait intéresser de nombreux industriels. »

Le marché des capteurs LiDAR est estimé entre 4 et 9 milliards de dollars d’ici à 5 ans. 

Lokly est une clé USB sécurisée permettant le transfert de données sensibles dans un contexte de mobilité impliquant de multiples supports. L’accès à son contenu nécessite la proximité et l’autorisation de son propriétaire via un smartphone. « Lokly est en fait un coffre-fort numérique appairé avec le smartphone de son propriétaire, lui-même porteur de l’application contrôlant les paramètres de votre clé. » explique Benoit Berthe, co-fondateur. Cette clé sécurisée permet de chiffrer toutes les données. Via une connexion Bluetooth sécurisée, Lokly est entièrement contrôlable depuis un smartphone déverrouillé, « dans un périmètre d’une dizaine de mètres ». En cas d’oubli de la clé, Lokly alerte l’utilisateur et se verrouille automatiquement. Lokly peut également permettre l’échange de fichiers de clé à clé sans PC tout en bloquant les attaques matérielles grâce à son port USB femelle à l’arrière « Lokly fonctionne ainsi comme un filtre et peut protéger votre poste informatique » ajoute Benoit Berthe qui entend produire d’ici à la fin de l’année 1 millier d’exemplaire. La connexion de Lokly avec l’application smartphone permet de bénéficier en permanence des dernières mises à jour et rend le produit évolutif. L’industrie tout comme le secteur de la Défense et de la sécurité s’intéressent de près à Lokly. La startup prévoit, d’ici 2019, un développement rapide en France et en Europe avant d’attaquer le marché international.

Othello propose une approche scientifique du comportement et des relations humaines. « Ingénieur centralien de formation, je me suis plus tard passionné pour les sciences comportementales et lancé dans un doctorat en psychologie sur l’évaluation de la crédibilité et la communication non verbale. Je me suis alors vite rendu compte que nous renoncions souvent, dans nos études, à bon nombre d’analyses des comportements tout simplement parce qu’elles étaient trop chronophages. Fort de mon double parcours, j’ai souhaité automatiser ces analyses en créant le logiciel Hexagone. Aujourd’hui, Hexagone est capable de mesurer, quantifier et analyser objectivement les réactions exprimées par tout un chacun à travers le visage, la voix, le corps ou encore les mots. » explique Camille Srour, fondateur d’Othello. Sur base des comportements mesurés par le logiciel, des modèles statistiques d’aide à la décision, adaptés à de nombreux cas d’usages, peuvent être construits : « dans le cadre du renseignement humain par exemple, notre technologie permet de distinguer mensonge et vérité à des taux supérieurs à 75%. C’est un logiciel qui pourrait également s’avérer très utile pour détecter des signes précurseurs de radicalisation dans les déclarations d’individus ou de groupes idéologiques. » ajoute Camille Srour. Cet outil qui permet, en traitant de très grandes quantités de données, un gain de temps important pour les opérateurs, pourrait également servir à détecter plus rapidement et automatiquement des comportements dangereux dans une foule : « la détection de mouvement, combinée à l’analyse de gestuelle, pourraient être utilisées lors du visionnage de bandes vidéos de caméra de surveillance, pour faire remonter une alerte sur un comportement à risques, vérifiée par un opérateur formé à ces techniques. Véritable outil d’aide à la décision, l’analyse comportementale que nous développons prend alors tout son sens dans un champ d’application sécuritaire. »

 

Le GICAT et Eurosatory entendent mettre en avant l’importance de l’innovation au sein de l’industrie de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres et ne vont pas s’arrêter là. 

La prochaine étape stratégique est orientée vers l’export. « Nous travaillons sur un accompagnement des start-up GENERATE à l’export. Certains pays nous ont déjà fait savoir leur intérêt pour cette démarche. Nous pourrions embarquer prochainement ces start-up sur des pavillons France ou monter un « learning expedition » avec des gouvernements ayant des besoins identifiés ou des industriels intéressés à l’international. » conclut François Mattens.